« La diversité enrichit la valeur du diplôme ». C’est portée par cette conviction que CentraleSupélec affirme son objectif d’accueillir 30 % de jeunes femmes et 30 % de boursiers d’ici 2032. Mais quels sont les dispositifs mis en place par l’école d’ingénieurs pour favoriser la diversité à CentraleSupélec ? On fait le point.
C’est à la Maison des Centraliens que CentraleSupélec a présenté à la presse le 26 octobre 2023 l’ensemble des dispositifs mis en place pour favoriser la diversité et l’égalité des chances dans ses promos. Un objectif affirmé comme crucial par l’école d’ingénieurs, qui l’a pleinement intégré à son nouveau plan stratégique voté en avril 2023. Et ce pour deux raisons détaillées par son directeur général, Romain Soubeyran. « On manque drastiquement d’ingénieurs et nous devons faire le maximum pour former celles et ceux qui pourront répondre aux besoins du pays en matière d’industrialisation et de transition. Ingénieurs et Scientifiques de France estime ainsi que notre pays manque de 10 000 ingénieurs diplômés par an. » Si ces dernières années CentraleSupélec a porté ses efforts sur l’augmentation de ses diplômés (990 pour la dernière promo vs 800 pour la promo 2018), l’école arrive aujourd’hui à une double limite financière et de vivier. Sur ce dernier point, CentraleSupélec développe des dispositifs à l’attention des étudiants internationaux ou de nouveaux programmes pour attirer de nouveaux publics (bachelors notamment). Mais elle s’engage surtout à activer un vivier au sein de deux populations particulièrement sous-représentées dans les écoles d’ingénieurs aujourd’hui : les jeunes femmes et les élèves issus de milieux défavorisés.
Déconstruire les stéréotypes
Une sous-représentation que Romain Soubeyran attribue à plusieurs facteurs, étayés notamment par les résultats de la dernière enquête menée par Ingénieurs et Scientifiques de France. « Les candidats issus de milieux défavorisés ont souvent une perception de nos filières décalées de la réalité. Ils les pensent élitistes et socialement discriminantes alors que c’est tout le contraire. Si on est retenu en prépa c’est parce qu’on a le niveau pour réussir le concours à la sortie. Et si on intègre une école d’ingénieurs et qu’on y travaille sérieusement, on est sûr d’être diplômé et de trouver très vite un emploi. Et ce pour un prix très modique, dans les écoles publiques notamment. Il n’y a pas beaucoup de filières donnant autant de garanties de réussite dès Parcoursup ! ». D’autant que, comme l’indiquent les responsables de l’école « l’ingénierie a un vrai rôle social. S’il y a bien un moment où les ingénieurs ont un rôle clé c’est maintenant. La résolution de nombreux enjeux contemporains passe par des solutions technologiques. »
La diversité à CentraleSupélec passe aussi par une plus forte féminisation. Sur ce point, Romain Soubeyran tient d’abord à rappeler que si le taux de 28 % auquel stagne la moyenne des écoles d’ingénieurs aujourd’hui n’est pas satisfaisant, les femmes ne représentaient que 5 % des élèves ingénieurs dans les années 70’. Un taux loin d’être satisfaisant donc, mais qui s’explique, entre autres, par leur perception d’une image trop masculine des métiers d’ingénieurs, un manque de visibilité de la pluralité des métiers d’ingénieurs et par le plafond de verre. « Ce dernier point était certainement vrai à une époque, mais moins aujourd’hui. Les entreprises veulent des femmes cadres ingénieurs et elles veulent les promouvoir et les voir accéder à des postes de direction ! » insiste le directeur de l’école.
Objectif 30/30 : quelles actions concrètes pour favoriser la diversité à CentraleSupélec ?
Face à ce constat, comment l’école entend-elle atteindre son objectif de 30 % de femmes et de 30 % de boursiers en 2032 ? D’abord, en structurant son action autour du Centre des diversités et de l’inclusion afin d’agir auprès des jeunes de la 3è à la 3A. Un centre « dont la création a été rendue possible grâce au soutien financier de Stéphane Bancel, président de Moderna et alumni de CentraleSupélec, qui a contribué à hauteur de trois millions d’euros à la Fondation » précise l’école.
Ce centre entend aujourd’hui agir autour des trois piliers phares de la diversité à CentraleSupélec – égalité des chances, diversification du recrutement et inclusion – dans une approche systémique. Il a d’ailleurs déjà initié plusieurs projets emblématiques à l’attention de ces viviers cibles. Parmi elles : la troisième édition de son Summer camp (150 élèves de Seconde – moitié de boursiers, moitié de jeunes filles – qui découvrent les études en sciences directement durant une semaine sur le campus), des visites de collégiens et de lycéens sur le campus (à l’occasion de l’exposition sur le centenaire Eiffel qui a accueilli plus de 1 200 élèves en deux mois notamment), ou encore les stages Sciences et Climat en partenariat avec Acadomia. Notons aussi la diversification des recrutements via d’autres voies d’admission (licence et AST) et par la création de nouveaux programmes « plus attractifs pour les femmes », comme le bachelor avec McGill axé sur les sciences du vivant, ou celui avec l’ESSEC autour de l’IA, mais avec une forte dimension managériale. Sans oublier bien sûr une politique de bourses et d’aides financières diversifiées : les aides versées par la Fondation et les bourses Sébastienne Guyot financées par les entreprises partenaires (8 000 euros / an sur trois ans pour les jeunes filles) entre autres.
Diversité à CentraleSupélec : les projets 2024 sont déjà dans les tuyaux
Des dispositifs que l’école va compléter d’ici le début 2024 pour « changer de dimension, indique Olivier de Lapparent, directeur du Centre des diversités et de l’inclusion. Sur le volet égalité des chances, nous mettons en place le programme CentraleSupélec au lycée qui passe notamment par la mobilisation des alumni dans l’accueil de stagiaires de Troisième – en partenariat avec l’association Viens voir mon taf – et le lancement d’un programme Ambassadeurs pour les bénéficiaires des programmes d’égalité des chances. » Côté diversification des recrutements, le programme CentraleSupélec prépa sera lancé en septembre 2024 pour accompagner les candidats boursiers des classes prépa. Enfin, afin de favoriser l’inclusion, l’école annonce le Projet 20h qui prévoit pour tous les élèves de CentraleSupélec, un engagement (obligatoire, bénévole et citoyen) en faveur de la diversité et de l’inclusion.