Longtemps invisibles, les câbles sous-marins s’imposent aujourd’hui comme des infrastructures vitales pour l’économie mondiale. En renforçant son contrôle sur Alcatel Submarine Networks (ASN), la France mise sur ce secteur stratégique. Christophe Bejina (Télécom Paris 86), DSI d’ASN nous explique la complexité du secteur où se jouent à la fois souveraineté numérique et sécurité internationale
Le saviez-vous ? Les câbles sous-marins supportent aujourd’hui 98 % des échanges de données, permettant aux États de jouir d’un réseau stable et performant. Conscient de leur caractère hautement stratégique, l’État français a d’ailleurs pris à 80% le contrôle d’Alcatel Submarine Networks. Une décision loin d’être anodine pour Christophe Bejina, DSI du groupe. « Aux côtés d’ASN, Les Etats-Unis, le Japon et maintenant la Chine sont les principaux constructeurs de ces câbles. L’Europe, par l’intermédiaire de la France, devait réagir et c’est pour cela qu’elle a investi dans l’un des fleurons du secteur. » Grâce à un savoir-faire rare, ASN maîtrise l’ensemble de la chaine de valeur, allant de la conception des systèmes (câbles, répéteurs, unités de branchement, terminaux) à leur pose en mer et à leur surveillance, en passant par les unités de branchement et la sécurisation du réseau. Pour aller toujours plus loin, ASN développe également de nouvelles technologies qui devraient permettre d’atteindre, à horizon 2030, des vitesses d’un pétabit par seconde (soit l’équivalent du transfert de 200 millions de vidéos HD par secondes en continu).
Des câbles sous haute sécurité
De fait, ces infrastructures font l’objet d’une surveillance à la hauteur des risques. C’est pour cela qu’ASN met depuis trois ans l’accent sur le développement de la cybersécurité. Une structure interne spécifiquea vu le jour et un renforcement de la surveillance a été mis en place. « Nous pouvons équiper nos réseaux de capteurs d’intrusion permettant d’alerter sur des risques. Je ne peux pas entrer dans les détails, mais ce système est bluffant puisqu’il permet d’analyser les mouvements, d’expliquer s’ils sont issus d’un filet, d’un chalutier ou d’autre chose et d’assurer une protection maximale à nos clients » explique Christophe Bejina. Des systèmes tellement sophistiqués que l’entreprise a été approchée par des puissances étrangères pour être aidées dans leur cyber-protection.
Des recrutements pour l’internet de demain
Pour aller toujours plus loin dans la protection et la réponse aux besoins croissants de nos clients opérateurs, en particulier des GAFAM, ASN intègre de plus en plus l’intelligence artificielle et l’exploitation des données. Depuis 2024, l’entreprise a ainsi travaillé à la mise en place d’un écosystème dédié à la transition digitale, en bâtissant les fondations nécessaires à une utilisation efficace de l’IA. 2025 marque le déploiement raisonné des premiers cas d’usage, avec une priorisation rigoureuse des applications pour maximiser leur impact. Pour nourrir cette transition, ASN compte sur la jeune génération puisque de nombreux recrutements sont à prévoir. « Nous recherchons en R&D, mais aussi dans les outils de l’information, nous avons des postes ouverts en optique, mécanique, thermique, sciences des matériaux, cybersécurité, développement logiciel, traitement de données, architecture d’entreprise. Et nous recrutons en stage, en alternance et en CDI » détaille Christophe Bejina. Si vous êtes intéressé pour construire l’internet de demain, vous savez où postuler.
#GameOver : votre combo secret pour faire craquer les hackers ?
« La cybersécurité est une priorité absolue chez nous. Elle est suivie tout au long de l’année par le Comex et renforcée par des audits réguliers, incluant des tests d’intrusion. Sans dévoiler tous nos secrets, sachez que nous investissons massivement chaque année pour être à la hauteur de nos ambitions. Depuis deux ans, malgré les tentatives de cyberattaques, notre système n’a jamais été compromis, preuve de l’efficacité de nos dispositifs. »
Chiffres-clés :
850 000 kilomètres de câbles déployés soit 21 fois le tour de la Terre
7 navires usines
3 centres de production
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