Yves Poilane, DG de Télécom ParisTech © Xavier Granet

2030, l’Odyssée de Télécom ParisTech

Yves Poilane, directeur général de Télécom ParisTech, imagine son école en 2030, installée à Saclay et plus que jamais à la pointe de la formation et des sciences et technologies numériques.

 

Prospective ou fiction ? « L’avenir ne se prévoit pas, il se prépare » nous dit le philosophe Maurice Blondel. Une école doit se projeter en tant que collectif humain. D’autant qu’elle survit à ses collaborateurs successifs. Ce qui compte c’est de construire l’avenir de l’institution. Notre monde est incertain, il connait des instabilités majeures – technologiques, géopolitiques, économiques… Nous assistons à une accélération dans tous les domaines. Il nous faut construire un avenir avec des hypothèses.

Savoirs : Télécom ParisTech a la chance d’être leader dans son domaine, et que le numérique soit un champ porteur. Le savoir est infini. Il n’y a pas de limite dans les sciences exactes, humaines ou naturelles. Télécom ParisTech sera toujours un lieu d’accumulation et de transmission des savoirs, un lieu de construction et de transfert de compétences.

Saclay, the place to be in 2030 : En 2030, l’Université Paris-Saclay est LE cluster français, avec une marque puissante et installée, connue mondialement. Elle pèse 15 % de la recherche publique. Elle compte des Prix Nobel et des Médailles Fields dans ses rangs. Le brassage des cultures et sciences produit de la créativité et de l’idéation. Des savoirs naissent de l’interdisciplinarité, à partir desquels des technologies se conçoivent. Les équipes innovent. Le lieu est attractif, concentre les moyens, les expertises et excellences académiques. L’écosystème capitalise sur l’interaction avec les entreprises. Nous n’attendrons pas que la magie opère. Il faudra se battre pour aller chercher les meilleurs étudiants, professeurs, entreprises ; que le campus prenne forme. Saclay nous rend tous meilleurs.

Pédagogie du futur : La relation interpersonnelle résiste au digital, elle ne se codifie pas. Les technologies de communication auront évolué en 2030, nous les utiliserons, même si elles simulent le présentiel, il restera nécessaire. L’acquisition de connaissances ne se fait pas uniquement par transfert. Elles se mobilisent aussi en action, via des projets, elles se stimulent via l’interaction avec d’autres étudiants de Saclay.

Formation tout au long de vie ! L’obsolescence des technologies est un fait et une opportunité à saisir pour Télécom ParisTech. Elle impose de réactualiser ses connaissances tout au long de la vie. Notre enjeu sera de capter ce marché mais aussi de proposer une offre à nos diplômés. C’est un marché vertueux car il y a un consentement à payer la formation continue (vs la formation initiale est un dû). Cela dit, je doute que nous dégagions des marges permettant de financer d’autres activités.

Ingénieur du numérique en 2030 : Le numérique n’est pas au bout de ses applications. Nos ingénieurs du numérique ont de beaux jours devant eux. En 2030, les entreprises auront besoin d’ingénieurs maîtrisant les sciences du numérique et sachant les conjuguer pour en faire des technologies génériques pour le monde réel. En 2030, notre ingénieur est un architecte de sciences, il sait travailler, concevoir et optimiser sous contrainte, il est adaptable et flexible. Une école est génératrice d’expériences qui entrent dans le patrimoine personnel du diplômé. Télécom ParisTech propose une aventure humaine pour fonder des compétences.

L’inconnue : Grâce au e-learning nous accumulons des données sur l’apprentissage, sur nos apprenants, qui n’existent pas dans le présentiel. Quelle est leur valeur ? A quoi peuvent-elles servir ? Nous le saurons sûrement en 2030 !