Partenariat de rêve, moyens illimités, clés du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche et de l’Innovation… Loïck Roche DG de Grenoble Ecole de Management (GEM) se prête à l’exercice d’une interview 100 % prospective.
Si vous aviez les clés du MESRI pendant une journée ?
Je lui ferais changer son fusil d’épaule ! Ne pas savoir dépasser le « qu’est-ce qui va rester à l’université si on donne aux écoles le droit de délivrer des licences, des masters et des doctorats ? » est une faute. Rester sur la croyance dépassée d’une concurrence franco-française, c’est marquer des buts contre son camp et nuire gravement à la compétitivité internationale de la France. Je créerais également un chèque formation : la méga-révolution ! A son entrée dans le Supérieur, chaque élève recevrait un « droit de tirage » d’un peu plus de 10 K€, soit le prix moyen pour l’Etat d’un étudiant à l’université. Enfin, je ferais le ménage parmi les écoles, dont certaines n’hésitent pas à utiliser des méthodes extrêmement discutables pour recruter (un euphémisme !) ou venir prendre des étudiants pourtant déjà inscrits dans des écoles. Avec à la clé des sanctions (retrait ponctuel de la reconnaissance du diplôme, amende…) suffisamment conséquentes pour être dissuasives.
Vos 3 projets phares si vous aviez des moyens illimités pour GEM ?
#1 Construire 10 campus dans les 10 meilleurs écosystèmes d’innovation et de technologie du monde où digital, bâtiments intelligents et RSE seraient totalement intégrés.
#2 Investir dans des edtechs, avec la possibilité de prendre des participations dans des startups.
#3 Créer une filiale dédiée à l’executive education avec des antennes internationales. LE point sur lequel les écoles pourront faire la différence demain.
Si vous aviez un partenariat de rêve à réaliser ?
Ce serait avec la National Geographic Society ! Une organisation scientifique et éducative dont le but est d’explorer et de protéger notre planète. Un formidable complément aux travaux menés à GEM sur la Paix économique. La Paix économique faisant ouverture à la paix sociétale et à la paix environnementale.
Si vous aviez un cours à inventer pour GEM ?
Un cours d’apprentissage au calcul de l’empreinte écologique des décisions des organisations. Comme on calcule l’empreinte carbone d’un bâtiment, les managers de demain doivent acquérir les savoirs scientifiques leur permettant d’intégrer cette notion dans leur matrice de décision et ainsi d’aller au-delà du « c’est bon / pas bon pour la planète » du café du Commerce.
Si Frédérique Vidal avait missionné GEM pour améliorer la diversité sociale dans les grandes écoles ?
D’abord, je remercierais les directrices et les directeurs pour le travail incroyable réalisé en faveur de la diversité ces 10 dernières années. Même si bien sûr, on peut encore faire mieux ! Comme mettre en place :
Un concours basé sur les seules habilités intellectuelles et managériales et non sur des connaissances acquises.
Un programme extrêmement précis de sensibilisation auprès des collégien·e·s (avec une action spécifique en faveur de l’égalité entre toutes et tous), des lycéens·e·s qui ne possèdent pas les codes nécessaires pour réussir dans le Supérieur et des dirigeants de grandes écoles, pour encore mieux défendre l’ouverture sociale.
Une collaboration entre les ministères de l’Enseignement supérieur, des affaires étrangères et l’Intérieur pour favoriser l’accueil d’étudiants étrangers.
Si nous étions en 2030, pourquoi seriez-vous fier de GEM ?
Les écoles sont longtemps restées cantonnées à leur univers, centrées sur leur mission et une vision court-termiste axée classements. Mais il n’y a pas de grande école en soi. En revanche, elle peut se montrer grande si elle sait aller au-delà de sa mission. J’aimerais qu’on dise de GEM qu’elle a su se montrer grande car elle a assumé son rôle éminemment politique, (au sens d’implication dans la Cité). Ma plus grande fierté serait que GEM soit reconnue comme une des grandes écoles les plus innovantes et les plus influentes de son temps.