Aujourd’hui, les business schools ne peuvent plus penser leurs formations sans y inclure les questions de croissance durable. Le but ? Former de futurs managers qui s’engageront en entreprise pour la croissance durable. La preuve, en 2024, figurer au classement Les Echos START/ChangeNOW qui distingue les écoles les plus engagées dans la transition écologique est aussi important que d’être classé parmi les meilleures business schools. Décryptage.
Selon la dernière enquête de la Conférence des Grandes Ecoles (CGE), 87,7 % des diplômés des écoles de management sont en emploi moins de six mois après leur diplôme. 88,1 % sont en CDI, avec un salaire moyen de 39 332 € pour leur premier emploi (en hausse de plus de 1 000 € par rapport à l’année dernière), marqueur de la stabilité offerte par ces écoles. Leurs trois secteurs chouchous ? Les sociétés de conseil, suivies de la banque-assurance et des TIC services. Des fonctions qu’ils exercent très majoritairement en Ile-de-France, même si un diplômé sur neuf fait le choix de débuter sa carrière à l’international. Mais quelle que soit l’école qui les a diplômés et le secteur qu’ils ont choisi pour débuter leur carrière, les futurs managers fraîchement sortis des bancs des grandes écoles ont aujourd’hui un point commun ô combien fondamental dans notre société actuelle : une volonté d’inclure la RSE dans leur vie professionnelle et, surtout, d’avoir les bonnes cartes en main pour y parvenir. En effet, signe que le virage durable pris par les business schools il y a quelques années porte déjà les fruits, la RSE est présente dans 43,3 % des premiers postes des jeunes diplômés des business schools et 57,7 % des jeunes managers recrutés à des postes en lien avec l’environnement déclarent avoir acquis les compétences en matière de transformations environnementales, utiles pour occuper leur emploi. Logique puisque les questions de DD&RS sont aujourd’hui un passage obligé des formations des business schools, et plus particulièrement des PGE, au même titre que l’hybridation, l’international, l’innovation technologique et pédagogique, le luxe et les programmes axés sport. Une volonté qui se retrouve également dans les plans stratégiques des écoles.
Pour Benjamin Ferran, responsable RSE et développement durable de MBS, élue 2e meilleure école pour changer le monde selon le classement Les Echos START/ChangeNOW derrière l’ESSEC, cette volonté d’école plus verte se retrouve bien dans toutes les business schools. « Ce n’est pas un sujet de mise en concurrence. Nous faisons chacun les choses à notre mesure et en fonction des outils dont nous disposons. L’idée est que tout le monde avance ensemble et puisse partager des bonnes pratiques. C’est en tout cas la dynamique qui existe au sein du groupe développement durable de la Conférence des Grandes Ecoles où nous échangeons avec d’autres collègues dans un but collectif. » L’école mène d’ailleurs deux projets qui vont dans ce sens : l’ouverture d’un nouveau campus prévu pour la rentrée 2026 qui a déjà obtenu le Label Bâtiment Durable Occitanie niveau Argent et qui récompense son engagement éco-responsable et la mise en place prochaine d’un comité de missions afin de devenir société à mission. Si le projet aboutit, elle rejoindra notamment TBS ou encore Grenoble Ecole de Management dans la liste des écoles devenues société à mission.
Cap sur la croissance durable pour les business schools
Les exemples d’engagements en faveur de la DD&RS fleurissent dans toutes les écoles ces dernières années. A HEC Paris, c’est le curriculum de la Grande Ecole qui a été réformé à la rentrée de septembre 2023, sous le signe « de la transition écologique, de l’engagement citoyen et de la contribution aux grands défis sociétaux ». Le but : donner les clés à ses étudiants pour qu’ils s’engagent et se confrontent aux réalités du climat, de la société et de l’entreprise. Concrètement, tous les étudiants de première année suivront le parcours Engagement dont le but est de réfléchir à leur engagement au service de la préservation des écosystèmes et de la cohésion de la société, au sens de leur travail et au rôle et à la responsabilité des organisations » avait indiqué Julie Thinès, directrice des études pré-expérience de HEC Paris, en juin dernier. Du côté de NEOMA BS, le plan stratégique 2023-2027 Engage for the futur dévoilé en février 2023 porte bien son nom. L’école ne veut plus s’arrêter à la simple sensibilisation de ses étudiants en termes d’engagements sociaux et sociétaux mais compte bien aller plus loin. C’est chose faite avec la création du parcours NEOMACT. Un parcours de « mise en action des étudiants, depuis la détermination de leur éco-profil jusqu’à leur certification avec l’organisme 2 TONNES, en passant par des formations en ligne interactives pour mieux comprendre les problèmes qui affectent le climat et la biodiversité. » Parallèlement, l’école a lancé à la rentrée de septembre 2023 le MSc in sustainability transfomations, un programme d’un an dédié aux sujets de durabilité. »
Certaines écoles décident même de miser sur un thème bien précis lorsqu’il s’agit de former leurs étudiants à la transition écologique. C’est le cas d’Excelia notamment, qui a choisi d’investir la thématique de l’eau, comme poste d’approfondissement de sa stratégie liée aux enjeux de RSE. « La gestion de l’eau est dans le Top 5 des enjeux de la transition écologique et les grands défis qui y sont liés : amélioration de la gestion de l’eau (réduction de la consommation, récupération, limitation du gaspillage etc.), protection de la qualité de l’eau et accès à l’eau pour tous. » Un choix validé par la gouvernance d’Excelia et qui affirme sa conviction que « la place des managers et leur connaissance des enjeux de l’eau seront décisifs pour transformer l’impact des entreprises sur les ressources en eau. » indique l’école. Le groupe Excelia a également fait de la RSE et du développement durable des objectifs académiques prioritaires dès 2026.
DD&RS dans la forme et dans le fond
Outre les formations, ce sont également les campus qui se verdissent : en plein cœur de Pantin, le nouveau campus de GEM, éco-conçu, est voulu comme une belle vitrine de ses ambitions en la matière. Conçu dans une logique de développement durable et de zéro déchet, le campus est construit sur une structure de bois issus des forêts vosgiennes et de verre, avec des matériaux biosourcés. En 2021, la business school nantaise Audencia est même allée plus loin en créant une école de la transition écologique et sociale nommée Gaïa, avec pour objectif d’en finir avec des formations qui n’intègrent les thématiques de RSE que de manière partielle. Avec Gaïa, Audencia entend justement assoir son statut de pionnière de la RSE.
Vous avez dit inclusion ?
Mais le DD&RS ne s’arrête pas aux questions d’environnement. Les problématiques d’inclusion et de diversité par exemple font aussi partie intégrante des formations aujourd’hui. Et cela passe par différents leviers. A MBS, on mise notamment sur des formations ciblées : Diversité et Management inclusif ou encore Marketing des organisations alternatives. D’autres écoles trouvent des solutions pour intégrer des publics plus divers : c’est le cas d’emlyon business school qui s’est fixée pour objectif d’accueillir 30 % d’étudiants boursiers à la rentrée 2025, ou encore de l’ESCP qui propose la gratuité de son PGE pour tous étudiants boursiers Crous échelon 4 à 7 avec un objectif de 20 % d’étudiants boursiers à la rentrée 2025. Preuve que croissance durable doit passer par le soin apporté aux ressources naturelles et humaines.