compétences hard et soft
crédits David Morganti

Compétences hard et soft : « Killing me Softly… or Hardly ! »

L’accumulation et l’acquisition de connaissances sont indispensables dans les grandes écoles afin de former des professionnels compétents. Tout comme le fait de développer la capacité des étudiants à être acteurs et à vivre en société. Quel est alors le bon équilibre entre hard et soft skills dans nos institutions ?

Soft kills vs hard skills

Mettons les choses au clair : opposer soft et hard skills est un peu simpliste. Les recruteurs ont avant tout besoin de bons professionnels compétents. Savoir interagir avec les autres, collaborer et partager sont des dimensions que nous pourrions considérer comme la « cerise sur le gâteau ». Et, quitte à être à contre-courant, nous pensons que personne ne sait vraiment ce qu’il y a derrière l’appellation « soft skills ». Le fait même que l’on ait imposé un anglicisme traduit au mieux une vision vague, au pire un concept fourre-tout.

De la vertu du hard

Attention ! Il ne s’agit pas de laisser croire que la capacité à vivre ensemble ou l’intelligence collective sont inutiles. Le propos est plutôt de bien rappeler que l’on ne peut pas délaisser le « hard » au profit du « soft ». Les compétences pour assurer une bonne interaction entre les individus ou acteurs économiques sont évidemment importantes pour progresser dans son parcours professionnel et contribuer aux performances de l’entreprise. Avant, on parlait d’étiquette, de politesse ou encore de relations sociales. Autant de qualités qui, en plus des acquis techniques, créent indéniablement une valeur supplémentaire.

L’enseignement supérieur à l’assaut des compétences hard et soft

Au moment où la société perd ses repères et que l’héritage social accentue les différences dans la population, les grandes écoles comme les universités ont sans aucun doute le devoir d’associer formation technique et humaine. L’idée étant d’offrir une grammaire commune à tous les diplômés et qu’au bout du compte ils puissent atteindre leurs objectifs.

On évoque souvent le modèle anglo-saxon qui encourage la prise de parole, le leadership, l’occupation de l’espace, l’écoute. Des atouts indéniables que l’accélération technologique rend indispensable pour interagir avec une communauté.

La professionnalisation : cheval de bataille du modèle français ?

En France, la professionnalisation des étudiants constitue la meilleure approche que nous puissions offrir. En percutant la réalité du terrain, les futurs diplômés acquièrent naturellement des « soft skills ». Des compétences qu’ils peuvent ensuite formaliser avec les enseignants et leurs tuteurs pour en saisir la profondeur et leur caractère fondamental.

Gloire à l’apprentissage !

L’explosion de l’apprentissage est à cet égard une grande satisfaction pour les responsables de l’enseignement supérieur. La formule favorise naturellement l’acquisition de qualités comportementales indispensables tout en développant de réelles compétences techniques et métiers.

Les enseignants doivent eux-aussi cultiver l’intelligence émotionnelle, affective ou collective de leurs élèves. Premiers maillons de la chaine de valeur éducative, à eux d’assurer cet apprentissage dans la salle de cours, via le dialogue et l’autorité qu’ils représentent.

Apprendre, comprendre, agir et interagir

C’est le sens de la pédagogie proposée dans les grandes écoles de commerce. Si le savoir est une valeur cardinale pour les jeunes diplômés, c’est bien leur capacité d’écoute, de partage et d’adaptation mais aussi leur autonomie ou encore leur intelligence émotionnelle qui leur assureront un parcours plus harmonieux et plus évolutif et – au fond – davantage de bien-être au travail.

Toute la question est finalement de savoir valoriser et valider ses soft skills tout comme nous le faisons avec les hard skills. L’approche par compétences développée actuellement dans l’enseignement supérieur est certainement la meilleure voie à suivre. Mais il convient de penser dès maintenant à établir les référentiels nécessaires pour que les étudiants soient évalués sur les mêmes critères. C’est au prix de ce travail de fond, que les diplômes délivrés par les Grandes Ecoles auront plus de valeur aux yeux des recruteurs.

compétences hard et soft

L’auteur est Elian Pilvin, Directeur Général de l’EM Normandie.