« Une thèse ? Moi ?! Jamais ! » Sorti de 3 années d’école d’ingénieur et 2 ans de classes préparatoires, il était inenvisageable pour moi de poursuivre en thèse ! Trop long, trop de travail, coupé de la réalité, … autant de stéréotypes justifiant ce rejet. Je cherchais encore ma voie, j’étais en quête de sens et j’ai trouvé du sang. Un stage de fin d’étude passionnant à l’Etablissement Français du Sang (EFS) plus tard, l’opportunité s’est présentée et je l’ai saisie.
L’EFS quèsaco ?
L’EFS est l’unique organisme français en charge de la chaîne transfusionnelle depuis le donneur jusqu’au receveur. Ceci est valable au niveau national (DOM inclus), avec 15 subdivisions régionales comprenant en tout plus de 130 sites répartis en France. L’EFS est donc en charge de prélever un nombre suffisant de donneurs sur l’un des 127 sites fixes de collecte ou dans l’une des 40 000 collectes mobiles organisées chaque année pour répondre aux besoins.
Cet établissement prélève la plus grande diversité possible de produits sanguins (plaquettes, globules rouges, plasma), les qualifie (vérifie leur innocuité) et les stocke avant de les distribuer aux établissements de soins (hôpitaux, cliniques) qui les délivrent aux patients. Les conditions de stockage strictes et la criticité des produits imposent un suivi précis de chaque poche durant son cycle de vie pour assurer la traçabilité et s’assurer du respect de la chaîne du froid.
Plus d’1 million de colis transportés !
Pour que le sang des donneurs profite aux receveurs, l’EFS transporte donc chaque année plus d’un million de colis contenant des produits sanguins. Ils sont transportés entre -25°C et 22°C, partout en France, 24h/24 et 7j/7, sur la route, sur les rails et dans les airs. Pour organiser ces acheminements, l’EFS s’apprête à déployer un logiciel pour prévoir et tracer ces transports.
La connexion dans le sang
Les transports vont donc être prévus et tracés informatiquement, mais si pendant le trajet il y a du trafic ou un problème de température, que faire ? En se basant sur les principes du Physical Internet (http://physicalinternetinitiative.org/index.php), nous proposons de fixer des objets connectés dans les colis pour récupérer des données en temps réel.
Imaginons qu’un colis m’envoie l’information « je suis ici, il fait telle température » chaque minute. Surveiller ce qui arrive à ce colis n’est pas compliqué. Ce qui est compliqué en revanche, c’est d’en surveiller des centaines, et en même temps. Pour cela, je vais définir un algorithme de traitement des données récoltées en temps réel, pour construire une image de la réalité. En comparant cette image avec ce qui s’est passé en réalité, nous pourrons détecter automatiquement les anomalies et même, avec l’expérience, proposer des solutions : « Dans 90% des cas, si mon colis ne bouge pas dans cette zone pendant X minutes alors il y a tel problème, que l’on a résolu en général de telle manière. »
Et après ?
Cette thèse a lieu en entreprise. La problématique de l’EFS apporte à la recherche, à ma thèse, un cas d’étude réel avec ses contraintes, et la recherche apporte à l’EFS une expertise, des idées nouvelles. Par la suite, ces recherches pourront potentiellement s’appliquer à toute chaîne d’approvisionnement de produits sensibles ou urgents : produits sanguins, organes, médicaments, objets précieux, matières dangereuses…
Eux aussi ont tenté l’aventure de Ma thèse en 3 500 caractères !
[Ma thèse en 3 500 caractères] A la recherche de l’usine perdue en bord de Seine