Philippe Gabilliet est professeur de leadership et de développement personnel à ESCP Europe (Paris). Dans son livre Eloge de la chance ou l’Art de prendre sa vie en main (Éditions Saint-Simon), il rappelle que la chance se cultive toute sa vie.
Que conseillez-vous aux étudiants pour bien commencer leur carrière ?
Il faut avoir le pied à l’étrier quelque part. Même si les premières missions sur lesquelles on tombe ne correspondent pas exactement à ce que l’on voudrait, il faut se mettre le plus rapidement possible dans une situation d’apprentissage. C’est le point clé. Il faut aussi se positionner soimême comme une opportunité potentielle et se poser les bonnes questions, à savoir : « Quel type de services puis-je rendre ? » « Dans quel contexte un profil comme le mien pourrait-il être utile ? ». Au lieu de chercher l’entreprise de ses rêves, il faut se demander : « quel rêve ai-je envie d’être pour une entreprise ? » Et inverser la donne. Bien sûr, avoir un réseau est essentiel, mais cela ne sert à rien si soi-même on n’est pas créateur et porteur d’une valeur ajoutée spécifique. La vraie question à se poser est : pourquoi estce intéressant pour quelqu’un de m’avoir dans son réseau ? Il faut se constituer soi-même comme un acteur intéressant au sein d’un réseau. C’est un travail de connaissance de soi certes, mais « pour » les autres. Mettre de l’énergie à se constituer comme un contributeur et être une ressource pour les autres est un bon moyen pour créer un réseau. Sinon, on fait partie d’un maillage de gens, mais il ne sera jamais activé à notre profit parce que l’on n’a rien à proposer. Il faut être entrepreneur de soi-même et considérer que l’on a un produit à vendre qui s’appelle le « Me Inc. », le Moi SA en quelque sorte. Si on ne le fait pas, on court le risque d’errer pendant un certain temps et de multiplier les expériences qui ne seront pas en lien les unes aux autres.
La chance est-elle un facteur qui se travaille d’autant mieux que l’on est jeune ?
La chance n’est pas liée à l’âge, au contraire. Confucius disait très justement : « Chaque homme a deux vies et la seconde commence le jour où l’on se rend compte que l’on n’en a qu’une. » Qu’importe la maturité, une personne qui est en permanence dans l’ouverture aux autres, dans l’empathie et qui cherche à être une chance pour les autres, va faire la rencontre géniale à un moment donné ou se sentir appelé par un univers porteur d’opportunités pour elle.
Comment savoir que l’on a fait le bon choix ?
J’ai l’habitude de dire qu’une bonne décision de vie, c’est une décision que l’on prend et que l’on fait tout, ensuite, pour la rendre bonne. La qualité d’une décision se constitue après qu’on l’ait prise et pas avant.
En quoi l’optimisme est-il une valeur clé pour mener à bien sa vie personnelle et professionnelle ?
L’optimisme de disposition (les gens qui voient naturellement le bon côté des choses) est un tempérament qui va surtout influencer la vie privée. Dans la vie professionnelle, on peut décider de choisir l’optimisme comme attitude. Luc Simonet, Président de la Ligue des optimistes en Belgique dit fort justement : « Les êtres humains sont libres de leurs pensées plus que le contraire ». Je peux donc décider que je vais orienter mes pensées du côté du verre à moitié plein. Le choix de l’optimisme n’est pas le champ le plus confortable, au contraire. Bien sûr, il y a des situations de la vie dans lesquelles l’optimisme est déconseillé : en cas de licenciement ou de maladies grave, lorsque le risque est maximal et la maîtrise faible. Dans ce cas, mieux vaut se préparer à la tempête et prendre ses précautions.
F.B