Le nombre de contrats d’apprentissage a triplé entre 2012 et 2022. Les chiffres de France Travail sont sans appel : l’alternance est devenue un must have de la formation ! Mais quelle vision les Français ont-ils vraiment de l’alternance en 2024 et la considèrent-ils comme un bon choix ? C’est la question à laquelle répond la 2e édition du Baromètre annuel Les Français et l’alternance élaboré par Angie/Opinion Data Intelligence menée pour le groupe IGENSIA, publiée le 1er octobre dernier.
« L’alternance est une voie valorisante et inclusive qui permet d’acquérir une expérience professionnelle concrète tout en poursuivant une formation académique de haut niveau » est convaincu Nizarr Bourchada DGA en charge des partenariats entreprise, de l’alternance et de l’insertion du Groupe IGENSIA. Si l’alternance pouvait autrefois être mal ou peu considérée par les Français – qui l’assimilaient à une voie réservée aux niveaux de qualification intermédiaires – elle s’impose aujourd’hui comme une passerelle privilégiée pour les études longues. La DARES indique en effet que près de 70 % des apprentis poursuivent leur cursus au-delà du bac, 30 % d’entre eux visant même un diplôme à niveau bac+5. Une tendance confirmée par la 2e édition du Baromètre : 37 % des alternants préparent un bac+2, 33 % un bac+3 ou un bac+4 et 30 % un bac+5.
8 Français sur 10 connaissent le système de l’alternance
Un succès qui entraine de facto avec lui une meilleure connaissance des rouages de l’alternance. 8 Français sur 10 sont familiers avec le système de l’alternance en 2024 : 47 % en connaissent les grands principes et 35 % connaissent même ses différents systèmes et modalités. Parallèlement, 83 % des parents d’enfants scolarisés ont déjà envisagé un parcours en alternance : 45 % l’envisagent comme une option possible et 38 % comme une option sérieuse. Un contexte à même « de renforcer encore le développement de l’alternance, les parents étant, avec les professeurs, les principaux prescripteurs dans la formation de nos jeunes » ajoute le DGA du Groupe IGENSIA.
Quelles qualités les Français reconnaissent-ils à l’alternance en 2024 ?
Au-delà des parents, c’est donc le regard de l’ensemble des Français sur l’alternance qui est en train de changer. Dans ce Baromètre, ces derniers lui attribuent d’ailleurs de nombreuses qualités, en tête desquelles, la possibilité d’allier théorie et pratique et d’acquérir une expérience professionnelle concrète (94 %). Ils citent ensuite l’opportunité de commencer à gagner sa vie, suivre une formation de qualité et se construire un CV attractif (93 %). Autres valeurs ajoutées reconnues par les Français à l’alternance en 2024 : elle permet de bénéficier d’un encadrement personnalisé, de trouver un travail plus facilement, d’entrer dans une entreprise renommée, d’être à la hauteur des attentes de ses parents, d’accéder à des études supérieures et de gagner un bon salaire par la suite.
L’alternance permet-elle vraiment de gagner un meilleur salaire ?
Ce dernier point est d’ailleurs fortement perçu et apprécié par les alternants eux-mêmes. Ils sont en effet 83 % à considérer que l’alternance leur permettra de gagner un bon salaire une fois diplômé (+ 3 points par rapport à 2023 vs 76 % pour l’ensemble des Français). Ont-ils raison ? Concernant les alternants qui suivent leur formation dans le cadre d’une grande école, elle leur permet en tout cas de prétendre à un salaire moyen équivalent à celui de leurs camarades en formation initiale classique. L’enquête Insertion 2024 de la Conférence des Grandes Ecoles (CGE) chiffre en effet le salaire moyen hors prime des diplômés par l’alternance à 38 419 euros (en hausse par rapport à 2023 où il s’élevait à 37 763 euros). Un montant dans la fourchette du salaire moyen de l’ensemble des diplômés des grandes écoles (39 010 euros), qu’ils soient issus d’une école d’ingénieurs (38 520 euros) ou d’une école de management (40 241 euros).
Une opportunité d’aller beaucoup plus loin dans ses études
Des chiffres qui mettent en avant « la portée sociale indéniable de l’alternance. Grâce à elle des jeunes issus de tous horizons peuvent poursuivre des études de qualité et atteindre un niveau de diplôme (et donc de salaire et de responsabilités) qu’ils pensaient inaccessible. L’alternance s’illustre comme un outil de taille dans la démocratisation du bac +5, c’est un vrai modèle d’égalité des chances » estime Nizarr Bourchada. Un avis corroboré par le dernier rapport du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche publié en septembre 2024. Celui-ci indique en effet que « dans les formations d’ingénieur et les écoles de commerce, les apprentis sont en moyenne d’origine sociale moins favorisée que les étudiants scolaires. »
L’alternance : un facteur d’émancipation personnelle
L’alternance s’illustre aussi comme un véritable vecteur d’épanouissement personnel. 82 % des alternants estiment en effet s’être sentis valorisés grâce à l’alternance, une formation qui a même permis à 80 % d’entre eux de trouver leur voie. 60 % des alternants interrogés affirment ainsi qu’ils n’auraient pas poursuivi leurs études sans l’alternance et 53 % qu’elle les a sauvés de l’échec scolaire. Une grande majorité y voit aussi une façon de porter un regard différent sur le monde de demain. Le Baromètre indique ainsi que 67 % des alternants (vs 57 % des Français) se reconnaissent dans la phrase « je connais les nouvelles tendances technologiques et je me sens capable de m’adapter à leurs évolutions rapides : IA, métavers, réalité virtuelle etc. »
Employabilité record pour les diplômés en alternance en 2024
Des atouts qui contribuent sans aucun doute à l’employabilité record des alternants. 91 % d’entre eux estiment d’ailleurs que leur formation leur permet d’acquérir une expérience professionnelle concrète (soit 14 points de plus que la moyenne des étudiants interrogés par le Baromètre IGENSIA). Autre gage d’employabilité révélé par le Baromètre : 84 % des alternants interrogés déclarent que sans l’alternance ils se sentiraient moins préparés à entrer sur le marché du travail. Pour preuve, 54 % ont trouvé un emploi dans l’année qui a suivi la fin de leur alternance, dont 22 % dans l’entreprise qui les a accueillis. Détail non négligeable enfin, l’alternance s’impose comme un chemin privilégié vers le CDI. Selon l’enquête Insertion de la CGE en effet, 86.6 % des apprentis sont engagés en CDI (vs 84.2 % pour la moyenne des étudiants).
Que pensent les entreprises de l’alternance en 2024 ?
Aujourd’hui, près de deux tiers des actifs travaillent dans des entreprises qui recourent à des alternants. 47 % d’entre eux encadrent ou participent indirectement à l’encadrement des alternants. Il faut dire que les entreprises voient aussi en l’alternance une formation dotée de nombreux atouts : former un jeune à un métier sur mesure pour leurs activités (55%), renforcer les équipes en place dans des périodes à plus forte charge de travail (37 %), apporter un regard neuf et de nouvelles idées dans l’entreprise (29 %) et, dans une vision plus systémique, participer à l’insertion professionnelle des jeunes (54 %).