Si la crise de la Covid-19 a bouleversé de nombreuses choses, la culture d’entreprise figure en bonne position dans la liste… Cassons les codes ! Décryptage et avec Jean-Michel Moutot, professeur à Audencia.
Une culture d’entreprise se caractérise par plusieurs dimensions qui vont notamment de la manière d’échanger (formelle ou informelle) à la structure d’organisation (verticale/hiérarchique ou horizontale/responsabilisante) en passant par la manière de manager (directive ou participative). La quasi-totalité de ces dimensions s’est trouvée bouleversée par les conséquences directes ou non de la crise Covid.
La culture informelle mise à rude épreuve
De manière directe, une culture où l’informel prédominait dans les échanges s’est retrouvée amputée de la majorité de ses moments clé : finis les temps d’échange autour d’un café, oubliés les petits moments entre deux portes après la réunion où souvent se dénouaient certaines tensions ! Il devient nécessaire de compenser ces disparitions en recréant des instances où les salariés pourront de nouveau échanger de manière décontractée. Il faut également intégrer des moments de relâchement au sein de réunions distancielles en mode Teams ou Zoom. De nouveaux outils l’autorisent comme par exemple la solution de la startup Nantaise Beekast qui permet de recréer du participatif formel ou informel. Il est ainsi possible d’insérer entre 2 pages Powerpoint un petit quizz ludique, permettre aux participants de la réunion de choisir leur propre météo ou un film célèbre afin d‘illustrer leur humeur du moment, ou encore faire un mur de selfies en direct, révélant parfois des choses surprenantes contribuant à la bonne humeur collective !
Les organisations centralisées forcées de modifier les process de validation
Tout aussi directement impactées, figurent les cultures d’entreprise où la hiérarchie est omniprésente dans la prise de décision et a tendance à exercer un contrôle fort. Il n’est ainsi plus possible d’aussi facilement passer dans le bureau du chef pour obtenir son accord sur un dossier. Croulant sous les demandes, les « chefs » de ce type saturent et sont souvent court-circuités par leurs équipes pour ne pas bloquer l’activité … au risque de créer frustration et conflit ! La responsabilisation devient la clef pour permettre à l’activité de se maintenir malgré les contraintes opérationnelles et logistiques.
L’impact psychologique avéré sur la culture d’entreprise
Moins directe mais à l’impact peut-être plus fort et pérenne, la dimension psychologique de la crise Covid peut changer les mentalités et fragiliser certaines cultures d’entreprise. C’est notamment le cas d’entreprises à « forte » culture qui vendent parfois à leurs employés une réassurance psychologique sur tous les sujets. Là où les employés pouvaient être rassurés de travailler pour une entreprise leader leur garantissant stabilité et confiance dans l’avenir, ils découvrent brutalement une réelle fragilité de leurs situations, un degré bien plus grand d’incertitude de la vie qu’ils ne pensaient. Au-delà de la déstabilisation individuelle, c’est tout un modèle de culture qui peut alors être fragilisé. Les « promesses » à long terme doivent alors laisser un peu de place à des interactions plus proches où chacun pourra partager ses doutes ou ses peurs.
Les codes de la culture d’entreprise au temps de la Covid-19…
Lorsque la crise actuelle se terminera, il est probable que les impacts sur les cultures d’entreprise laissent des traces significatives que les salariés n’oublieront pas. De nombreuses cultures évoluent ainsi.
L’auteur est Jean-Michel Moutot, professeur à Audencia