À quoi pensez-vous lorsqu’on vous parle du monde de l’industrie ou de l’usine ? Aux cheminées, aux fumées noires, aux bruits ? Au travail mal payé, répétitif et ennuyeux ? A des conditions de travail difficile ? Aux chaînes de montage comme dans le célèbre film « Les temps modernes » de Charlie Chaplin ? Voire aux fermetures d’usines et aux délocalisations ?
Tout cela appartient à un temps révolu, puisque nos industries sont de plus en plus informatisées, numériques, automatisées et robotisées. Depuis plus d’une décennie, tout est mis en œuvre pour que l’industrie française soit le nec plus ultra. Par conséquent, le rôle de l’Homme dans ce monde industrialisé se mute indéniablement en gestionnaire de systèmes informatiques et d’informations. Il faut donc donner aux plus jeunes l’envie de choisir ces métiers du numérique : réalité virtuelle, réalité augmentée, maintenance assistée, machines intelligentes, sécurité informatique… et montrer concrètement ce qu’est une industrie 4.0 en changeant les mentalités.
L’Industrie 4.0 ou l’Industrie du futur désigne l’entrée de l’industrie dans sa quatrième révolution, qui marie l’automatisation, l’internet des objets et l’IA. Il s’agit d’une industrie interconnectée dans laquelle usine, fournisseurs, clients, personnels, machines et produits interagissent. Il ne s’agit aucunement d’une opération marketing des équipementiers industriels, mais une réelle envie d’évoluer de tous les acteurs industriels français.
Vers l’excellence industrielle
L’industrie française du futur sous le label FrenchFab veut fédérer les industriels français pour être au premier rang de la compétition mondiale. Elle veut les regrouper sous le même pavillon pour mettre en valeur son excellence industrielle. La France étant à la pointe de la transition numérique et de la virtualisation se positionne déjà comme un des leaders mondiaux de la digitalisation et la FrenchFab sert à affermir la promotion de cette transformation. Elle va aussi permettre à notre industrie de redorer son blason auprès du public. La France est bien partie pour être un des terreaux fertiles de la relocalisation industrielle pour fabriquer des produits aujourd’hui délocalisés (textile, voiture, électroménager, etc..), et ainsi relancer l’emploi hautement qualifié.
Cette recherche de l’excellence industrielle et de la montée en compétences technologiques dans le domaine par exemple de la fabrication additive, de la robotique, de la cobotique (la robotique collaborative ou collaboration homme-robot) et des objets connectés et communicants permet de rendre plus rapides, plus propres, plus intelligents les systèmes de production ; cela permet de mieux s’adapter aux besoins spécifiques des clients et surtout de doper l’attractivité et la compétitivité de l’industrie française. Cette révolution correspond à une évolution vers de nouveaux métiers tels que le fab-manager, le data scientist ou le data analyst, le programmeur industriel, l’ingénieur cobot, l’ingénieur cloud computing… et des changements profonds dans les modes d’organisation du travail où le « travailler ensemble » et l’esprit start-up sont cruciaux.
Les clés de la transformation digitale
Le cabinet « Roland Berger » expose une vision de l’usine extraordinaire avec 5 axes principaux :
L’usine virtuelle va permettre d’industrialiser des produits ou des usines virtuellement de la conception à la distribution avant de basculer vers la production réelle.
L’automatisation des flux, via des équipements autonomes ou des cobots va accroître la flexibilité et réactivité de la chaîne de production, et de réduire voire de s’affranchir de stocks malgré une grande personnalisation des produits. Un tel système automatisé va permettre d’accomplir ou d’assister l’homme dans la réalisation de tâches pénibles, voire impossibles, à cause de la complexité des flux de production ou des caractéristiques des pièces produites.
Les « smart machines » n’ont plus besoin d’opérateurs pour fonctionner, s’autocorrigent elles-mêmes et peuvent fonctionner de façon autonome et interconnectées. L’homme qui les pilote passe du faire au faire faire.
Les systèmes de maintenance prédictive permettent de mieux optimiser les temps d’arrêt machine. L’impact sur le métier est l’abandonnant des inspections physiques, les ingénieurs devront intégrer des méthodes intelligentes de diagnostic et de résolution de problème.
Le « cyber système de production » permet de passer d’une logique « on fabrique pour stocker » à une logique « on fabrique sur commande ». Cela remet en cause les métiers de planification, de logistique, les pratiques de pilotage vont être transformées.
Faire rêver, donner envie en enrichissant l’offre de formation
Pour « changer le regard des jeunes, le regard des media, le regard des parents, le regard des professeurs, le regard du grand public sur ce qu’est l’industrie » (secrétaire d’État à l’Économie Agnès PANNIER-RUNACHER – 4 mars 2019), nous devons enrichir les compétences digitales et techniques de nos étudiants en dispensant des formations collant au mieux avec la demande et les besoins des industriels à venir. Pour ce faire, il nous faut développer l’attractivité de nos formations classiques, de l’alternance et de l’apprentissage. Il nous faut créer des talents, attirer des talents maîtrisant les techniques de pointe d’aujourd’hui et de demain. Il nous faut mettre en place des dispositifs de conduite aux changements à destination du top-management de nos entreprises afin de l’accompagner dans leur réflexion stratégique et opérationnelle. Tout cela se fera par la modernisation de notre business model formation.
Dans l’esprit de « pas d’industrie 4.0 sans synergie entre industriels et enseignement supérieur », l’option Industrie 4.0 et les projets d’innovation industrielle du cycle ingénieur de la majeure mécanique numérique et modélisation (MNM) de l’ESILV forment des ingénieur-e-s indispensables à la transformation digitale des industries françaises et internationales qui ont soif d’innovations technologiques.
En savoir plus sur l’auteur
Samir Yahiaoui, Responsable du Département Mécanique Numérique et Modélisation (MNM), ESILV – École Supérieure d’Ingénieurs Léonard de Vinci |