L’ingénieur est-il écolo ? S’il ne l’est pas encore, il est en passe de le devenir. Plus qu’un effet de mode, la démarche d’éco-ingénierie, développée dans de nombreuses écoles, pousse les étudiants à adopter une posture plus en phase avec les préoccupations actuelles. Recyclage, économie circulaire, développement durable. Quelles réalités se cachent sous cette nouvelle approche ? Éléments de réponse.
Arrivée il y a moins de 10 ans dans les écoles et les entreprises, l’éco-ingénierie se veut plus en phase avec les mouvements green des organisations. Cette nouvelle approche oblige désormais l’ingénieur à s’intéresser au sourcing des matières premières et à la production de ses créations. « Les étudiants sont sensibilisés à la prise en compte de tous les aspects de développement durable dans la conception de leurs projets et plus précisément l’impact environnemental de leurs produits », explique Patricia Arlabosse, enseignante-chercheuse à IMT Mines Albi.
Green is the new black
Plus qu’une préoccupation des écoles d’ingénieurs, le développement durable est aussi au cœur de la stratégie des entreprises, comme l’observe Patricia Arlabosse. « Les sociétés réfléchissent à réduire la quantité de déchets produits. Elles s’orientent vers le recyclage ou l’économie circulaire pour se détourner des énergies fossiles. Cette démarche amène de nouvelles postures au sein de l’entreprise. Il faut montrer à ses employés comment réduire la consommation d’énergie. »
Une économie circulaire qui ne tourne pas en rond
Aujourd’hui, les ingénieurs mettent donc leur talent à profit pour faire collaborer des entreprises au travers la création d’écoparcs. De nombreux bassins industriels sont ainsi passés à un modèle circulaire. Certaines usines optimisent par exemple leurs déchets en les revendant à un incinérateur qui produira le chauffage nécessaire aux entreprises voisines. Les industries l’ont bien compris : le recyclage était une mine d’opportunités. « En coopérant avec les entreprises à proximité, on peut réaliser de nombreuses économies, tant d’un point de vue énergétique que sur le plan financier », explique Marianne Boix, Maître de Conférence à l’INP Toulouse – Ensiacet.
L’optimisation : pilier de l’éco-ingénierie
Le déchet de l’un peut être la matière première de l’autre ! C’est sur ce type de projet que travaille IMT Mines Albi avec son laboratoire MARVAPOL. À l’aide d’une technique de pointe tenue secrète, l’établissement travaille sur le recyclage de pneus usagés, un procédé qui posait de nombreux problèmes. « Le laboratoire arrive à extraire les fibres de carbone des pneus. Ce qui est inédit, c’est que ces fibres ne sont pas dénaturées et conservent toutes leurs qualités ! Elles sont ensuite réutilisées comme matière première dans d’autres produits », commente Patricia Arlabosse. Autre atout de l’approche en éco-ingénierie : l’optimisation des bâtiments. Aujourd’hui, bureaux et immeubles d’habitations sont les plus énergivores et les plus gros émetteurs de gaz à effet de serre. « Les ingénieurs sont capables de modéliser les réseaux. Mais avec des technologies comme l’IA, les algorithmes ou les capteurs, ils pourront de mieux en mieux optimiser les infrastructures ! », observe Marianne Boix.
Sensibiliser les ingénieurs
Si l’écologie est une prise de conscience que tout un chacun doit avoir, comment changer les habitudes des ingénieurs qui conçoivent les réseaux, les services et les produits de demain ? Avec son Mastère Spécialisé® Éco-Ingénierie commun à toutes composantes, Toulouse INP joue la carte de la collaboration entre élèves aux profils variés. « Nous sommes persuadés que la multidisciplinarité est la clé pour développer des actions en faveur du développement durable. Ainsi, nous faisons la part belle à la diversité tant chez les étudiants que chez les professeurs qui sont issus de la météo, la chimie, ou l’électronique… La formation se nourrit des parcours de chacun et permet à tous d’échanger pour inventer le monde de demain. »