Le dérèglement climatique est une réalité avec sa succession de phénomènes extrêmes qui génèrent des sinistres importants pour les assurés. CCR (Caisse Centrale de Réassurance), entreprise de réassurance publique bénéficiant de la garantie de l’Etat, joue un rôle pivot au sein du régime français d’indemnisation des catastrophes naturelles dit « Cat Nat », régime quasi-unique au monde. CCR réassure les compagnies d’assurance, opère en tant que vigie des risques extrêmes et conseille les pouvoirs publics, tant au niveau national que local, afin d’aider la collectivité à s’adapter aux changements climatiques et aux autres risques émergents. Aux commandes de cette entreprise depuis le 1er juillet 2023 Edouard Vieillefond (X 90, ISAE-SUPAERO 95, DEA économie Toulouse II 95) en décrit le rôle et les défis.
Après un début de carrière comme haut fonctionnaire (ministère de la Défense, puis Bercy successivement à la Direction du Trésor, l’Agence des Participations de l’Etat puis à l’Autorité des Marchés Financiers…) Edouard Vieillefond a pris la direction de cette entreprise relativement méconnue, mais essentielle pour la solidarité nationale. Il l’évoque avec fierté. « CCR a vu le jour au sortir de la Seconde guerre mondiale, en 1946, afin de contribuer à protéger financièrement les Français face aux calamités naturelles. Terme qui sera progressivement remplacé par celui de catastrophe naturelle, notamment en 1982 à l’occasion de la création du fameux régime CAT NAT ». Depuis, CCR n’a cessé d’évoluer pour maintenir l’assurabilité en France, dans un contexte où les risques connus et émergents représentent autant d’incertitudes, secouant le monde de l’assurance et la société civile. Dans ce contexte, et pour la première fois depuis 1999, les pouvoirs publics ont décidé, en décembre dernier, d’une augmentation à 20 % de la « surprime CatNat », dont la moitié est reversée à la CCR permettant à celle-ci d’agir comme absorbeur de choc, ce qui est la raison d’être d’un réassureur.
Pérenniser l’assurabilité, anticiper et modéliser les risques pour en réduire l’impact
Féru d’abord de physique et d’ingénierie, puis plus sur le tard de mathématiques stochastiques, Edouard Vieillefond a d’abord, adolescent, eu le rêve assez classique se tourner vers l’ingénierie aérospatiale. Finalement, la double formation ingénieur / économie-finance qu’il a pu suivre l’a amené à pivoter en début de carrière, toujours avec un désir de travailler sur des « systèmes complexes » mais plus dans le tertiaire financier que dans le secondaire industriel. Au sein de ses postes successifs dans le secteur public, puis dans l’assurance privée, puis enfin chez CCR, il a trouvé des environnements permettant de « trouver une pente à son énergie » pour paraphrase C. Jung. Ceci est d’autant plus vrai chez CCR qu’il s’agit de jouer un rôle pivot pour aider à orienter les politiques publiques. « La raison d’être du dispositif d’indemnisation des catastrophes naturelles piloté par CCR n’est pas galvaudée. Ce dispositif est quasi-unique au monde, et a même, depuis quelques années, été étudié par d’autres pays. Nous jouons, aux côtés des assureurs, un rôle de soutien financier majeur qui permet de pérenniser l’assurabilité en France. Mais notre mission ne s’arrête pas là, loin s’en faut ! Nous hébergeons aussi des compétences techniques de tout premier plan, qui nous permettent de modéliser l’impact des aléas climatiques pour conseiller l’Etat, les collectivités locales, les assureurs et in fine les assurés pour faire face aux conséquences du dérèglement climatique », détaille-t-il.
Une science du risque pointue mise au service des citoyens et des entreprises
Edouard Vieillefond voit ainsi en CCR une belle opportunité offerte aux jeunes talents qui souhaitent mettre du sens dans leur carrière. « Quoi de plus valorisant que de mettre ses compétences au service de la lutte contre les conséquences du réchauffement climatique, ce défi majeur que l’humanité doit parvenir à relever ? » Vous partagez son opinion, ça tombe bien : CCR va recruter en 2024 ! « Au cœur d’un écosystème scientifique puissant, nous allons intégrer cinq ou six profils à double compétence ingénieur/actuaire ou équivalent, qui travailleront sur des missions de modélisation physique de l’impact économique des aléas principalement, mais pas seulement, d’origine naturelle. Les enjeux sont immenses et pour les relever, les X avec ce type de double formation sont évidemment les bienvenus !
Souvenir de l’X
S’il a adoré son passage à l’X, la variété et la richesse de l’enseignement, la liberté offerte et donc l’apprentissage de l’autonomie qui en découlent (et qui lui ont permis in fine de trouver sa voie) Edouard Vieillefond garde aussi un autre souvenir fort de ces années. « Le service militaire était à l’époque obligatoire et, bien que composante de la formation d’ensemble, une quasi-césure. Parfois redouté, ce service militaire que j’ai effectué essentiellement en 1991 à Berlin, sur fond de chute du Mur, fut une parenthèse vraiment exceptionnelle à tous points de vue. »
Chiffres-clés : 175 collaborateurs / 1.08 milliards € de primes / 67 millions € de résultat net / 8 742 millions € d’actifs gérés en valeur de marché
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