Directeur juridique – Fiche métier 2023

Directeur juridique Fiche métier 2023
crédits Unsplash

Véritable garde-fou de la sphère législative et réglementaire des entreprises, le directeur juridique pèse de plus en plus dans la stratégie globale des sociétés avec un profil tourné davantage vers l’international, mais aussi le monde numérique et digital, avec l’explosion des Legal Techs. Rencontre avec ce top manager dont l’ADN rime avec expertise, leadership et diplomatie.

Historiquement, les prérogatives du directeur juridique tournent autour d’un socle bien précis. Appuyé par une équipe de juristes, ce manager confirmé défend les intérêts de l’entreprise et veille à l’application des réglementations, tout en donnant des conseils aux différents services et directions (respect des normes et procédures, rédaction des statuts, dépôt de brevets, élaboration de contrats ou de conventions, etc.). Il est également en charge des contentieux RH et des relations avec les syndicats, tout faisant le lien, le cas échéant, entre la structure et le monde judiciaire.

Un rôle de plus en plus central

Mais désormais, le rôle de ce métronome s’étoffe en épousant régulièrement les grands enjeux stratégiques du groupe (définition de la politique commerciale, des prises de participation, des cessions d’actifs, de la restructuration, capacité à répondre à des appels d’offres, etc.). Une position centrale dont il a longtemps été écarté au profit d’équipes d’avocats extérieures qui entouraient le comité exécutif ou la direction de l’entreprise. « Par le passé, cette tendance a pris le dessus. Et cela, pour une raison très simple : les directeurs juridiques sont moins protégés juridiquement que les avocats » explique Stéphane Braconnier, Président de l’Université Paris-Panthéon-Assas. « Malgré cette incertitude toujours figée du côté du législateur, les grandes entreprises ont compris que le directeur juridique pouvait être partie prenante de leur stratégie » poursuit l’intéressé. Pourquoi ? « Car sa proximité avec l’entreprise clarifie la prise de décision, ce qui en a fait de facto un maillon essentiel des comités exécutifs, y compris ceux du CAC 40. Bien entendu, le rôle des avocats n’a pas disparu, en particulier sur des questions fiscales, des grandes opérations de fusion-acquisition où leur présence est indispensable pour réaliser les audits des entreprises achetées ou vendues. »

Un bagage technique beaucoup plus riche qu’il y a 20 ans

De ce fait, « les entreprises exigent aujourd’hui des profils beaucoup plus complets, en intégrant dans sa réflexion des périmètres du Droit qui n’existaient pas auparavant. Cela sous-entend des profils ouverts sur l’international et sur d’autres domaines (développement durable, connaissances RSE, financières et fiscales, maîtrise de l’anglais, soutenabilité de la politique extérieure), mais aussi une exemplarité en termes d’éthique et de déontologie (égalité femme-homme, laïcité, etc.). » Ces évolutions amènent donc les facultés de Droit à adapter la formation des futurs juristes à cet environnement mouvant, et pas seulement sur le plan des soft skills. En ce sens, les étudiants doivent maîtriser ces nouvelles disciplines tout comme l’intégration d’outils numériques, type Legal Techs (startups, Chat GPT…), dans la pratique du Droit.

Les Legal Techs, une formidable opportunité pour les entreprises

« Pour une entreprise, c’est important de savoir si le Droit et le numérique sont créateurs de valeur. Actuellement, le Droit a pris du retard en termes de numérisation par rapport à d’autres aspects des sociétés. La numérisation du Droit et du core business de l’entreprise doit donc être homogénéisée » souligne de son côté Etienne Pernot, Directeur de la Recherche et de la Valorisation à l’EFREI. Pour ce dernier, les Legal Techs représentent ainsi une opportunité incroyable pour les entreprises de mettre en place des approches juridiques innovantes afin de tirer le meilleur du monde du numérique comme le design thinking ou l’agility. « Dans le monde numérique, on délègue la créativité et l’innovation aux startups. Dans le Droit, il y a cette méthodologie d’open innovation qui se met en place avec les jeunes pousses. C’est passionnant et très prometteur. Mais le tout est de garder le contrôle, notamment vis-à-vis de l’IA et des risques inhérents en termes de cybersécurité. Tout ceci repose sur le libre arbitre du directeur juridique et, par extension, des entreprises. »

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