L’Agirc-Arrco, régime de retraite complémentaire de l’ensemble des salariés du secteur privé de l’industrie, du commerce, des services et de l’agriculture, poursuit son processus de transformation numérique. Sa DSI recrute et recherche naturellement des talents aux compétences novatrices. Explications avec son directeur Thierry Diméglio (IUT Génie Electrique Marseille/Saint-Jérôme 85).
L’Agirc-Arrco reste méconnue des étudiants. Que se cache-t-il derrière ce régime singulier ?
L’Agirc-Arrco est le régime de retraite complémentaire à points de tous les salariés du secteur privé de l’industrie, du commerce, des services et de l’agriculture, cadres et non cadres. 27 millions de salariés et 1,8 million d’entreprises cotisent par an ! Avec 68 milliards d’euros de réserves gérées de façon responsable, le régime est également un sérieux investisseur institutionnel qui s’illustre par l’absence de dette. En ce sens, les partenaires sociaux qui pilotent à 15 ans ce régime autonome contributif et par répartition ont pour règle d’or que l’Agirc-Arrco détienne six mois de réserves minimum afin d’être en capacité de payer à tout moment six mois de cotisations. Cette gestion pérenne de « bon père de famille » donne ainsi de la confiance aux jeunes diplômés qui arrivent sur le marché en doutant de pouvoir toucher leur retraite un jour. Le principe de solidarité intergénérationnelle est en effet une des clés de voûte de ce système.
Directeur de la DSI, c’est avant tout un parcours mais aussi de grandes responsabilités. Dites-nous en plus.
Après un début de carrière dans le monde digital de la presse au sein de l’entreprise américaine, DuPont de Nemours, j’ai accepté un poste au sein du GIE GICR 2000 pour développer, dès 1997, le GICR 2000 – un des soixante logiciels spécialisés à l’époque dans la retraite complémentaire, chargés de façonner une convergence informatique entre plusieurs groupes de protection sociale. Les équipes du GICR 2000 ont ainsi intéressé l’Agirc-Arrco pour concevoir l’Usine retraite, le système d’information unique pour la retraite complémentaire basé sur un code source unique. Ce dernier perdurera jusqu’en 2015, avant de passer à l’étape centralisation du SI sur la décennie 2015-2025, qui conduit à un système complet, centralisé, basé sur des techniques du monde ouvert. Durant ce laps de temps, j’ai été nommé DSI de l’Agirc-Arrco en 2013. Mon rôle est de décliner la stratégie actée par les partenaires sociaux dont nous dépendons. On ne parle pas ici d’une stratégie d’attaque de marché. Je me vois plutôt comme un patron opérationnel capable de manager une équipe très structurée (1 300 ETP) et de piloter de grands programmes très importants. Ce qui sous-entend de s’impliquer directement dans les opérations si le besoin s’en fait sentir. Le but est d’apporter le meilleur service à nos clients, avec une efficience maximum.
Un projet phare à mettre en avant pour les jeunes talents ?
En 2024, nous allons amorcer la construction d’un service de préparation à la retraite augmenté s’appuyant sur de l’IA, du big data, de l’analyse de la donnée et notre simulateur de retraite. Ce projet est susceptible d’intéresser les talents, qu’ils soient alternants ou diplômés. J’aimerais également évoquer le volet social de l’Agirc-Arrco qui a mis en place un programme de soutien à destination des aidants. A la DSI, nous développons des solutions pour gérer l’action sociale et permettre aux aidants d’identifier les aides qu’ils ne connaissent pas alors qu’ils y sont éligibles. Cette initiative est vraiment porteuse de sens.
Quid du green IT dans ce virage numérique ?
Concernant la question du numérique responsable, nous avons conçu notre data center à Gradignan dans une démarche HQE, sachant que nous valorisons dans le même temps l’éco-patrimoine. Nos données demeurent en effet dans l’Hexagone, tout comme nos prestataires. Cela répond ainsi à cette logique de protection sociale. Par ailleurs, nous insistons sur l’écoconception de nos programmes, en matière de stockage par exemple, mais aussi sur la réaffectation du matériel. Les ordinateurs portables sont ainsi utilisés plus de trois ans et partent ensuite à la Croix-Rouge une fois sortis de leur cycle de vie.
Cette transformation rime-t-elle avec sang neuf ?
Les opportunités sont légion à l’Agirc-Arrco pour les stagiaires, les alternants et les jeunes diplômés car notre DSI entend largement diminuer l’usage de la sous-traitance. Nous visons 70 % de salariés en 2027 contre 50/50 actuellement avec un plan de recrutement acté de 120 personnes entre 2024 et 2025. Parallèlement, nous essayons de promouvoir au maximum les profils féminins qui représentent actuellement 30 % de nos effectifs. Concrètement, nous recherchons dans tous les métiers propres à la DSI. Et cela, sur nos cinq bassins d’emplois : Gradignan (33), Aix-en-Provence, Lyon, Saint-Jean-de-Braye (45) et Paris.
On parle de plus en plus de hard skills et de soft skills mais quels profils sont susceptibles de vous séduire ?
Naturellement, le bagage technique est important chez un postulant. Néanmoins, si celui-ci présente un savoir-être, une réflexion, une curiosité et surtout, un réel bon sens, son profil attirera assurément mon attention. Dans une balance soft skills / hard skills, je serais tenté de sélectionner un profil qui penche un peu plus sur les softs skills, si l’éventualité se présente.
Quid de votre politique de formation interne ?
Chaque recrue passe par un cycle de formation. D’abord spécifique à la retraite complémentaire, puis des formations techniques, afin qu’elle se familiarise à notre environnement, à nos AGL (Ateliers de génie logiciel) et à nos normes et standards. C’est simple, il faut six mois pour qu’une personne soit vraiment opérationnelle chez nous. En ce sens, nous misons beaucoup sur la voie de l’alternance (20 actuellement à la DSI) qui présente un taux de conversion à l’embauche très important. Globalement, la richesse fonctionnelle et technologique que l’on propose permet de grandes évolutions en interne, et cela dans tous les domaines.
Comment l’Agirc-Arrco participe positivement à l’Humanité augmentée ?
Je m’appuierais sur le cas d’une personne proche ou non de la retraite souhaitant savoir, en fonction de son évolution de carrière, ce qu’elle touchera à la retraite via notre simulateur. Ce service, sur lequel nous allons plancher dès cette année, est un mix entre l’analyse de la donnée existante et un peu d’IA, par rapport à des facteurs que l’on peut intégrer dans l’équation. Une personne peut par exemple se demander : que pourrais-je faire pour changer de vie ou de carrière ? Les possibilités de projection pour la retraite avec un changement de trajectoire professionnelle sont alors possibles : prendre un poste à mi-temps, un job de freelance, etc. On ne parle plus de projection de retraite mais plutôt d’une simulation d’un nouveau modèle de vie. Ce cas de figure est également valable pour les personnes qui ont travaillé longtemps à l’étranger. Les mécanismes qu’il faut utiliser pour pouvoir reconstituer ses droits, et donc évaluer sa retraite, sont extrêmement complexes.
Focus sur le programme Résilience de la DSI
La DSI poursuit la modernisation de son SI mais aussi de ses infrastructures de production et des procédés de travail de ses équipes. Cette ligne directrice repose sur une résilience, impérative pour améliorer la cybersécurité et le niveau de service rendu. Elle a ainsi lancé sur la période 2023-2026 un programme doté de plusieurs dizaines de milliers de jours-hommes. Le but ? Intégrer les nouvelles fonctionnalités réglementaires, développer les e-services et la relation client omnicanale mais aussi l’interopérabilité entre les régimes de retraite, tout en optimisant la résilience du système !
L’Agirc-Arrco en chiffres c’est : Une DSI dotée d’1 budget annuel de 260 millions € et de 1 300 ETP / 27 millions de cotisants par an / 1,8 million d’entreprises / 13 millions de retraités payés chaque mois
Contact : csolignac@agirc-arrco.fr Page LinkedIn de la DSI Page carrière Mail RH