Quadruple médaillé paralympique, le tennisman français Michaël Jeremiasz fait aujourd’hui plus que jamais de l’inclusion son cheval de bataille. Ce champion, porte-drapeau de la délégation française aux Jeux Paralympiques de Rio en 2016, se consacre aujourd’hui plus que jamais à la sensibilisation et à l’action. Rencontre.
« La peur, la colère contre moi et contre le monde entier ». Voilà ce qu’a ressenti Michaël Jeremiazs après l’accident de ski qui l’a rendu paraplégique alors qu’il avait tout juste 18 ans. « J’ai commencé à vivre au jour le jour sans me prendre la tête. J’ai découvert le tennis fauteuil par hasard, 6 mois après mon accident, lors d’une rencontre sportive où je m’étais rendu avec ma famille. Le sport s’est alors imposé à moi : c’est grâce à lui que je me suis reconstruit. »
We are the champions
Avec plusieurs Grands Chelems et quatre médailles olympiques à son actif (dont, excusez du peu, une médaille d’or en double à Pékin en 2007), ce champion qui a trusté la première place du podium mondial du tennis fauteuil au cours de sa carrière est un habitué des victoires. Des victoires qu’ils voient avec « beaucoup de plaisirs, d’émotions, de partage avec mes proches, le sentiment d’avoir bien travaillé. 15 ans d’une vie privilégiée, unique et magique. » Des victoires qui n’occultent pas les impacts que le handicap a pu avoir sur son quotidien. « J’ai dû gérer une nouvelle vie et ce n’était pas tous les jours faciles. Il a fallu que je me réadapte à l’environnement et que j’affronte le regard des autres. »
Objectif sensibilisation
Après avoir mis fin à sa carrière sportive, Michaël Jeremiazs a créé Handiamo avec son grand frère et son ancien entraineur. Sa vocation ? « Entrainer les sportifs de haut niveau et en situation de handicap dans la gestion de leur carrière. Nous accompagnons aussi les entreprises en organisant des initiations et démonstrations de sport paralympique par des athlètes afin de les accompagner dans leur politique interne de sensibilisation. »
Plusieurs cordes à sa raquette
Si une partie de son emploi du temps est consacrée à Handiamo et à son association « Comme les autres », le champion français s’investit également dans sa boite de production Les gros films et à sa société de conseil, avec laquelle il accompagne les entreprises sur leur politique handicap. Et parce que la passion de la petite balle jaune ne l’a pas quitté, il dirige aussi depuis quatre ans le tournoi French Riviera Open.
Mais quelle que soit la casquette qu’il porte, celui qui se définit comme « heureux, amoureux et audacieux » fait de l’humour un de ses meilleurs coups droits. « Pour moi l’humour est compatible avec tout, y compris le handicap, à condition que les gens veuillent bien être ouverts. Je pense que c’est un très bon outil pour briser la glace et pour changer le regard que l’on porte justement sur le handicap, désacraliser la vision et les a priori que les gens peuvent avoir.
« Tu as le droit de rêver, d’être heureux, d’essayer de faire des choses. Alors vis tes rêves, sors de ta zone de confort, dis-toi que tu es le seul à pouvoir décider de ce que tu peux faire. Et surtout, ne laisse personne t’interdire quoi que soit. »