Etablissement de la DAM (Direction des Applications Militaires du CEA), le CEA Valduc est « un formidable creuset » où ingénieurs et chercheurs œuvrent au contact des technologies les plus avancées au service d’un but unique : la paix ! Rencontre avec Aurélien Ledieu (X 97), chef de projet au CEA Valduc.
Travailler dans la dissuasion nucléaire en ce moment prend un sens particulier, non ?
Notre mission : contribuer à apporter à l’Etat la crédibilité des armes de dissuasion. De fait, le sens de notre mission est forcément plus palpable en ce moment. Tant que notre pays n’a pas recours aux armes nucléaires, c’est que la dissuasion fonctionne. C’est son succès, sa réussite. Alors, oui : travailler au service de la dissuasion revient à s’engager au service d’une paix durable et de valeurs humaines.
Chimie, métallurgie des matériaux… Il faut des compétences pointues pour travailler à la mise au point d’armes nucléaires ?
Oui, et vous pouvez ajouter à ces deux domaines-là 10 ou 12 autres domaines scientifiques des mathématiques appliquées et de la physique dans lesquels la DAM a développé une expertise. Sachant que pour être dissuasives, il faut toujours que nos armes aient une avance technologique sur les systèmes de défenses adverses : nous sommes dans l’innovation continue. Faire travailler ensemble toutes ces compétences en mode projet est vraiment fabuleux. Et stimulant : car pour nous, l’échec n’est pas une option !
Qu’est-ce qui, côté équipements et technologies, rend le travail encore plus attractif ?
Du très grand équipement de recherche au laboratoire, les moyens de la DAM sont exceptionnels : supercalculateur EXA1 au meilleur niveau mondial, machine radiographique EPURE unique au monde, installation laser Mégajoule unique en Europe…. Nos chercheurs viennent de publier dans la revue Nature leur découverte de l’hydrogène métallique. Le talent est là, mais l’équipement aussi. Ici, ceux qui aiment chercher trouveront tout pour.
Qu’est-ce qui vous a plu au CEA au point d’y rester plus de 20 ans ?
J’y suis entré car je me sentais très concerné par les déchets nucléaires. Je suis ensuite resté car on travaillait sur des projets à la fois complexes, multidisciplinaires, et avec un but. Et parce qu’en alternant entre les trois filières classiques : expertise, management, gestion de projet, je suis arrivé à une diversité parfaite laissant, de plus, le champ des possibles grand ouvert sur demain.
Stage, alternance, thèses, post-doctorat : les étudiants sont vraiment bienvenus chez vous !
La DAM, ce sont 50 nouveaux doctorants chaque année dont une partie sera recrutée (tel fut mon cas !). Et plus de 2 000 publications scientifiques éditées. Nous misons également sur tous les talents et constituons en retour une formidable école de formation.
Le CEA Valduc recrute plus de 100 personnes chaque année. Dans quels domaines ?
Notre feuille de route étant parfaitement claire pour les années à venir, cela me permet d’avancer quatre profils particuliers :
- IA et Data
- Gestion des grands projets d’infrastructure
- Métiers et compétences liés à l’ingénierie et la sûreté nucléaire
- Toute la R&D en métallurgie physique, physico-chimie, comportement des matériaux, instrumentation et technologie
Nous apprécions beaucoup la capacité à être à la fois théoricien et expérimentateur, capable de passer du projet à l’opératif.
Quand on sort de Polytechnique, tout semble ouvert. Qu’est-ce qui permet, ensuite, de trouver « sa » place et s’y épanouir ?
Sans hésiter : la curiosité. Ce besoin incessant d’apprendre, comprendre et s’émerveiller. Mais une fois la curiosité piquée, ce n’est pas gagné pour autant. Car, pour « réussir », il faut savoir rester humble, tout en faisant preuve de leadership. Ce que résume fort bien la maxime : Seul on va plus vite, ensemble, on va plus loin.
Vos petites madeleines de Proust des années X ?
Les amphis de physique quantique de Jean-Louis Basdevant, les cours d’Humanités reçus d’Elisabeth Badinter, ma thèse à PMC et puis, bien sûr, les soirées à refaire le monde au BEJ (Bar Escrime Jaune).
Chiffres clés
- 5000 collaborateurs à la DAM, sur 5 centres répartis sur toute la France ;
- 1000 collaborateurs au CEA Valduc, pôle de compétences pour les matériaux nucléaires, à 45 kms au nord-ouest de Dijon.
Contact : aurelien.ledieu@cea.fr & patrick.lointier@cea.fr