Depuis 2017, Saarstahl Ascoval a connu pas moins de cinq rachats successifs. Aujourd’hui, l’activité est en croissance et la production a été multipliée par 7 depuis 2019. Cédric Orban (Université Catholique de Louvain 83) partage ses conseils de CEO.
Interview réalisée en juillet 2022
Pourquoi êtes-vous fier d’avoir relevé le défi Saarstahl Ascoval ?
Quand je suis arrivé en janvier 2017, je pressentais déjà le challenge qui se dessinait et j’appréciais l’autonomie dont je bénéficiais pour le relever. À l’époque, l’usine embauchait 330 personnes et produisait 160 000 tonnes d’acier par an, exclusivement pour Vallourec. En 2019 le volume est tombé à 60 000 tonnes. Aucun plan social n’a été mené et aujourd’hui nous produisons 400 000 tonnes. Notre objectif en 2024 est de monter à 350 collaborateurs et 600 000 tonnes annuelles.
Quel est le secret d’une telle réussite ?
Le développement de la polyvalence et le travail d’équipe. Tout le monde œuvre à optimiser les processus : en cinq ans, nous avons ainsi réduit nos coûts de production de 40 % ! Nous sommes également passés d’une fabrication mono-produit à une gamme plus large. Avec l’aide d’un partenaire, nous avons mis au point une première mondiale qui nous permet, en moins de trois heures, de changer la forme de la barre d’acier (ronde, carrée ou rectangulaire) à fabriquer.
La sidérurgie passe au green style
Autre preuve de l’innovation mise en œuvre par Saarstahl Ascoval : son approche écologique. « Nous sommes les seuls au monde à concevoir des produits green et issus de l’économie circulaire pour le rail. Nous émettons dix fois moins de CO2 par tonne d’acier (160 kg) qu’une usine classique établie sur la production d’acier à base de minerai et de charbon (1,8 tonne de CO2 / tonne d’acier). Cette économie représente l’équivalent de 300 voitures faisant chacune 230 fois le tour de la Terre. »
Quelles opportunités peuvent se présenter à de jeunes dip’ chez vous ?
Nous recrutons 35 opérateurs de production, mais aussi des chefs d’équipe, un ingénieur de production, un adjoint à notre ingénieur maintenance, deux automaticiens, un responsable des achats et de l’optimisation de l’énergie, ainsi que deux métallurgistes. L’usine va bientôt tourner 7 jours sur 7, nos jeunes collaborateurs seront donc vite amenées à travailler sur des sujets opérationnels et techniques, et à monter en compétences.
Quelles qualités vont leur permettre de rapidement prendre le rythme ?
Ils doivent être autonomes dans leur recherche de solutions tout en s’appuyant sur les fortes expertises autour d’eux. C’est un savant équilibre entre un travail de réflexion individuelle et le travail en équipe, car la connaissance vient des autres. Dans l’industrie rien n’est jamais acquis. Vous devez accepter que les priorités changent après six mois. La communication et le savoir-être priment. Ici, vous côtoyez des ingénieurs comme des techniciens.
Quel conseil pour ces jeunes talents en début de carrière ?
Jeune diplômé, je me suis retrouvé avec trois propositions de contrats : une dans la sidérurgie, une chez IBM et une autre chez JP Morgan. Contre l’avis de tous, j’ai choisi la sidérurgie car c’était l’opportunité de me retrouver directement en charge d’un petit bureau d’études. Donc choisissez votre job selon l’autonomie que vous aurez et, surtout, les personnes avec lesquelles vous travaillerez, à commencer par votre manager. N’hésitez pas à prendre un poste dans lequel vous serez exposé.
Quel est votre prochain défi ?
Je viens tout juste de quitter l’entreprise car, à mes yeux, j’ai terminé ma mission. J’ai beaucoup appris ces dernières années et je souhaite désormais aider les patrons d’entreprise qui font face à une situation de procédure judiciaire collective. Mon rôle serait de les assister dans la compréhension du processus juridique et la créativité nécessaire pour changer leur business model. Aujourd’hui, ce n’est plus le challenge qui m’anime, c’est le plaisir de transmettre.
Souvenir de l’UCL
« Ce que m’a apporté l’Université Catholique de Louvain, c’est de pouvoir choisir ce que je voulais vraiment. Aucune matière ne nous était inaccessible. En plus de ma spécialité en mécanique, j’ai suivi des cours de philosophie, de comptabilité ou d’écologie. Et la porte de nos professeurs nous était toujours ouverte pour nous conseiller sur les options à choisir ou même notre vie professionnelle future. »
Contact RH : cedric.orban02@gmail.com