Etudiante à Chimie ParisTech-PSL, Léa Gaonac’h est à 22 ans la lauréate du prix élève-ingénieure 2023 décernée par la CDEFI. Au sein de la Junior-Entreprise Chimie Perspectives et de la fondation La Main à la Pâte, elle s’engage pour l’apprentissage des sciences auprès des plus jeunes et sur les questions d’égalité femme-homme. Rencontre.
Depuis sa Bretagne natale Léa Gaonac’h ne s’imaginait pas recevoir un jour le prix de l’élève-ingénieure. Pourtant, celle qui se décrit comme ayant toujours été « intéressée par les sciences et l’écologie » a décroché la victoire lors de la remise des prix organisés par la CDEFI le 11 mai dernier. Elève en deuxième année à Chimie ParisTech-PSL, elle est spécialisée en modélisation moléculaire, biochimie et chimie quantique. Elle a pour objectif « d’intégrer un master en innovation et modélisation moléculaire, puis de poursuivre avec une thèse en lien avec le milieu de la santé et de l’environnement. » En parallèle de ses études, elle a participé au Tournoi français des chimistes 2023. Elle a présenté un projet de valorisation des coquilles d’œufs pour la synthèse de dents véritables.
Léa Gaonac’h une ingénieure déterminée à vaincre les stéréotypes
Sensible aux grandes causes dès le lycée où elle « faisait énormément d’activité extra-scolaires », Léa Gaonac’h poursuit ses activités associatives dans ses études supérieures, où elle devient présidente de la Junior-Entreprise Chimie Perspectives en 2022 avec des objectifs bien précis. « Nous avons essayé de faire une transition écologique complète. Nous voulions augmenter notre chiffre d’affaires mais seulement avec des projets 100 % verts et qui respectaient notre vision du monde. Et nous avons réussis ! En parallèle, nous avons aussi travaillé sur la mixité lors des recrutements, pour atteindre la parité dans notre association. » En parallèle elle s’implique également comme binôme enseignant pour la fondation La Main à la Pâte. « Tous les jeudis après-midi, j’animais des ateliers scientifiques pour des classes de CE2-CM1-CM2. J’ai été très surprise de voir à quel point les stéréotypes sur les femmes et les sciences étaient ancrés dans leurs esprits malgré leur âge. C’est d’ailleurs pour vaincre ces stéréotypes que je m’engage dans le monde associatif. »
Une récompense surprise
Pour aller plus loin, Léa Gaonac’h continue son engagement associatif, auprès de la CNJE notamment. Un engagement qui n’est pas passé inaperçu. C’est la direction de la communication de Chimie-Paristech-PSL qui l’a encouragée à déposer un dossier pour le prix élève-ingénieure. « Je connaissais les actions des Ingénieuses puisque je suis très admirative de la précédente gagnante mais je ne pensais pas m’inscrire. C’est une belle surprise d’avoir été sélectionnée et encore plus d’avoir remporté le prix. » Une belle victoire qui est aussi l’occasion de rencontrer les autres participantes. « Le vrai cadeau ce n’est pas le trophée mais bien la possibilité de découvrir les autres nommées. Nous avons beaucoup parlé et nous avons découvert que nous avions des projets communs … et beaucoup de choses à faire ! » Ce prix est une vraie fierté pour Léa, mais aussi pour sa famille. « Je viens d’un tout petit village de Bretagne, je suis la première femme-ingénieure de la famille, ça marque. C’est aussi important pour ma mère qui n’a pas eu la chance de choisir ses études. »
Forte de ce prix et très contente d’avoir participé, elle espère désormais que ce type de récompense et toute la médiatisation qui en découle participent à faire avancer les causes qu’elle défend et permettent d’aller plus loin : « Les Ingénieuses ont reçu 178 dossiers cette année, j’espère que ce chiffre grimpera dans les prochaines années, j’encourage l’expérience ! »
Déjà tournée vers l’avenir
Car pour cette élève-ingénieure qui se définit comme très sportive, le combat est loin d’être terminé. Avec des projets plein la tête, elle ambitionne de fonder à une startup deeptech où elle pourra appliquer tous les aspects de la QVCT qu’elle préconise comme le congé menstruel et bien sûr avant tout, l’égalité salariale. Surtout, elle espère que les mentalités changeront et que les discriminations cesseront. « Etre une ingénieure dans un monde d’homme ce n’est pas simple. Nous devons prouver 1 000 fois que nous avons notre place, et ce simplement parce que nous sommes des femmes. Les inégalités et les discriminations sont encore trop présentes et il faut faire évoluer les mentalités. ». Pour cela elle encourage les plus jeunes, enfants et lycéens, à aller de l’avant et à oser. « C’est en se mobilisant dès le plus jeune âge que nous pourrons faire avancer les choses, il ne faut pas se limiter ! » L’avis est lancé.
Cette cérémonie a permis de dévoiler les lauréates 2023 d’Ingénieuses :
- Toulouse INP – ENSEEIHT, lauréate du prix lycéen pour son projet « WomeN7 » ;
- l’UTC, lauréate du prix de l’école la plus mobilisée pour son projet « Mois de l’égalité » ;
- Grenoble INP – Ense3, lauréate du prix de l’engagement étudiant pour son projet « Épopées de femmes » ;
- Mines Saint-Étienne, lauréate du prix du projet le plus original pour son projet « Sciences en tous genres » ;
- l’INSA Hauts-de-France, lauréate du prix spécial du jury pour son projet « Filles, osez les sciences ».
- Léa Gaonac’h, lauréate du prix de l’élève-ingénieure France
- Hafssa El Marchani, lauréate du prix de l’élève ingénieure Maghreb
- Julia Cantel, lauréate du prix de la femme ingénieure ;
- Gaëlle Rondepierre, prix de la femme ingénieure junior.