Sylvain Schirmann, directeur de Sciences Po Strasbourg
Sylvain Schirmann, directeur de Sciences Po Strasbourg

Connaître les IEP

Les Instituts d’études politiques constituent l’un des fleurons de l’enseignement supérieur français. En dehors de caractéristiques communes concernant un large éventail de formation, la relation avec le milieu économique, la dimension internationale, une recherche de qualité et la démocratisation des enseignements, chaque IEP s’organise de façon originale en privilégiant les voies qui lui correspondent le mieux.

 

Sylvain Schirmann, directeur de Sciences Po Strasbourg
Sylvain Schirmann, directeur de Sciences Po Strasbourg

Le besoin d’équipements
Les bâtiments dont ces établissements disposent constituent un élément clé. Si Sciences Po Lille va intégrer de nouveaux locaux, la superficie totale des locaux de Sciences Po Bordeaux va augmenter de 6 800 m2 pour atteindre 15 200 m2 à la rentrée 2014. L’IEP de Toulouse déménagera en septembre 2015. Philippe Raimbault, directeur de Sciences Po Toulouse précise. « Cela nous permettra d’adapter les locaux de l’école qui passeront de 2 800 m² à 5 500 m². Nous pourrons ainsi développer une politique plus offensive en matière de formation continue, proposer de nouveaux parcours de formation et réunifier physiquement le laboratoire des sciences sociales du politique et l’école, la recherche étant un axe prioritaire sur lequel se fonde la pédagogie de notre établissement » Les nouveaux locaux de l’IEP Strasbourg vont passer de 4 000 m² à 12 000 m² en 2015. Sylvain Schirmann directeur de Sciences Po Strasbourg explique. « Nous pourrons ainsi accueillir jusqu’à 1 800 étudiants. Nous serons plus proches de l’ENA, ce qui va simplifier nos contacts, étant donné les nombreuses synergies existantes entre les deux écoles. Sur le plan pédagogique, cela nous permettra de diversifier les formations et d’offrir à nos étudiants de meilleures conditions de travail dans le cadre de petits groupes et d’un suivi individualisé. » Sciences Po Grenoble bénéficiera quant à lui d’ici fin 2014 de travaux de réhabilitation de l’existant ainsi que d’une extension de 1 500 m2.

 

La démocratisation des enseignements
Elle est à l’ordre du jour dans de nombreux IEP comme à Sciences Po Lille, très tôt investie dans cette dimension sociale. L’IEP de Rennes se caractérise par le taux de boursier le plus important de France (43 %). Patrick Le Floch, directeur de Sciences Po Rennes constate. « Pour atteindre ce résultat, nous avons mené des actions en amont par un programme d’étude intégré en terminale, par le dispositif « tremplin » et par le programme « opéra » inscrit dans les « cordées de la réussite ». Notre objectif est d’informer les lycéens, notamment en zone rurale où l’on remarque une autocensure des parents concernant les études longues. » A Toulouse, les efforts de démocratisation sont multiples. Philippe Raimbault précise. « Si en 2006, nous avons mis en oeuvre l’accompagnement dans un programme global « DISPO » (dynamique de l’innovation sociale et politique), labellisé Cordées de la réussite, nous avons été le 1er établissement de Midi-Pyrénées à signer la charte de la diversité. » En outre, le parcours « Politique/Discrimination/ Genre 1» forme aux métiers des luttes contre les discriminations. »

 

L’importance de la recherche et des entreprises
La recherche prend une dimension particulière à l’IEP Grenoble. Jean-Charles Froment, directeur de Sciences Po Grenoble constate. « Nous abritons le laboratoire PACTE (Politiques, Actions publiques et Territoires) du CNRS spécialisé dans les politiques publiques. C’est dans ce cadre que Sciences Po Grenoble a accueilli en juin 2013 la première conférence internationale sur les politiques publiques à laquelle 1000 chercheurs internationaux, parmi les meilleurs spécialistes ont participé. » Le laboratoire européen de Sciences Po Bordeaux, construit avec le CNRS et l’université de Stuttgart, traite de la comparaison des systèmes politiques et des sociétés en Europe. Vincent Hoffmann- Martinot, directeur de Sciences Po Bordeaux indique. « En 2012, l’IEP de Bordeaux est celui qui a obtenu le plus de contrats en volume financier global parmi les 9 IEP. Si le Centre Emile Durkeim réunit tous les politologues et sociologues de Bordeaux, LAM (les Afriques dans le monde), constitue le premier centre de recherche sur l’Afrique politique. »
L’IEP de Rennes soigne particulièrement ses relations avec les entreprises. Patrick Le Floch remarque. « J’ai créé une antenne à Caen qui porte sur le développement durable avec des partenaires de l’enseignement supérieur et du monde professionnel. Ce cursus complet, va accueillir des élèves issus des écoles d’ingénieurs et des profils Sciences-Po. » L’objectif est de former des jeunes à connaissance minima sur le plan technique qui pourront appréhender les modèles énergétiques de demain pour les faire accepter socialement.

 

La dimension à l’international
Elle fait l’objet de nombreux efforts de la part des IEP.
■ Si Sciences Po Lille propose 3 doubles diplômes intégrés en années alternées avec l’Angleterre (Kent), l’Allemagne (Munster) et l’Espagne (Salamanque), Sciences Po Grenoble dispose d’une offre exceptionnelle en recherche et en formation dans le domaine des relations internationales et européennes.
Jean-Charles Froment remarque : « A Sciences Po Grenoble, nous proposons quatre masters spécifiques : politique des organisations internationales ; Méditerranée et Moyen-Orient, Amérique Latine et Etudes européennes scindé en deux domaines (science politique de l’union européenne et gouvernance européenne). Ces enseignements se renforcent de façon régulière, notamment par le recrutement d’enseignants-chercheurs de très haut niveau. »
■ La marque de fabrique de l’IEP Lyon repose sur la dimension internationale.
Gilles Pollet explique : « Dans le 1er cycle, notre diplôme d’établissement (DE), préparé en 2 ans, a la particularité d’être centré sur différentes zones culturelles, ce qui oriente les étudiants pour leur 3e année de mobilité. Si près de 80 % des étudiants choisissent l’international pour leurs stages dans le cadre des 140 partenariats internationaux, 30 % des étudiants travaillent à l’étranger. »
■ Aix fait en sorte que ses formations puissent être exportées dans d’autres zones comme l’île Maurice, le Proche- Orient, l’Afrique sub-saharienne ou la Chine.
Christian Duval note : « Nous envoyons nos enseignants et nos conférenciers sur place. La maîtrise du e-learning nous permet de mettre en oeuvre et de conserver des liens pédagogiques avec ces pays. »
Sciences Po Aix développe également des doubles diplômes prestigieux (francoallemand, franco-russe, franco-chinois, franco-arabe, franco-américain).
■ La marque de fabrique de Sciences Po Bordeaux relève de l’importance accordée au métissage des formations à l’international.
Selon Vincent Hoffmann-Martinot : « Dès la 1ère année, nous offrons les filières intégrées au nombre de 6, en partenariat avec les universités de Stuttgart, Turin, Madrid, Cardiff, Coimbra et Casablanca. L’IEP Bordeaux qui propose également 4 masters binationaux, vient de créer un master avec l’université de Hankuk relations et les transferts entre l’Asie et l’Europe. »

 

Des formations originales
■ Si elles concernent tous les IEP, Sciences Po Aix a lancé des formations dans le domaine des ressources humaines, de la gouvernance d’entreprise ou encore de l’intelligence économique où on ne l’attendait pas. Christian Duval, directeur de Sciences Po Aix précise. « Nous allons bientôt proposer des formations autour du coaching et du leadership en travaillant avec une académie des coachs pour savoir comment adapter leurs techniques sportives à l’entreprise. Si la formation continue que nous dispensons concerne les cadres supérieurs des grandes entreprises, nous aurons l’année prochaine une quarantaine d’étudiants en alternance au niveau du master 2. »
■ Un des points fort de Sciences Po Lille repose sur l’articulation de son diplôme sur 5 ans entre deux cycles très complémentaires : un premier cycle pluridisciplinaire et accès sur la mobilité internationale ; un deuxième cycle de spécialisation. Pierre Mathiot, directeur de Sciences Po Lille note. « En 6e année, nous préparons ceux qui le souhaitent aux concours de la haute fonction publique (ENA, Quai d’Orsay, Collège de Bruges…). » Il constate également. « Les élèves qui intègrent l’ESJ, s’inscrivent également à Sciences Po pour obtenir le diplôme des deux écoles, ce qui augmente leur employabilité. »
■ L’IEP Strasbourg va diversifier son offre de formation initiale et continue par des préparations aux concours de l’administration publique (quai d’Orsay, les Assemblées, etc.). Il vient également d’intégrer l’Institut des Hautes Etudes Européennes qui deviendra le Centre des Etudes Européennes. Sylvain Schirmann rapporte. « Il se spécialisera dans plusieurs domaines : politiques publiques européennes ; acteurs de l’Europe ; questions de sécurité et de politique étrangère européenne ; coopération transfrontalière. » En outre, le pôle finance de cet IEP comprend 3 masters et une équipe de recherche reconnue dans ce secteur.
■ L’IEP de Lyon propose des enseignements de politique publique qui reposent sur une véritable expertise tel un master d’évaluation des politiques publiques ou encore un master co-développé avec l’école vétérinaire, sur les questions de politique publique de l’alimentation et de la gestion des risques sanitaires. Gilles Pollet, directeur de Sciences Po Lyon précise. « Dans la même perspective, nous avons développé un master sur la gestion des politiques de recherche avec l’ENS de Lyon pour former les nouveaux managers des politiques publiques de recherche. »

 

Patrick Simon