Seloni Doctor sélectionne les bananes à la station de conditionnement Tierra Fria. Cette dernière fait partie de la coopérative BANELINO, certifiée Fairtrade/Max Havelaar et située au nord-est de la République Dominicaine. Copyright : James Rodrigue

Développement durable… et équitable

Si le locavorisme fait de plus en plus d’adeptes en France, difficile de consommer du café ou du chocolat local lorsqu’on habite en métropole. Mais rassurez-vous : grâce au commerce équitable, votre dose de caféine ne vous fera tomber dans les écueils de la mondialisation.

 

Devenez complices d’un commerce plus juste ! Voilà ce que propose l’association Max Havelaar aux consommateurs de ses produits équitables. « Nous voulons transformer le commerce pour éviter de toujours utiliser les producteurs, « les invisibles », comme variable d’ajustement des chaines d’approvisionnement mondiales » insiste Blaise Desbordes, directeur général de Max Havelaar. Une démarche vertueuse qui passe par une labellisation rigoureuse. « Pour être labellisé, le producteur doit mettre en œuvre les pratiques de notre cahier des charges concernant les droits des travailleurs, les règles environnementales, un juste prix payé à la vente de ses produits… Tous les échelons par lesquels passe son produit (importateurs, transformateurs…) doivent également être certifiés. Soit près de 5 000 entreprises dont 1 600 organisations paysannes ».

 

Acheter un produit équitable, ça change quoi ?

« Ça change tout ! Les consommateurs français n’ont pas la moitié de la conscience de leur puissance ! Sur un marché de la consommation extrêmement tendu, toute nuance dans les courbes de vente est un message fort. Ce choix économique à plus de puissance qu’un bulletin de vote, ça peut changer le monde ! » annonce Blaise Desbordes. Et à en croire les chiffres, le monde est effectivement en train de changer. Pour preuve, 10 % du cacao mondial sont ainsi certifiés Max Havelaar (soit 450 000 tonnes produites par 140 000 planteurs) et 1 million de tonnes de bananes sont produites en équitable dans le monde. 4 bananes sur 10 vendues au UK sont même issues de cette filière.

Des produits revendus par des PME et des magasins spécialisés bien sûr, mais aussi par des marques de distributeur, nombreuses à prendre la voie de l’équitable aujourd’hui. « Cette année, Monoprix a décidé de basculer les 27 références de ses tablettes de chocolat de marque distributeur en équitable. Depuis 2019, 100 % des bananes vendues dans les magasins de l’enseigne sont équitables, un mouvement que devrait aussi suivre ses références de café. »

 

Equitable, pour tous

Une démarche impulsée par des consommateurs de plus en plus engagés. Selon le récent baromètre de la transition alimentaire réalisé par Opinionway pour Max Havelaar, la première motivation des Français à consommer « responsable » est de soutenir les agriculteurs et producteurs à (59 %), devant les considérations environnementales (53 %) et la santé (54 %). « Le juste prix payé au producteur est devenu cette année le critère numéro 1 des consommateurs, y compris dans les classes les plus populaires. Le commerce équitable ce n’est pas que pour ceux « qui ont les moyens ». Local, bio ou équitable : 7 % de la population consomment toutes les semaines des produits répondant à ces trois critères et 60 % consomment toutes les semaines des produits répondant à au moins un des trois critères. »

 

« En déplaçant un centime on déplace des montagnes »

Seul obstacle subsistant au développement massif de l’équitable, le seuil psychologique. « La banane fait partie des produits d’appel des supermarchés. Il faut aider les consommateurs à dépasser le seuil psychologique induit par le kilo de bananes à 0.99 €. Consommer des bananes équitables revient à  une dépense supplémentaire annuelle de 4 € par foyer. Avec quelques cents, toute une filière peut changer » conclut le président de Max Havelaar France.

C’est qui le patron ?! Beurre, lait, œuf, compote, jus de pomme : et si vous preniez le power sur ce que vous achetez dans votre supermarché ? C’est ce que proposent les marques de consommateurs comme C’est qui le Patron ? Créée en 2016, elle propose aux consommateurs de réaliser collectivement le cahier des charges d’un produit, de le faire fabriquer comme ils le souhaitent et de le faire commercialiser au juste prix. Déjà 30 références, 3 000 producteurs, près de 10 000 sociétaires, 14.7 millions d’acheteurs réguliers ou occasionnels et  (presque) pas de de pub : pari osé mais pari gagnant.