Intégration au sein de l’Université Paris-Saclay, déménagement à Palaiseau, apports de l’institution aux enjeux mondiaux de l’agriculture, de l’alimentation et de l’environnement ; la période est stratégique pour AgroParisTech. Une journée aux côtés de son directeur depuis 2011, Gilles Trystram, est l’occasion de découvrir comment l’école relève ses défis sous la houlette d’un scientifique aussi rigoureux qu’attentif aux individus.
5h00 Travail à la maison. Debout dès 4h30, Gilles Trystram consacre ses premières heures à la lecture de documents, à l’écriture de notes, à la réflexion. Pour le directeur, le temps de réflexion et de prise de recul est aussi rare que nécessaire pour emmener son institution vers demain.
6h30 Arrivée à AgroParisTech et poursuite du travail de gestion des dossiers.
8h00 Rencontre avec les responsables de l’association des alumni. « Nous travaillons main dans la main avec la Fondation AgroParisTech cofondée ensemble en 2012 », précise Gilles Trystram. Les partenaires entendent lever 1M€ en 2019. « Nous partageons la conviction qu’AgroParisTech et sa communauté sont porteuses de valeurs et les défendent. La Fondation en fait la promotion et soutient 25 à 30 projets par an porteurs de ces valeurs. Parmi ceux-ci : Agromigrateur qui vient en aide à des réfugiés ou Sea Plastics pour réaliser des prélèvements en Méditerranée.
Au menu du jour : la construction d’une résidence de 130 chambres à Palaiseau. L’école déménage en 2021 dans le cadre de la construction de l’Université Paris-Saclay. Le directeur a demandé 1 000 places à Palaiseau. « Nous devons à la fois consolider notre capacité de logements et tenir compte de la diversité de nos étudiants et de leurs moyens financiers. »
business et dirigeants
Une école au cœur et acteur de l’Université Paris-Saclay
Les alumni en profitent pour interroger Gilles Trystram sur l’Université Paris-Saclay. « Tout l’enjeu pour AgroParisTech est de rester ce qu’elle est, une grande école, de jouer sur le rapprochement au sein d’une Université ; et d’y impulser les axes de formation et recherche liés à ses domaines de l’agriculture, de l’environnement, de la santé et de l’alimentation. » Le directeur a aussi précisé aux alumni « qu’en tant qu’institut national, nous restons engagés auprès de nos autres partenaires comme l’INRA avec lequel nous partagerons notre bâtiment de Palaiseau, l’Université de Lorraine ou Agreenium. »
9h30 Entretien avec une candidate pour le poste de directrice de la communication. L’école a reçu plus de 30 candidatures. 10 personnes ont été reçues. Le directeur décrit les 3 misions qu’il confie à sa dir’ com : « missions cœur, relations extérieures/institutionnelles, et prendre des positions pour représenter le DG». Et explique être « très attaché à un fonctionnement collégial, et dans la transparence ».
Les individus au cœur du changement
Le rôle de la communication est crucial avec le déménagement à Palaiseau. « Nous suivons individuellement les 500 personnes concernées en Ile-de-France (sur les 800 effectifs totaux d’AgroParisTech, NDLR). » Les individus « ceux qui font ce qu’est et sera l’école » est la première priorité de Gilles Trystram, « ce qui me touche le plus ». Sa seconde préoccupation est « ce qu’est l’école et ce qu’elle sera demain. Il ne faut pas être happé par l’opérationnel, il faut prendre de la hauteur et être clair sur la vision d’AgroParisTech demain, et au sein de l’Université Paris-Saclay. » Gilles Trystram se félicite de la chance d’avoir des équipes engagées et solides dans ce contexte.
11h00 Point téléphonique avec deux chercheurs. Le directeur évoque un projet de recherche partenariale autour du goût sucré. « Le sujet est polémique, nos chercheurs sont toujours et à juste titre, attentifs à leur indépendance scientifique, à l’éthique de l’usage de leurs travaux. Les contours de ce partenariat doivent donc être définis avec soin. » Gilles Trystram rappelle aussi que pour « former à des métiers et compétences que nous ne connaissons pas encore, notre proximité avec le monde socio-économique est clé. »
11h30 Gestion des mails, signatures.
12h00 Déjeuner de travail avec les présidents de département, autour de 5 sujets.
La rédaction d’une note sur l’enseignement de la biologie au lycée dans le cadre de la réforme du bac. Pour Gilles Trystram c’est une science reine pour aborder la complexité, la diversité, l’incertain et l’aléatoire, développer ses qualités de rédaction et de synthèse. Il demande aussi à ses directeurs de monter un groupe de travail sur le recrutement des CPGE issus du nouveau bac.
L’Université Paris-Saclay. Elle sera composée de 12 à 15 graduate schools. L’une sera coordonnée par AgroParisTech. « Certains membres souhaitent donner le nom de leur établissement à la graduate school qu’ils pilotent. Est-ce opportun pour nous ? » demande-t-il à ses directeurs. La réponse est claire, non en conservant l’acronyme déjà choisi et explicite : BAASE pour biologie, agriculture, alimentation, société et environnement. « Il faut éviter la confusion entre la graduate school et notre établissement qui est un institut national et ne se résume pas à son implantation à Palaiseau » insiste Gilles Trystram.
Les directeurs évoquent la situation de professeurs impliqués au sein d’AgroParisTech mais non rattachés à l’institution. « J’aime l’idée de professeur ambassadeur » a proposé Gilles Trystram.
Les directeurs passent en revue les demandes de postes par département pour 2019.
Gilles Trystram redemande à chacun la plus grande attention vis-à-vis des équipes en cette période de changements.
14h10 Point téléphonique avec les coordinatrices des mécènes industriels du projet de recherche sur le goût sucré. Il est convenu de prendre le temps de re-présenter le projet aux chercheurs et d’affiner les contours du consortium.
15h00 Echanges avec l’association Arbre de fer. Elle gère l’arboretum du site de Grignon. AgroParisTech conservera à Grignon les 400 hectares de la ferme et la laiterie.
15h30 Gilles Trystram prépare un rendez-vous avec des étudiants. Ils lui présenteront leur projet d’organisation d’un Grand Débat National. « Je suis très heureux qu’ils se sentent responsables en tant que futurs ingénieurs et citoyens. » Une ONG a par ailleurs contacté Gilles Trystram pour participer à un débat sur l’alimentation. « Il est essentiel qu’AgroParisTech soit reconnue comme un acteur neutre et compétent pour participer aux débats sur les questions de science et société. »
16h30 Rendez-vous à l’HCERES. AgroParisTech fait partie de la vague des établissements évalués cette année. « Nous avons mené notre auto-évaluation en 2018, entrant dans le détail de toutes nos dimensions. » Ces éléments en main, Gilles Trystram se rend à l’HCERES accompagné de sa responsable audit/qualité pour préparer les 3 jours d’audit au sein de l’école.
Le directeur souhaite que le travail sur la qualité soit audité. « Nous sommes très engagés en la matière. Par souci de pilotage et de suivi, mais aussi de labellisations qui pourraient être un atout pour postuler à des appels d’offres internationaux. » L’HCERES auditera les 10 politiques clés de l’institution en matière de formation et de recherche. « Il est toujours intéressant d’avoir un regard extérieur et des recommandations sur notre fonctionnement. »
ParisTech demain AgroParisTech travaille à deux niveaux avec les écoles de ParisTech. L’échange de bonnes pratiques et de connaissances, la réflexion sur ce que doit être ParisTech demain. Gilles Trystram préside la commission enseignement. « Observer comment d’autres font à l’échelle de ParisTech, c’est un peu l’étalon de grandes écoles scientifiques qui forment des ingénieurs à la française pour l’industrie et les entreprises. » Et demain ? Pour Gilles Trystram le principal atout est d’être un vecteur de développement à l’international en coopération, forte d’une notoriété déjà ancrée.