Les mutations environnementales et numériques que nous vivons actuellement soulèvent de nombreux défis. Plus que jamais, la recherche et l’innovation sont appelées à jouer un rôle essentiel pour apporter des solutions aux problématiques posées par la société en éclairant le grand public et en transformant l’économie des territoires. Son développement doit passer nécessairement par des rapprochements forts entre le monde académique et le monde industriel. Pour ce faire les chaires de recherche appliquée représentent un levier et formidable outil pour y parvenir.
C’est quoi une chaire de recherche appliquée ?
Le terme « chaire » désigne à l’origine, au Moyen Age, le siège d’un évêque dans une église. Le sens a dévié depuis pour désigner un lieu de production et de transmission du savoir. Dans le paysage de la recherche et de l’enseignement, une chaire représente une expertise de recherche et/ou d’enseignement sur une thématique via partenariat privilégié, mais non exclusif, entre un établissement d’enseignement supérieur (écoles d’ingénieurs, universités…) et un partenaire industriel (ou mécène) public ou privé (e.g. « Construction hors-site »). Dans les faits les chaires peuvent être conclues entre plusieurs partenaires académique et industrielles (e.g. chaire « Mobilité territoriale ») et peuvent bénéficier de cofinancement publics (e.g. chaire UNESCO « Alimentations du Monde »). La collaboration dans le cadre d’une chaire fait l’objet d’un conventionnement qui s’inscrit dans le long terme pour des durées allant de 3 à 10 ans, et offre donc aux parties prenantes des bénéfices qui dépassent largement celui du soutien d’un projet ponctuel telle une thèse dans un laboratoire par exemple.
Pourquoi une chaire de recherche appliquée ?
Même s’il existe quelques chaires dédiées exclusivement l’enseignement (exemple de chaire CESI-Segula signée en 2021), la plupart des chaires existantes en France portent sur les deux volets enseignement et recherche. Les bénéfices pour les parties prenantes de ce type de collaboration sont nombreux. Pour les écoles, les chaires permettent de dynamiser l’environnement scientifique en engageant des travaux de recherche ambitieux sur des sujets innovants, elles jouent un rôle essentiel pour accroître le rayonnement scientifique de l’institution. Les connaissances issues de ces travaux ont pour vocation de nourrir le contenu des formations proposées par l’école et par conséquent doter les étudiants de compétences opérationnelles utiles dans leur future carrière. C’est enfin un moyen pour montrer que l’école est bien en prise avec le monde de l’entreprise, ce qui est important aujourd’hui important pour son attractivité. Pour l’entreprise, outre développer ses activités R&D grâce aux avancées de la recherche académique, la chaire lui permet de disposer d’un accès privilégié au laboratoire de recherche et aux élèves de l’école pour les former par alternance et/ou les recruter à l’issue de leurs études. La chaire est aussi un moyen de communication sur l’innovation, contribuant à la visibilité et notoriété de l’entreprise. Sur le plan financier, l’industriel peut disposer d’une fiscalité avantageuse dans le cadre du mécénat. Les chaires stimulent les échanges entre le monde académique et les experts industriels et représentent une structure idéale au développement d’une recherche collaborative scientifiquement ambitieuse et mutuellement bénéfique.
Trois clés de succès d’une chaire de recherche appliquée
Une Chaire est avant tout une aventure humaine construite dans la confiance et la durée entre une entreprise et une école. En amont, la thématique doit être d’actualité, bien définie, représenter un intérêt mutuel. En particulier, elle doit répondre aux attentes de l’école et aux grands enjeux auxquels l’entreprise (ou la société) est confrontée en apportant des compétences et des approches nouvelles issues de la démarche scientifique et nourrit ainsi la stratégie d’innovation de l’entreprise. Dans un objectif d’efficience, la gouvernance de la chaire doit être claire et maîtrisée autour d’un « titulaire de la chaire » de renommée issu du monde académique mais très à l’écoute des préoccupations industrielles et garant du suivi des actions de la chaire via son comité de pilotage. Enfin, la politique de publication et de valorisation doit être clairement explicitée dans un souci d’équilibre entre la préservation de la propriété intellectuelle et la nécessaire diffusion de la connaissance et culture scientifique.
Les auteurs sont Karim Beddiar, Responsable régional Recherche et Innovation et Bélahcène Mazari, Directeur de la Recherche et Innovation à CESI