Alors que le transport aérien était confronté à la plus grande crise de son histoire, le groupe Air France-KLM, agile en dépit de sa taille, a accéléré sa transformation en vue de la reprise. Sans rien lâcher de ses ambitions de leadership en matière de durabilité. Rencontre avec Steven Zaat (VU Amsterdam 00, INSEAD 05) son Directeur général adjoint en charge des finances.
Etre un grand groupe et néanmoins agile : une réalité pour Air France-KLM ?
Nous faisons tout pour ! Dès le début de la crise, nous avons amplifié et accéléré la transformation déjà engagée pour rendre le Groupe plus compétitif. Entre 2019 et 2020, nous avons accéléré d’avantage notre objectif de réduction des fonctions support, passant de moins 20 à moins 30 %. Enfin, nous avons restructuré le réseau domestique qui perdait de l’argent, dans un contexte de forte réduction de l’activité liée au contexte Covid.
Les réflexes et priorités d’un Directeur Financier quand une telle tempête s’annonce ?
La priorité n°1 ce sont les liquidités : avoir suffisamment de cash pour pouvoir « rester en vie ». C’est chose faite, grâce notamment au soutien exceptionnel des Etats français et néerlandais. La seconde, c’est la rentabilité de l’entreprise, pour qu’elle soit prête au moment de la reprise. D’où les transformations profondes en cours. Nous en sommes rendus à la troisième : rétablir nos fonds propres, recapitaliser pour pouvoir investir afin d’améliorer notre performance tant économique qu’environnementale.
Justement, l’avenir sera durable ou ne sera pas et Air-France KLM nourrit de ce côté des projets forts !
Le groupe souhaite en effet prendre le leadership européen en matière de durabilité et réduire de 30 % ses émissions de CO2 par passager-kilomètre d’ici à 2030, comparé à 2019. Pour y arriver, nous investissons notamment dans des appareils plus modernes comme les Airbus A350, A220 ou A320neo, et nous incorporons du Carburant d’Aviation Durable ou « SAF ». Les deux freins à utilisation de ce carburant plus vertueux sont la disponibilité et le prix, la production n’étant pas encore au stade industriel. Comme pour la voiture électrique, développer de nouvelles technologies demande du temps.
Quels autres engagements forts font que l’on est fier de travailler dans un tel groupe ?
Il est vrai qu’il y a une véritable fierté pour nos salariés de travailler pour le Groupe et ses compagnies ! Si les raisons sont nombreuses, j’évoquerais notre politique de diversité. Air France-KLM est une entreprise ouverte sur le monde qui se veut aussi diverse que lui. Nous embauchons donc des profils très différents et côté mixité, alors que l’univers aéronautique est traditionnellement très masculin, trois des CEO du groupe (soit la majorité), sont des femmes.
On entre, dit-on, dans un grand groupe pour sa renommée. Et l’on y reste pour son humanité. Est-ce votre cas, après 15 ans ?
Absolument. Quand on passe huit à dix heures par jour dans un endroit, il faut s’y sentir bien. Que la dimension humaine soit prioritaire. Et elle l’est chez Air France-KLM, où l’on a conscience que l’atout n°1, ce sont les équipes. Raison pour laquelle les décisions clés reposent sur des accords collectifs.
L’ambiance dans le groupe en trois qualificatifs ?
Coopérative, indispensable quand on mène trois business de front (transport de passagers, cargo et maintenance), multiculturelle et enfin humaine : ici, la dimension humaine de l’entreprise compte autant que le profit.
Comment percevez-vous aujourd’hui votre Financial Executive Program de l’INSEAD ?
Je suis vraiment content d’avoir pris le temps de m’y consacrer. Les échanges avec les autres candidats sont très enrichissants et l’enseignement très pratique au final. Mais surtout, la pédagogie des enseignants nous fait pénétrer dans une dimension tellement plus fine et subtile de la compréhension des mécanismes financiers que cela devient un vrai booster pour la suite !
Chiffres clés
- 71 000 collaborateurs
- CA : 27, 2 milliards en 2019
Contact : steven.zaat@airfranceklm.com