La forte notoriété obtenue par les IAs (Intelligences Artificielles) génératives (ChatGPT, Midjourney, Bard, …) depuis quelques mois interroge de nombreux secteurs d’activité. Comme toute innovation, ChatGPT fait peur… et suscite aussi un fort engouement. On se demande s’il va effectuer des tâches humaines, faire disparaître des métiers, impacter les modèles établis et in fine être capable de remplacer l’humain. Pourtant, son discours est parfois dénué d’émotions et de cohérence humaine. Mais alors, est-ce que ChatGPT est-il un game changer du monde du travail ?
ChatGPT : l’IA capable d’atteindre 1 million d’utilisateurs en cinq jours
Avant son émergence en fin d’année 2022, peu d’individus connaissaient ChatGPT. Lorsqu’il a été dévoilé par Sam Altman, il a connu un engouement médiatique générant peur et fascination, lui permettant d’atteindre 1 million d’utilisateurs en 5 jours. ChatGPT établira un autre record et sera l’application la plus rapide à atteindre 100 millions d’utilisateurs en moins de deux mois. Google déclenche un code rouge et introduit ensuite Bard. C’est officiel, l’IA générative sera bien LA technologie de 2023.
Mais pourquoi un tel engouement ?
ChatGPT signifie Generative Pretrained Transformer. Il crée de nouvelles données. Comme tout algorithme, il a besoin de données pour apprendre. Il est entraîné sur des données massives provenant du Web. L’algorithme est basé sur les réseaux de neurones et la compréhension du langage naturel. On traite le texte en entrée pour produire du texte en sortie et le transformer tente de prédire la réponse la plus probable. Son engouement provient de ces trois caractéristiques. L’outil doit générer du langage « human-like » (LeCun et al., 2015). L’outil a aussi été éduqué avec des interventions humaines (le reinforcement learning from human feedback), ce qui doit en théorie évite qu’il prédise l’avenir ou donne des réponses inappropriées (Quinio et Bidan, 2023). Il est donc très simple de poser une question dans le prompt et avoir une réponse détaillée. Il peut aussi réaliser de nombreuses tâches (Devillers, 2023) : changer le style d’écriture, répondre à des questions, traduire un langage informatique en un autre…, en quelques secondes. Ainsi, à l’instar des recherches menées sur l’impact des IA sur les professions (Bornet et al., 2021 ; Mariani et al., 2022), cette forme d’IA pourra nous aider à automatiser certaines tâches parfois redondantes pour se focaliser sur la créativité, l’intelligence collective.
ChatGPT ; un game changer ?
Un game changer est capable de bouleverser un secteur d’activité. On pourrait l’assimiler à une innovation de rupture : un produit relativement nouveau (Silberzahn, 2015). Cependant, il faut garder en tête que ChatGPT est basé sur des méthodes probabilistes et un système de deep learning. Malheureusement, on ne sait pas parfois comment le résultat est fourni : on parle de « black box » des neurones artificiels (Liang et al., 2021). Même si la probabilité de donner une bonne réponse est de 99%, il existe toujours de l’incertitude. L’IA peut se tromper, avoir des hallucinations (Poibeau, 2023). Son ton mécanique, parfois péremptoire peut donner l’illusion d’une vérité. Le risque de qualité des données est aussi à prendre en compte car on peut manipuler les données (de Marcellis-Warin et al., 2022).
Prompt de ChatGPT : ©Romain Sohier
ChatGPT fournit cette réponse. Mais imaginons dans l’absolu que j’inonde le web de théories platistes en générant énormément de références et de contenus qui s’appuient sur des théories mathématiques, géodésiques et que mon volume de données répondant « Oui » à la question soit supérieur aux données répondant « Non », il serait possible que ChatGPT réponde « Oui ». On ne peut donc pas s’appuyer uniquement sur ChatGPT et l’humain est encore essentiel. Bien que ChatGPT semble profondément modifier les pratiques et questionne les impacts sur certains métiers : ingénieur.e, interprète, enseignant.e ; il faut néanmoins prendre du recul et voir ChatGPT comme un complément de l’humain, un « super assistant », à l’instar de Google ou d’un dictionnaire : ChatGPT va simplement plus vite et rédige.
Il est vraisemblable que ChatGPT fera partie de nos vies et n’oublions pas de maîtriser ces deux pratiques pour plus tard :
- L’art du prompt, c’est-à-dire la capacité à bien poser les questions à l’IA ;
- Fact checker les réponses pour être fiable dans l’usage des informations transmises.
L’auteur est Romain Sohier, Professeur Associé en Marketing Digital
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