Basé à Toulon et à Brest, DGA Techniques Navales est le centre de la Direction Générale de l’Armement (DGA) chargé d’apporter l’expertise et les moyens techniques pour les programmes navals (sous-marins, porte-avions, frégates…). Au cœur d’un centre de haute technologie, son directeur, Nicolas Drogi (X 93, ISAE-Supaéro 98, MS Stanford), décrit les innovations de demain et les challenges que pourront relever les X.
Quelles sont les missions de la DGA ?
Nous avons quatre grandes missions. Tout d’abord, la fourniture du matériel militaire aux forces armées qui représente 15 milliards d’investissements tous les ans. Ensuite, le développement de nouvelles technologies et l’innovation, pour lesquelles 1 milliard d’euros sont investis tous les ans. La troisième mission consiste à soutenir l’industrie de défense qui représente 5 000 entreprises et 200 000 emplois directs. Quatrième mission : l’international avec la promotion de coopérations internationales et le soutien aux exportations d’armement qui ont atteint 27 milliards d’euros en 2022.
Quels outils et défis technologiques uniques au monde développe-t-elle ?
Ils sont nombreux mais je citerais le plus emblématique : le sous-marin nucléaire lanceur d’engins, un objet extraordinaire ! Il s’agit en effet d’un appareil d’une centaine de mètres de long dans lequel il faut embarquer un équipage d’une centaine de personnes pouvant vivre en autonomie sous l’eau pendant plusieurs semaines. Il faut en plus y faire entrer une centrale nucléaire pour la production d’énergie ainsi que 16 pas de tirs pour lancer les missiles balistiques. Ces sous-marins sont aussi bourrés de systèmes numériques et de capteurs en tout genre, ils incarnent sans doute le plus grand défi technologique existant actuellement.
Outre ces défis technologiques, que pouvez-vous apporter à vos jeunes recrues ?
Nous essayons de fournir au personnel la meilleure qualité de vie au travail avec des bureaux confortables, des outils performants et modernes. Nous nous attachons à leur donner toute la flexibilité possible avec le recours au télétravail, que ce soit pour les civils ou les militaires. Nous sommes sur un rythme de travail qui cherche à préserver l’équilibre entre vie professionnelle et personnelle avec une semaine de quatre jours et demi.
Nous sommes aussi très attachés au rayonnement de la DGA. Dans ce cadre, nous avons mis en place des partenariats avec l’Université de Toulon et les écoles d’ingénieurs locales, afin d’accompagner la formation des élèves ingénieurs. Hors du cadre militaire, nous réalisons des actions plus ponctuelles, comme des fresques décoratives avec l’école d’art de Toulon, une exposition sur la DGA en collaboration avec le musée de la Marine ou encore des partenariats d’évènements sportifs.
Comment Polytechnique a nourri le leader que vous êtes devenu ?
Le service militaire met au contact du terrain, apprend à être en relation avec des équipes et des personnes avec des profils très différents du nôtre. C’est d’une grande valeur puisque ça apprend l’humilité. C’est très utile quand on doit manager, écouter les autres et se remettre en question. L’autre aspect, beaucoup plus technique, est la capacité d’analyse et de synthèse que nous acquérons tout au long de la scolarité à l’X. Cela permet de prendre des décisions sur des sujets complexes, sans avoir tous les éléments pour les prendre de façon nette, évidente et tranchée.
Quels souvenirs de Polytechnique restent toujours gravés en vous 30 ans après ?
D’abord, l’exigence. Car l’X est une école qui se mérite après un concours difficile et qui reste exigeante tout au long de la scolarité. Les valeurs ensuite : l’engagement, la responsabilité et la notion du collectif. Un militaire ne gagne pas une bataille, seul, c’est la même chose pour un dirigeant : ce qui compte, c’est l’équipe. Si je pouvais remonter le temps, je me dirais de profiter de tout ce que peut offrir cette école exceptionnelle et qu’il ne faut pas hésiter à oser ! L’X ouvre plein de portes et il faut saisir les opportunités – quitte à prendre des choix risqués – pour ne pas avoir de regrets.
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