Innovation rapide, avancées technologiques, économie numérique… Les dirigeants sont aux premières lignes pour faire face aux profondes transformations que connait le paysage économique. Pour les accompagner, les grandes écoles de managements ont adapté les formations qui leur sont destinées, en y intégrant ces nouveaux enjeux.
« Nous sommes passés d’une organisation verticale de l’entreprise où le dirigeant était le sachant, à un fonctionnement beaucoup plus latéral où tout le monde connaît et diffuse l’information. Les nouvelles technologies ont grandement contribué à cette latéralisation des organisations, mais les dirigeants ont parfois du mal à trouver leur place» explique d’entrée Jacques Digout, professeur à Toulouse Business School, responsable du séminaire transformation digitale au sein du CPA (Centre de Perfectionnement aux Affaires). Parmi les 3 programmes pour dirigeants que propose TBS (MBA, CPA et « métier dirigeant » pour les patrons de PME), la dimension digitale occupe une place croissante depuis plusieurs années.
Le digital ? Des outils, mais aussi de la prospective
Pour les aider à identifier les enjeux et à manager des équipes de plus en plus disparates, mêlant Millenials et générations plus âgées, TBS accorde une attention particulière à équilibrer dans ses modules de « transformation digitale » d’un côté le volet opérationnel (outils numériques, big data, intelligence artificielle, process d’intégration…) et de l’autre le volet prospectif (transformation du business, réorientation de la stratégie, nouvelles sources de valeur…). « Nous multiplions les supports : cas pratiques, témoignages, tribunes d’experts, visites d’entreprises…afin qu’ils perçoivent de quelle façon des évolutions qui ne sont vues que comme technologiques au départ peuvent impacter toute l’organisation et l’orientation de leur business » insiste Jacques Digout. Au sein des groupes constitués, les échanges latéraux entre participants sont eux-mêmes souvent très riches, mélangeant des profils de patrons « digital novices » à des dirigeants déjà aguerris aux logiciels d’ERP et de CRM, utilisant déjà par exemple des algorithmes intelligents pour accompagner leurs commerciaux.
De nouveaux modules apparaissent
Sans surprise, TBS n’est pas la seule école de management à avoir fait évoluer ses programmes dirigeants pour les adapter à la révolution 4.0. A l’INSEAD, Peter Zemsky, professeur de stratégie et d’innovation titulaire de la chaire Eli Lilly, vice-doyen et doyen de l’innovation, estime qu’il y aujourd’hui un réel besoin d’enseignements spécifiques pour prendre en compte l’évolution de l’environnement des entreprises, comme par exemple des modules consacrés aux Fintechs ou au Digital Marketing. « Mais plus globalement, l’économie digitale 4.0 doit être intégrée dans la plupart des cours, afin d’appréhender la façon dont elle impacte les principes fondamentaux des affaires, que ce soit la stratégie, le marketing ou les changements organisationnels. Les dirigeants étant confrontés aujourd’hui à un niveau d’incertitude sans précédent, nous devons leur apporter non seulement la maîtrise des outils mais aussi la capacité à gérer cette incertitude ». Et d’ajouter : « Accompagner les managers dans la transformation de leur business a toujours été au cœur de la vocation des écoles de management. De la même façon que les entreprises ont à transformer chaque sphère de leur activité et de leur organisation, nous devons mettre à jour en temps réel les programmes et les cas d’études utilisés en classe pour les adapter à l’ère du 4.0 ». Toujours en veille et à l’écoute des innovations en cours, ces formations sont donc appelées à évoluer au même rythme que l’avancée des technologies. « Depuis 2 ans, nous avons ajouté un module cyber-sécurité, compte tenu des nouvelles formes prises par ce que l’on appelait avant l’intelligence économique. Désormais, la masse de données sensibles contenues, entre autres, dans les objets connectés au sein des entreprises impose une prise de conscience et une vigilance accrue des dirigeants pour se prémunir contre les cyber-attaques » précise Jacques Digout pour TBS. Des formations aussi évolutives que leur époque donc…