Acteur majeur de l’économie régionale avec une forte présence sur 15 départements, la Banque Populaire Auvergne Rhône Alpes (BPAURA) mise sur son ancrage territorial pour relever les défis environnementaux et accompagner les transitions. Daniel Karyotis (Sciences Po 88), son CEO, explique comment la banque s’engage concrètement et livre sa vision du leadership pour les jeunes diplômés.
Votre banque a récemment affirmé son ambition de devenir la première banque engagée pour la préservation de l’eau d’ici 2030. Pourquoi ce choix ?
L’eau s’est imposée naturellement suite aux phénomènes extrêmes observés en 2023 et 2024 : des zones inhabituellement inondées dans les Hauts-de-France et, simultanément, des restrictions d’eau dans les Pyrénées. C’est un sujet qui était peut-être insuffisamment traité dans notre pays. Notre région AURA est particulièrement concernée, car c’est une terre hydrique et hydraulique, avec le Rhône et la Saône à Lyon, des glaciers et des lacs… Nous voulons comprendre les problématiques autour de l’eau pour identifier où nous pouvons avoir un impact positif, tant pour la société que pour nos clients, notamment les agriculteurs. Notre champ d’action est très large ; de la sensibilisation jusqu’à la mesure d’impact : de la pédagogie auprès de nos clients, des mesures d’économie d’eau dans nos propres locaux, et du soutien à des projets de préservation des nappes phréatiques sur notre territoire.
BPAURA a également créé la Banque de la Transition Energétique. Comment accompagne-t-elle les acteurs régionaux dans leur transition ?
En 2019, nous avions la conviction qu’il fallait accélérer sur ces sujets et développer, en interne, des expertises que nous n’avions pas encore. Pour accompagner des projets spécifiques comme le photovoltaïque, l’hydraulique ou la méthanisation, nous avions besoin d’un pôle de multi-expertises. Depuis sa création, nous avons financé plus de 11 000 projets sur les 15 départements que nous couvrons – de la simple pose de panneaux photovoltaïques jusqu’à des projets hydrauliques de plusieurs millions d’euros. À Villeurbanne, par exemple, nous accompagnons un projet unique de recyclage de batteries. Ce qui rend notre démarche passionnante, c’est la diversité des projets. Les enjeux de transition énergétique sont protéiformes et nous avons la capacité d’accompagner des initiatives très variées.
Des étudiants de grandes écoles ont récemment manifesté contre des banques qu’ils accusent de financer des projets climaticides. Que leur répondez-vous ?
Je leur dis : venez chez nous si vous avez des doutes sur notre utilité ! Venez voir ce que fait une banque régionale de proximité, autonome dans ses décisions. Je ne finance pas les énergies fossiles, mais j’aide nos clients à aborder les transitions auxquelles ils sont confrontés. Il n’y aura pas de transition dans le pays sans les banques ; sans accompagnement, rien ne se fera. Les banques régionales, autonomes dans leurs décisions et leurs stratégies, sont indispensables au paysage économique. C’est pourquoi j’invite les jeunes qui s’interrogent sur notre rôle à venir nous rencontrer, pour leur donner une image différente de celle qu’ils peuvent avoir.
Quel serait le principal enseignement de votre carrière que vous aimeriez transmettre ?
Ne vous mettez aucune limite, jamais ! Nos environnements se chargent déjà de nous mettre des limites ; si vous en ajoutez vous-même, vous n’avancerez pas. Si vous êtes attirés par l’envie de devenir Numéro 1, n’ayez pas peur de cette ambition. Comme disait Steve Jobs, nous n’avons qu’une seule vie, donc n’ayez pas de regrets, qu’ils soient professionnels ou personnels.
Recruter un diplômé de Sciences Po en 2025, est-ce toujours la garantie d’accueillir un talent pas comme les autres ?
La formation est clé, bien sûr, mais elle ne fait pas tout. Ce sont les actions des futurs diplômés sur le terrain qui feront d’eux des managers performants, ou non. Contrairement à ce qu’on imaginait il y a 20 ans, le monde va tellement vite que même après les études, si on n’apprend pas tous les jours, on est hors-jeu assez rapidement. La connaissance est une course contre la montre et un proverbe chinois dit que « plus on avance sur le chemin de la connaissance, plus on prend conscience des abysses de notre ignorance ». L’expérience est un atout si on se remet régulièrement en question, sinon elle devient un handicap. Un dirigeant doit toujours rester dans le match, connecté, car la société évolue si vite que le décrochage peut être violent.
Contact : bpaurarecrute.fr