La défense de l’égalité des genres est un sujet brûlant des Présidentielles 2022. Un sujet important pour les jeunes générations. Monde des Grandes Ecoles et Universités a demandé aux étudiants les propositions qu’ils attendaient des candidats à l’Elysée à ce propos. Impressions et réactions.
But first, renforcer les mesures déjà mises en place
« D’abord, il est très important d’agir pour l’égalité professionnelle. D’ailleurs, je suis pour qu’il y ait autant de femmes que d’hommes ministres au sein du Gouvernement et pourquoi pas, une Première ministre. La deuxième cause qui me tient à cœur est la lutte contre les violences faites aux femmes. Depuis le mouvement #MeToo, les femmes osent davantage parler de ce qu’elles endurent et il faut que cela continue. C’est pourquoi, la prévention est primordiale. Il faut continuer à développer les numéros d’appel d’urgence par exemple ou le dispositif « alerte pharmacie », qui permet aux femmes de se signaler auprès des pharmaciens pour qu’ils puissent alerter à leur tour la police d’un cas de violences conjugales. » Manon Orgelot, étudiante à Grenoble Ecole de Management
Plus de moyens, moins de bullshit
« Voici les 7 mesures que notre association étudiante féministe intersectionnelle, Fières et Sœurs, voudrait que le futur président ou la future présidente de la République prenne :
#1 des moyens plus élevés dans la lutte contre les violences faites aux femmes sur le modèle espagnol
#2 la suppression de l’autorité parentale d’un parent condamné pour des faits de violences conjugales
#3 l’augmentation des ordonnances de protection pour les victimes
#4 des places supplémentaires pour l’hébergement des victimes de violences conjugales
#5 la fin de la requalification des viols en agressions sexuelles
#6 une formation obligatoire des forces de l’ordre qui reçoivent et s’occupent des victimes de violences
#7 des dispositifs de prévention à l’école concernant les violences genrées, comme ceux pour la sécurité routière. » Noémie Gamot, étudiante à la Faculté de droit Jean Monnet (Université Paris-Saclay) et Vice-Présidente de Fières et Sœurs
Ensemble, c’est tout
« Au sein de la Confédération Nationale des Junior-Entreprises (CNJE) – Mouvement porté par plus de 25 000 étudiants engagés- nous agissons quotidiennement pour l’essor de l’ensemble des talents de demain. De la même manière que l’expérience Junior-Entreprise favorise l’accès à une expérience enrichissante et professionnalisante pour toutes et tous, nous souhaitons que le prochain Gouvernement agisse concrètement pour rétablir l’équilibre des genres au sein des différents établissements d’Enseignement supérieur. De quelle manière ? En cassant les idées reçues grâce à une promotion par et pour les jeunes aux métiers de demain, ainsi qu’à la place grandissante de la femme dans notre société (témoignages de parcours inspirants, débats afin de libérer la parole…). » Milo Drala, étudiant à Sciences Po et Chargé de Mission Audit de la CNJE
Prise de conscience contre les biais inconscients
« Depuis mon expérience au Women’s Forum for the Economy and Society (une organisation dédiée à la mise en valeur des femmes sur des thématiques importantes au niveau mondial) et ma participation à l’organisation de l’événement WoGiTech, j’ai pris conscience de l’impact de l’absence des femmes dans certains secteurs et à plus grande échelle, sur notre société. Parmi les axes d’amélioration qui me semblent primordiaux : la visibilité des rôles modèles féminins. Il est essentiel que, dès leur plus jeune âge, les jeunes filles puissent s’identifier à des femmes exerçant tout type de métier afin qu’elles se projettent plus facilement dans des domaines variés. De ce fait, mon deuxième axe se porterait sur la lutte accrue contre les idées reçues au sujet de certains métiers et les biais genrés dès l’entrée à l’école. Comment ? Grâce aux témoignages de femmes exerçant des métiers considérés comme masculins, la valorisation des métiers vus comme féminins auprès des jeunes garçons, l’accès à l’information sur des choix de carrière dans des domaines peu connus des élèves… Ma troisième proposition serait d’améliorer la représentativité des femmes au sein des postes-clés du Gouvernement. Bien que la parité soit respectée aujourd’hui, les femmes restent à des postes peu médiatisés. Enfin, contre l’idée des quotas, mais pour plus d’égalité femmes-hommes au sein des entreprises, notamment à des postes considérés pour les hommes dans l’inconscient collectif, j’aimerais mettre en place un dispositif dédié aux services RH. Objectif : les aider à attirer et fidéliser des talents féminins dans des domaines où les candidatures féminines sont peu nombreuses, comme le secteur du numérique. » Chloé Jarre, étudiante à la Web School Factory
Des quotas dans le Supérieur ?
« Après la loi Copé-Zimmermann d’il y a 10 ans et la loi Rixain de cette année, instaurant des quotas pour redonner leur place aux femmes, pourquoi ne pas s’en inspirer pour l’Enseignement supérieur et instaurer des quotas dans les grandes écoles ? Notamment dans les milieux où les femmes sont sous-représentées, comme le numérique ? D’autre part, l’index de l’égalité femmes-hommes est de mieux en mieux appliqué et respecté. Cependant, après trois ans d’existence, et malgré une amélioration de la note moyenne, seules 2 % des entreprises ont la note maximale. Faut-il davantage accompagner les entreprises afin de les aider à l’atteindre ? » Valentin Seux, étudiant à l’EPITA et Président de l’association Prologin, organisateur des stages GirlsCanCode!
Et si vous étiez candidats ou candidates aux Présidentielles 2022, que proposeriez-vous en faveur de l’égalité femmes-hommes ?
« Si j’étais candidate à l’élection présidentielle, je mettrais en place des programmes scolaires pour éduquer davantage à l’égalité femmes-hommes. Encourager par exemple, dès la petite enfance, les filles et les garçons à explorer toutes les activités et faire intervenir des femmes et des hommes aux métiers hors des clichés. J’aimerais également mettre en place des lois plus strictes concernant les violences de genre, comme c’est le cas en Espagne : spécialisation des tribunaux, bracelets anti-rapprochement… Enfin, je créerais une certification que les entreprises obtiendraient uniquement si elles pouvaient prouver que les lois existantes sur l’égalité des salaires sont bien appliquées dans leur organisation. » Jessica De Freitas, étudiante à l’ISCOM
« Si j’étais candidate à l’élection présidentielle, je créerais des espaces de parole pour sensibiliser à l’égalité des genres et j’insisterais pour que les élèves puissent s’exprimer sur ce sujet lors de plages définies, comme les cours d’éducation civique. Je reste persuadée que le changement doit venir de l’éducation que l’on donne aux nouvelles générations. » Alice Clerc, également étudiante à l’ISCOM
2017 vs 2022
L’enquête « Les jeunes, l’élection présidentielle et l’égalité femmes-hommes » d’Harris Interactive pour RTL Girls avait posé la question suivante aux 18-24 ans lors des élections présidentielles en 2017 : « Pensez-vous que le prochain Président de la République mettra en œuvre une politique permettant d’atteindre…
… l’égalité salariale entre les femmes et les hommes d’ici la fin de son mandat en 2022 ?
Réponses : oui 56 % | non 44 %
… l’égalité d’accès aux responsabilités dans les entreprises entre les femmes et les hommes d’ici la fin de son mandat en 2022 ?
Réponses : oui 57 % | non 43 %
Les 18-34 ans se sont montrés partagés quant à la capacité du prochain Président de la République à mettre en œuvre une politique visant à réduire les inégalités entre les femmes et les hommes. Qu’en sera-t-il en 2022 ?