Spécial président(e)s
Après une carrière de juriste d’entreprise dans des établissements financiers, Catherine Jeannin-Naltet, a été élue Grande Maîtresse de la Grande loge féminine de France le 16 septembre pour un mandat de un an renouvelable ; elle nous en dévoile les arcanes.
Le recrutement de vos membres est-il facile ?
Pour s’en convaincre, il suffit de regarder les chiffres. La GLFF est une obédience qui compte 14 000 membres réparties dans 413 loges, en France et à l’étranger hors hexagone, sur presque tous les continents. Cependant je dirais que l’adjectif « facile » n’est pas exactement approprié au sens de notre démarche ! Nous sommes très heureuses d’accueillir les femmes qui viennent à nous, mais nous ne sommes jamais dans une posture de « recruteuses ».
Quel est le pourcentage de femmes ayant suivi des études universitaires et comptez-vous des femmes connues ou ayant des responsabilités de très haut niveau ?
La démarche maçonnique ne se calque sur aucun modèle académique scolaire ou universitaire. Cette originalité lui permet de s’ouvrir à toutes les femmes qui se côtoient dans la pluralité et la richesse des parcours individuels et des sensibilités singulières. Mais bien sûr, nous avons dans nos rangs de nombreuses femmes qui exercent à haut niveau, des responsabilités professionnelles, politiques ou associatives. Il ne m’appartient pas ici de citer des noms. A chacune de nous, la liberté exclusive et intime de dévoiler ou non son appartenance maçonnique.
Les clés de la loge
Une jeune femme qui s’intéresse à la GLFF et envisage de nous rejoindre, peut s’adresser au secrétariat de l’Obédience (Tel +33 1 43 71 05 74) ou laisser un message sur notre site www.glff.org.
Les sœurs, habillées de noir, ont-elles peur du regard des hommes ?
Habillées de noir ?… Peur du regard des hommes ? Votre question semble établir bien à tort, un lien de cause à effet ! Il n’en n’est rien. Nous sommes très fières de porter une robe noire de type aube qui cache les différences sociales et nous laisse concentrées sur nos travaux et réflexions. En, Loge nous sommes dans l’être et le penser, non dans le paraître ! Si le choix de la non mixité de la GLFF facilite et accélère le travail de vérité sur soi-même, cette non mixité ne signifie, ni repli communautaire, ni défiance, ni rejet de l’autre genre ; nos travaux et nos loges sont largement ouverts aux Francs-maçons, hommes ou femmes, des autres obédiences.
Votre travail constitue-t-il une forme de lobbying ?
Non, on ne peut parler de structure de lobbying mais l’Obédience se sent concernée par les grands thèmes de société (dignité de la personne, place des femmes en Europe et dans le monde, fin de vie, bioéthique, développement durable, éducation, la laïcité). Sur toutes ces questions, La Grande Loge Féminine de France fait entendre sa voix. A titre d’exemple, l’un de nos derniers communiqués de presse consultable sur notre site, est consacré aux violences faites aux femmes et notamment au jugement rendu en octobre dans une affaire de viol collectif.
De grands principes…
Nous sommes attachées de manière indéfectible aux principes et aux valeurs qui fondent la GLFF : la liberté absolue deconscience, la tolérance mutuelle, le refus de toute discrimination, et la Laïcité comme ciment de la République. Nous faisons nôtre la devise républicaine : Liberté Egalité Fraternité.
… mais, la Franc-maçonnerie ne constitue-t-elle pas un moyen d’accélérer sa carrière ?
Comment tordre le cou une fois pour toutes, de cette supposition récurrente en forme de préjugé ? Rien ne la fonde sérieusement. Ce fantasme collectif ouvertement distillé en son temps, par la propagande antimaçonnique des lois de Vichy semble avoir la peau dure ! Il a tellement la vie dure que la majorité des frères et sœurs des obédiences préfèrent ne jamais révéler leur qualité de maçons et encore moins dans l’espace professionnel ! En France, plusieurs centaines de milliers de francs-maçons et franc-maçonnes font honneur aux valeurs qu’ils portent, mais vous n’empêcherez pas quelques individus indignes ou crapuleux de s’introduire dans les loges. Ces cas isolés dévoient l’idéal maçonnique. Leurs méfaits font les choux gras des médias. Le préjudice est souvent hélas considérable pour l’image de la franc-maçonnerie.
Patrick Simon