Groupe d'étudiants admissibles à Audencia en 2012
Groupe d'étudiants admissibles à Audencia en 2012

Apprendre à vivre ensemble pour lutter contre le racisme et l’antisémitisme

Mettre ce qui nous rassemble en exergue, défendre une forme d’universalisme, admettre que la confrontation avec l’autre et sa différence est source d’inspiration, de richesse et donc de progrès, apprendre à mieux vivre ensemble, sont au coeur des enjeux de diversité, égalité et non discrimination. C’est sur ces principes que se fonde la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la xénophobie.

 

Groupe d'étudiants admissibles à Audencia en 2012
Groupe d'étudiants admissibles à Audencia en 2012

La Délégation interministérielle à la lutte contre le racisme et l’antisémitisme, la DILCRA, est chargée de la mise en oeuvre du plan d’actions décidé par le gouvernement lors du comité interministériel le 26 février 2013. La fiche intitulée « Sensibilisation des futurs cadres de la Nation et des acteurs socio-économiques » concerne l’enseignement supérieur et la recherche et fait l’objet d’un portage commun entre la DILCRA et le MESR. Christian Margaria, conseiller spécial formation et enseignement supérieur au sein de la DILCRA, nous explique les enjeux de cette sensibilisation et ce qu’il attend de la vingtaine d’établissements pilotes qui expérimentent ces actions.

 

« Il faut sensibiliser
les étudiants car ce
sont eux qui vont faire la société de demain.»
Christian Margaria
de la DILCRA

Avons-nous tous des préjugés ?
L’homme a survécu, entre autre, parce qu’il était capable de réduire la complexité de son environnement à l’aide de catégories. Sachant que le tigre à dents de sabre de la forêt d’à côté était dangereux, par catégorisation il en a déduit que tout tigre à dents de sabre est potentiellement dangereux. Mais la catégorisation peut aussi être source de stéréotypes et de préjugés. Nous en sommes tous porteurs. Il faut être capable de les connaître pour en être le plus indépendant possible et que cela n’affecte pas nos décisions. Le plan gouvernemental insiste donc sur l’importance de la sensibilisation, l’éducation et la formation à la façon dont se construisent les stéréotypes et les préjugés.

 

Pourquoi agir auprès des jeunes ?
D’abord parce que l’égalité et la non discrimination font partie des valeurs laïques, des valeurs de la République. Il faut donc enseigner ces valeurs dans nos établissements en couplant cela à des occasions concrètes de découvrir l’intérêt de la différence et du « vivreensemble ». Dans l’enseignement supérieur, nous avons la chance de former des jeunes à un moment clé, celui où ils vont prendre des décisions et faire des apprentissages vies. Il est d’autant plus important de les sensibiliser à la non discrimination qu’ils sont appelés à être en position de responsabilité en tant que futurs cadres de la Nation. Ce sont eux qui vont faire la société de demain. J’ai donc recherché des établissements, déjà engagés sur ces thèmes, et prêts à une expérimentation et au partage de leurs réflexions, réussites et échecs au sein d’un groupe de travail.

 

Quel type d’actions mettent en place les établissements pilotes ?
Le coeur leurs actions est l’organisation de conférences ou séquences pédagogiques de « mieux vivre-ensemble », et de projets de groupe sur la thématique du racisme et de l’antisémitisme, donnant lieu à la rédaction d’un mémoire comptant pour la délivrance du diplôme. Au-delà, il est essentiel que chacun d’eux puisse proposer de nouvelles actions et travailler en collaboration avec les étudiants, les enseignants-chercheurs, les personnels de soutien ; pour ouvrir des pistes permettant de favoriser le « vivre-ensemble ». L’objectif est de mutualiser et échanger au sein du groupe de travail afin de définir des actions qui seront ensuite déployées dans l’ensemble de l’enseignement supérieur.

 

Les établissements engagés dans l’expérimentation
Audencia
CNAM
Centrale Lyon
Centrale Nantes
Ecole d’ingénieurs du Littoral Côte d’Opale
EMLYON Business School
EM Strasbourg
Ponts ParisTech
Grenoble Ecole de Management
Groupe ESC Troyes
ICAM Toulouse
Université de Lorraine
ICN Business School
ParisTech
Université Paris-Dauphine
Université Paris-Sud
Université de Technologie de Compiègne
D’autres ont vocation à intégrer ce groupe.

 

Trois établissements pilotes nous ont présenté leurs motivations et actions pour sensibiliser leurs étudiants à la lutte contre le racisme et l’antisémitisme.
Audencia – Centrale Nantes : Mutualiser les idées pour progresser Frank Vidal, directeur d’Audencia
Audencia est engagée dans une stratégie d’établissement et pédagogique RSE, il était donc naturel de rejoindre cette expérimentation ?
Il était évident de participer car la diversité est incluse dans la démarche RSE. Nous le faisons dans le cadre de notre alliance avec l’Ecole Centrale Nantes, car la diversité, la richesse de la confrontation des points de vue, l’hybridation des compétences, fondent nos actions communes. Cette expérimentation est un levier pour déployer de nouveaux projets communs. En outre, Audencia est le seul établissement qui possède tous les labels en matière de RSE. Nous avons lancé en avril un MOOC sur la RSE. Il y a donc de la pertinence à échanger et partager notre expérience au sein du groupe de travail.
Vous êtes ambassadeur de la Charte de la diversité, en quoi consiste ce rôle ?
Audencia est bien sûr signataire de la Charte. La diversité à l’école prépare à la diversité dans le monde du travail. J’ai donc été identifié comme promoteur de ce thème et on m’a demandé d’en être l’ambassadeur dans ma région. Mon rôle est de témoigner des valeurs et de l’utilité de la Charte auprès des institutions et entreprises ; d’expliquer comment s’adapter pour intégrer toutes les formes de diversité.
Comment sensibilisez-vous vos étudiants ?
Nous avons réalisé des progrès incontestables, mais force est de constater que dans une période de raidissement il y a des tensions. Il faut expliquer, argumenter, encore et encore pour progresser dans la durée. Tous nos étudiants sont sensibilisés. Leurs associations sont déploient aussi des actions, notamment celles qui accueillent nos étudiants internationaux et valorisent les cultures. Envoyer nos étudiants seuls à l’autre bout du monde pour un échange, c’est aussi une formidable leçon de diversité !

 

EILCO : Préparer les ingénieurs à leur place dans la société et les entreprises Mohammed Benjelloun, directeur de l’Ecole d’ingénieurs du Littoral Côte d’Opale
Pourquoi avez-vous souhaité engager l’EILCO ?

L’EILCO a été formée en 2010 de la réunion d’une école privée et d’une école interne à l’université. Ce thème qui me tient à coeur est un levier de cohésion interne et est essentiel dans la formation d’élèves-ingénieurs. Je suis très heureux que M. Margaria ait pensé à nous et nous accompagne sur ce projet.
Avez-vous des enjeux spécifiques dans votre établissement ?
L’EILCO a 52 % de boursiers et de nombreux étudiants internationaux. L’ambiance est multiculturelle et promeut le respect mutuel et la tolérance. Impliquer les équipes et les étudiants dans cette expérimentation est une belle occasion de fonder notre culture commune.
Quels sont vos projets ?
Notre objectif est de sensibiliser nos futurs ingénieurs aux problématiques de lutte contre le racisme, l’antisémitisme et de xénophobie afin qu’ils les prennent demain en considération dans l’entreprise. L’objectif de « mieux vivre-ensemble » se réalise au sein du projet solidaire des élèves de 1ère année. En consacrant 50 heures à un but humanitaire, ils mettent au service de l’autre leurs compétences et connaissances relevant de l’art de l’ingénieur. Les élèves sont encadrés et le projet est évalué. Nous souhaitons aussi Mohammed Benjelloun avec les étudiants du BDH lors du forum de la solidarité. faire venir des associations de lutte contre racisme lors du forum de la solidarité organisé par nos élèves. Nous prévoyons des actions de découverte des cultures avec les associations étudiantes. Nous avons mis en place des cycles de conférences de sensibilisation. D’une part aux dangers d’internet, aux droits et devoirs liés à son usage. Par ailleurs, sur la connaissance de l’histoire, des religions, de la géopolitique, pour une meilleure compréhension de l’actualité politico-sociale.

 

Université de Lorraine : Des actions pédagogiques et de recherche Pascal Tisserant, enseignant-chercheur
Comment l’université s’est-elle impliquée dans cette expérimentation ?
Des enseignants-chercheurs menaient des travaux sur la diversité depuis des années. J’ai moi-même été auditionné deux fois par le Sénat sur mon rapport sur les stéréotypes dans les manuels scolaires.
http://medias.formiris.org/atoutdoc_ rapports_331_1.pdf
La DILCRA a découvert nos travaux et nous a proposé de rejoindre l’expérimentation. De plus, il y a une volonté politique au niveau de notre université de se saisir plus largement de ces questions.
Qu’est-ce qui est déjà en place au plan pédagogique et de la recherche ?
Avec Stéphane Leymarie, nous avons créé un diplôme universitaire en formation continue en Gestion de l’égalité, de la non-discrimination et de la diversité. Nous en sommes à la 5e promotion.
http://www.formation-gendd.com/
Nous alimentons en ressources pédagogiques l’UOH (Université ouverte des humanités).
http://www.uoh.fr/front/notice?id=8f5dd757-e6b8-4eb4-bf65-282fa093d3af
Nous avons commencé un recensement de tout ce qui se fait dans nos UFR afin de promouvoir ces recherches et la réalisation de mémoires par les étudiants en licence.
Quels sont les développements envisagés ?
L’université de Lorraine accueille des jeunes de tous milieux. Elle est un terrain d’application de nos théories et enseignements pour impulser des choses intéressantes en matière de sensibilisation à la lutte contre le racisme et l’antisémitisme et le « vivre-ensemble ». L’objectif est de développer notre pédagogie et nos supports au bénéfice des étudiants de toutes les filières, par exemple via un module transversal. De plus, les enseignants en droit, en sociologie, ou comme moi en psychologie, peuvent aborder ces thèmes en cours. Je parle ainsi de diversité dans un cursus d’ingénieur franco-allemand. Concernant le « mieux vivre-ensemble », nous souhaitons recenser les bonnes pratiques des personnels, les points faibles, afin de mettre en place une formation pour des référents discrimination.

 

Débat-Réflexions « Sport, diversité et vivre-ensemble » le 24 mai au stade Charléty
Le Challenge du « Monde des Grandes Ecoles et Universités » du 24 mai 2014 au stade Charléty à Paris, sera le cadre privilégié d’un échange autour du thème « Sport, diversité et vivre-ensemble ». Animé par Christian Margaria, le débat-réflexions aura pour intervenants plusieurs responsables académiques : Frank Debouck, directeur de l’Ecole Centrale Lyon, Olivier Oger directeur de l’EDHEC, Alain Storck, président de l’UTC. Parrain de l’évènement, le champion Stéphane Diagana complètera ce plateau d’invités. Les intervenants apporteront un éclairage lié à leurs expériences personnelles et professionnelles, et aux dispositifs et actions qu’ils ont mis en place dans leurs organisations, ou qu’ils préconisent. Christian Margaria, conseiller spécial formation et enseignement supérieur au sein de la DILCRA, les fera intervenir sur des questions telles : En quoi l’activité sportive durant les études est-elle facteur d’ouverture et de découverte de la diversité ? Comment marier approche conceptuelle de la diversité et pratique de celle-ci dans les études et au travers du sport ? Comment les établissements d’enseignement supérieur accompagnentils la pratique sportive afin qu’elle soit un facteur de « mieux vivreensemble » et favorise la découverte de l’autre ? En quoi ces expériences durant les études préparent-elles à mieux aborder et vivre la diversité en entreprise ? Peuvent-elles être un élément différentiant sur un CV ou lors d’un recrutement ? Pourquoi et comment le recruteur évalue-t-il cette ouverture chez le candidat ? Peut-on dire que l’ouverture à la diversité est une compétence ? Comment ces profils ouverts à la diversité sont-ils « utilisés » par les entreprises pour accroître l’attractivité de leur marque employeur ?
Réponses samedi 24 mai à 15h au stade Charléty.

 

A. D-F