Environnement. Les experts s’accordent à dire qu’il y a le feu à la planète. Mais les citoyens sont-ils prêts à changer de vie ? Enquête.
L’écologie, l’étude des interactions entre les êtres vivants et leur milieu, a le vent en poupe. Loin d’être réservé aux spécialistes, ce thème de société, ancré dans le réel, pousse les individus à s’interroger sur leur mode de vie. Chaque jour ou presque apporte son lot de scénarios catastrophes et de rapports alarmistes. Et malgré l’hiver glacial qui a sévi en Europe et aux Etats-Unis, les experts affirment que le réchauffement de la planète est en marche. Une vérité scientifique censée réveiller les consciences et placer chaque citoyen face à ses responsabilités. C’est d’ailleurs l’une des missions du Ministère de l’Ecologie et du Développement Durable (MEDD). Créé en 1971, il gère le changement climatique, la protection de la biodiversité et le contrôle de la pollution. Mission impossible ? Pas sûr, à voir le nombre de lois votées depuis plus de trente ans. Mais face à l’accélération des dangers environnementaux, le Ministère a clairement fait de l’information et de la sensibilisation des citoyens une priorité. La nomination au mois de novembre dernier de Nathalie Kosciusko-Morizet, à la tête de ce ministère, est un signe fort envoyé à tous les écologistes. Rapporteur de la charte de l’environnement, elle milite depuis de nombreuses années pour que les dirigeants politiques et les citoyens adoptent des comportements responsables et durables. Guillaume Sainteny, ancien Directeur des études économiques et de l’évaluation environnementale au Ministère de l’Écologie, estime que les campagnes d’informations ont un effet positif sur le grand public : « Pour que les gens agissent durablement, il faut que cela leur paraissent facile. Moi le premier, je trie mes ordures parce que ça ne me fait pas perdre plus de temps dans la journée. Si chaque Français éteint la lumière en sortant d’une pièce, on aura besoin de moins de centrales thermiques, on émettra moins de CO2, ce qui limitera le réchauffement climatique. » Mais l’État n’est pas le seul à faire la morale aux consommateurs. La littérature abonde sur le « bien vivre écolo » et le Web s’y est mis tout naturellement. Un seul clic de souris permet de connaître le geste écologique correspondant à chacune de vos activités quotidiennes : faire les courses, aller au travail, laver la vaisselle, se laver…
Pour que les gens agissent durablement, il faut que cela leur paraissent facile.
Des mots et des actes
Les Français seraient-ils plus réceptifs qu’auparavant ? Christine Pellé-Douel en est convaincue. Dans son guide pratique (Voulez-vous changer de vie, Le Cherche Midi), elle donne des conseils pour dépenser moins en consommant utile : « Je réduis au maximum le nombre d’emballages et j’utilise au maximum mon vélo. Mais ma démarche personnelle s’inscrit dans un contexte global. Depuis cinq ans, une conscience écologique, politique et philosophique a émergé. Le phénomène va s’accélérer dans les dix prochaines années. » Pour la fondatrice des Verts, Dominique Voynet, la prise de conscience des Français progresse : « J’en prends pour preuve l’obsession des publicitaires à mettre en avant les qualités environnementales ou naturellesde leurs produits, au-delà de toute sincérité d’ailleurs. Mais il faut qu’elle se traduise par des actes et des choix. » L’ancienne ministre rappelle qu’il nous faut changer d’imaginaire et ne plus considérer que le bonheur est synonyme de consommation effrénée. Au final, si les citoyens sont de plus en plus sensibles à ce thème, le changement des mentalités ne peut pas se faire en quelques années. « Souvenez-vous du temps qu’il a fallu pour imposer l’idée même de l’effet de serre alors que c’est la première des priorités, assure Guillaune Sainteny. Il y a encore quatre ans, dès que j’en parlais à un homme politique, il me faisait comprendre que je l’ennuyais profondément ! » Consommer autrement est désormais de l’ordre du devoir moral. Car on ne peut être protégé dans son environnement personnel en étant déconnecté du reste de la planète.
F.B.