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Enquête – Covid-19 : Comment les jeunes envisagent-ils leur avenir professionnel ?

Qu’attendent les jeunes de leur avenir professionnel après la crise Covid-19 ? C’est LA grande question que se posent les entreprises pour attirer les talents, mais également les grandes écoles pour les accompagner au mieux. Un peu plus d’un an après le début de la crise, le Boston Consulting Group (BCG), la Conférence des Grandes Ecoles et IPSOS publient une étude sur la question. Tour d’horizon.

Quel impact a eu la crise de la Covid-19 sur les orientations professionnelles des jeunes talents ? A quels types d’emplois et formes d’organisation du travail aspirent-ils ? Alors que la crise a bousculé beaucoup de certitudes, l’étude du BCG, de la Conférence des Grandes Ecoles et d’IPSOS, réalisée auprès de plus de 2 000 étudiants et diplômés de grandes écoles françaises entre mi-mars et mi-avril 2021, donne un bel aperçu de ce que recherchent aujourd’hui les jeunes sur le marché du travail et dans leur premier emploi.

Des difficultés à se projeter vers l’avenir

Premier constat : l’impact important qu’a eu la Covid-19 sur les étudiants, que ce soit dans leurs études, leur premier emploi ou plus généralement, leur projet professionnel. 2/3 des étudiants interrogés disent en effet ressentir un sentiment de décrochage dans leur étude, ½  se disent inquiets pour leur insertion professionnelle mais seulement 1/5 remettent en cause leur projet professionnel.

« Il y a un sentiment général de sacrifice ressenti par ¾ des étudiants, explique Jean-Michel Caye, Directeur Associé senior au BCG. Les jeunes actifs semblent eux mieux préservés, même si 60 % des alumni ont l’impression que les jeunes ont été injustement montrés du doigt concernant la propagation de la Covid-19 ».

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Des résultats qui n’étonnent pas Laurent Champaney, Vice-Président de la Conférence des Grandes Ecoles et directeur d’Arts et Métiers ParisTech : « La scolarité dans les grandes écoles a été pas mal chamboulée et ce sur une durée assez longue, avec des changements réguliers et un manque de perspectives sur les semaines, voire les mois suivants, expose-t-il. A cela s’ajoute une vie étudiante parfois réduite à peau de chagrin qui peut en effet se traduire par une impression de décrochage, notamment pour ceux entrés en école en septembre 2020 ».

Covid-19 : La quête de sens en tête des aspirations professionnelles des jeunes

Cependant, malgré la crise, les schémas professionnels classiques demeurent et la quête de sens se renforce. « Paradoxalement, les jeunes sont de plus en plus exigeants envers les entreprises, recherchent du sens dans leur emploi et veulent se rendre utiles », introduit Jean-Michel Caye. A la question des critères primordiaux dans le choix d’un futur métier, les étudiants citent en premier l’intérêt du poste, l’ambiance et le bien-être et enfin, la nécessité d’être en phase avec ses valeurs. La rémunération arrive elle en 11e position. Classement similaire pour les alumni qui placent par contre les responsabilités en troisième position, à égalité avec l’équilibre vie pro vie perso.

Concernant la structure, les étudiants et alumni plébiscitent respectivement à 40 % et 36 %, les grandes entreprises. Les startups n’ont par contre plus vraiment la côte. 5 % des étudiants disent vouloir travailler en priorité dans une startup, contre 14 % en 2018. « Cela peut notamment s’expliquer par une peur de l’avenir », analyse Jean-Michel Caye. « La tendance à créer sa startup a été pas mal limitée durant la crise du fait d’une grande incertitude » complète Laurent Champaney.

Télétravail ou présentiel ?

Télétravail et jeunes talents ne font pas forcément bon ménage ! 33 % des étudiants disent vouloir télétravailler un jour ou deux par semaine et 34  % des alumni actifs opteraient pour deux jours.

Les jeunes prêts à faire des concessions…

L’environnement reste de loin le secteur d’emploi le plus prisé. 71 % des étudiants et 81 % des alumni souhaitent y travailler. Arrivent ensuite les énergies puis, en 3e position, l’humanitaire pour les étudiants et le conseil pour les alumni.

Et pour décrocher un job porteur de sens, 60 % des talents sont prêts à prendre des postes plus précaires. Les jeunes actifs sont même prêts à baisser leur salaire de 12 % en moyenne. « Privilégier l’ambiance et les valeurs de l’entreprise à la rémunération n’est pas nouveau. Mais les jeunes vont par contre avoir des attentes très fortes sur les aspects environnementaux, développement durable, responsabilité sociétale de l’entreprise, analyse Laurent Champaney. C’est même parfois excessif ! En effet, ils se font une opinion sur une entreprise avant même de la connaitre. Dans les écoles, nous devons faire un gros travail d’information pour que les étudiants et entreprises apprennent à mieux se connaitre. » Pour 86 % des jeunes en effet, les grandes entreprises sont les plus à même de changer les choses. Mais pour 54 % des étudiants et 51 % des alumni, cet engagement est vu comme de l’opportunisme. 

Au-delà des engagements de l’entreprise, l’utilité perçue de chacun est le premier levier de motivation. 25 % des étudiants et 33 % des alumni disent qu’avoir une visibilité sur l’intérêt de leur taches et en quoi elles participent à la performance de l’entreprise est une priorité.

Entreprises : comment attirer les talents ?

Avec le retour de la croissance et les objectifs à atteindre, notamment sur le digital, la guerre des talents va reprendre entre les entreprises ! C’est l’analyse faite par Vinciane Beauchene, Directrice Associée au BCG. « On va observer à la rentrée un mouvement sur le marché du travail, notamment côté jeunes diplômés et jeunes actifs. Les entreprises qui auront lancé une réflexion sur les thématiques de RSE, de durabilité, de réorganisation du travail auront plus de chance  de retenir les talents et de les attirer ». Alors sur quelles priorités les organisations doivent-elles travailler ?

La réputation employeur et le processus d’intégration des jeunes dans l’entreprises. « Les règles du jeu changent avec le télétravail, les évolutions des modes de travail… Une vraie réflexion spécifique est à mener ».

– La question des modes de travail. L’intérêt du poste et les missions sont la priorité n°1 pour les jeunes.  « Il faut alors penser la façon de travailler en interne : flexibilité, mode d’organisation, distanciel ou présentiel, mise en place de plus petites équipes intégrant une diversité de compétences et plus d’autonomie sur le terrain, etc ».

– Le modèle de leadership. « Dans un climat de défiance par rapport à la sincérité des entreprises sur les actions qu’elles mènent, le manager doit rassurer et incarner la nouvelle stratégie ainsi que les valeurs de l’entreprises. »

– La capacité à offrir des opportunités de développement pour les jeunes. « Dans un contexte d’obsolescence accélérée des compétences, les entreprises doivent offrir des mécanismes de développement de compétences aux salariés et ce tout au long de leur vie. »