La France manque encore d’ingénieurs… mais les jeunes diplômés sont sur les starting blocks pour accompagner l’industrie dans ses réponses aux enjeux des grandes transitions. Diplômes, salaire, mobilité, féminisation : tous les chiffres à retenir sur l’emploi des ingénieurs en 2024 se trouvent ici.
L’Observatoire d’Ingénieurs et Scientifique de France (IESF) a publié le 3 octobre 2024 la 35e édition de son enquête menée auprès des ingénieurs et scientifiques diplômés. Et les indicateurs de l’emploi des ingénieurs en 2024 sont plutôt encourageants. Sur les 1 250 000 ingénieurs que compte la France, 1 137 000 sont en activité, dont 46 500 nouveaux diplômés. Avec 149 760 recrutements réalisés en 2023, les ingénieurs peuvent se targuer d’évoluer dans une situation de quasi plein emploi. Leur taux de chômage est en effet estimé à 2.6 % et passe même sous la barre des 2 % pour la tranche des 30/50 ans. A noter toutefois, une augmentation significative du taux de chômage pour la tranche des jeunes diplômés (25/29 ans) qui s’élève à 5.4 % en 2023 vs 3.5 % en 2022.
Employabilité record
De fait, les ingénieurs ont un taux d’employabilité record. Pour preuve, 85 % des trois dernières promotions ont trouvé un emploi en moins de trois mois et 64.42 % ont même été recrutés avant leur sortie de l’école ou de l’université. Côté structure, un tiers des diplômés de 2023 ont été embauchés dans une grande entreprise (plus de 5 000 salariés). Les grands groupes et PME paraissent d’ailleurs les plus attractifs pour l’ensemble des ingénieurs interrogés (respectivement 28 et 22 %). Rien d’étonnant lorsqu’on observe leurs trois secteurs d’activité de prédilection : l’industrie en tête bien sûr (38 %), suivie des activités tertiaires (18 %) puis des société d’ingénierie et bureaux d’études (7 %, 11 % pour les diplômés des deux dernières promotions).
Largement recrutés en CDI (73.6 % en léger recul par rapport aux 76.5 % de 2022), les ingénieurs français ont envie de changement. Alors que 65 % déclarent faire confiance à leur employeur et que 46 % expriment de l’enthousiasme quant à leur emploi, 50 % expriment l’envie de changer de poste. 32 % d’entre eux envisagent même de changer d’employeur. Et ce pour trois raisons : le contenu du travail, la rémunération et l’équilibre vie pro / vie perso.
La rémunération brute médiane des ingénieurs s’élève à 64 000 euros, soit +6 % par rapport à 2022. Si la hausse des salaires ne compense pas encore l’inflation, 57 % des ingénieurs comptent sur une hausse de salaire cette année.
Emploi des ingénieurs en 2024 : les meilleurs hubs !
85 % des ingénieurs interrogées travaillent en France, dont 37 % en Ile-de-France. Mais l’enquête de l’Observatoire d’IESF pointe du doigt certaines disparités régionales. Si les ingénieurs des régions Auvergne-Rhône-Alpes et Bretagne ont une haute perception des opportunités (81 et 61 %) et une forte satisfaction quant à leur territoire, les ingénieurs d’Île-de-France – région qui jouit pourtant de la meilleure perception en termes d’opportunités (94%) – souffre de la satisfaction la plus basse et du pourcentage le plus élevé de résidents voulant partir. « Les opportunités d’emploi sont cruciales mais la satisfaction reste un facteur de choix important pour les ingénieurs » souligne Marie-Liesse Bizard vice-présidente d’IESF et présidente de l’Observatoire.
Les 5 + des ingénieurs en poste en 2024
Dans ce contexte, quels sont les petits plus des ingénieurs diplômés sur le marché de l’emploi en 2024 ?
Le choix de la filière. A l’issue de la 1e formation d’ingénieur, les filières généralistes sont les plus représentées (20 %) quasi à égalité avec l’électronique, les télécommunications, l’informatique, le génie logiciel et la cybersécurité. 38 % des ingénieurs interrogés ont changé de spécialité durant leur carrière, un chiffre qui monte même à 45 % dans le naval, l’électrotechnique et la mécanique. Des chiffres à mettre en perspective avec les débuts des ingénieurs dans leur formation : 60 % des ingénieurs interrogés ont suivi une formation en classe préparatoire et 20 % ont commencé au niveau post bac.
Un double diplôme. 12 % des ingénieurs diplômés sont titulaires d’un double diplôme scientifique, 8 % ont un diplôme d’une autre école d’ingénieurs française et 4 % un diplôme non scientifique. 40 % des ingénieurs ayant un emploi au moment de l’obtention de leur second diplôme l’ont réalisé avec le soutien de leur employeur. Marqueur de l’évolution du rôle des ingénieurs en entreprise, 80 % d’entre eux estiment qu’un second diplôme en gestion, management ou marketing (type IAE, DESS, Master ou MBA) est un plus dans leur carrière.
L’alternance. 5% des ingénieurs diplômés le sont par la voie de l’alternance (1% de plus qu’en 2022). Un choix motivé par la volonté d’équilibrer théorie et pratique, d’être plus rapidement sur le terrain et d’obtenir un financement pour poursuivre ses études. Et ils ont raison ! 57% d’entre eux ont été recrutés ou ont reçu une proposition d’embauche par l’entreprise dans laquelle ils ont effectué leur apprentissage.
Le doctorat. 6.4% des ingénieurs sont titulaires d’un doctorat aujourd’hui
L’entrepreneuriat. 84 000 ingénieurs sont en activité dans l’entrepreneuriat, 60% sont salariés et 40% non-salariés.
La féminisation : le point noir de l’emploi des ingénieurs en 2024
24.2% : c’est le taux de féminisation de la population des ingénieurs en France. Si ce pourcentage monte à 29% chez les jeunes diplômés, force est de constater que la féminisation de la profession d’ingénieur « stagne sur un palier entre 26 et 29% depuis 2011 » déplore le président d’IESF Bernard Cathelain, avant de partager ses inquiétudes quant aux conséquences liées à la réforme du bac. Car, comme le rappelait Valérie Brusseau, présidente de l’association Elles Bougent à l’occasion de la publication de l’enquête
Carrières en sciences : l’orientation est-elle toujours genrée en 2024 ? « il faut dire les choses : la réforme du bac a anéanti 25 ans d’efforts. Jusqu’en 2019, on comptait quasiment 50 % de filles et de garçons en Terminale S. Et en à peine trois ans, la proportion de filles ayant des mathématiques et des sciences en tronc commun a diminué de 67 %. Une baisse qui a aussi touché les garçons (- 32 %). »