Sylvie Blanco © Copyright Agence Prisme / Pierre Jayet

innovation à tous les étages, et si on allait encore plus loin ?

Est-il encore temps pour les leaders de l’enseignement supérieur d’échapper à la rupture annoncée du secteur et à la montée de nouveaux entrants ? L’issue dépend essentiellement de leurs capacités à se réinventer afin d’apporter des valeurs nouvelles et significatives à des étudiants désabusés. Certains prônent l’expérientiel comme solution. Qu’en est-il après une première phase d’engouement ?

 

L’expérience apprenant : de l’illusion à la désillusion

A l’instar de l’expérience client, l’éducation se lance dans l’expérience apprenant. Simulations, jeux sérieux, projets réels, les approches foisonnent pour faire vivre des moments émotionnellement inoubliables aux étudiants : l’inconfort, le rire, la peur, l’incertitude, etc. Ils en reparleront toute leur vie ! C’est une réponse aux problèmes de manque d’attention et d’interaction, un élément d’amélioration de leur satisfaction et de celle des enseignants, le moyen de revaloriser le présentiel.

Toutefois, c’est aussi une course qui demande des efforts de renouvellement et d’ingénierie pédagogique continus et croissants pour des effets de plus en plus éphémères. Au final, l’expérientiel est perçu par les participants comme une source d’agréables moments mais qui, à force, les laissent dubitatifs quant à leur efficacité. Les premiers signes de désillusion sont avérés.

L’apprentissage expérientiel : victime de dégradation inopinée ?

En innovation, le défi de l’intégration de solutions radicalement nouvelles dans des systèmes établis est extrêmement critique, source de dégradation de la valeur de l’innovation. L’apprentissage expérientiel en serait-il victime ? Ou bien, serait-on passés à côté des véritables attentes des apprenants. Face à de tels niveaux d’incertitude où le champ des solutions et celui des besoins sont très ouverts, l’expérimentation est reconnue comme un levier de progrès essentiel. Concevoir et tester un parcours d’apprentissage expérientiel, selon des hypothèses précises, dans des conditions de mise en œuvre contrôlées et ajustables permet d’obtenir des réponses surprenantes. Pour exemples : les étudiants ne souhaitent pas seulement apprendre en pratiquant mais aussi et surtout façonner le monde futur par l’expérimentation active ; ils ne souhaitent plus voir des enseignants stars du savoir mais des partenaires, à l’écoute et engagés dans des défis sociétaux communs. Amusez-vous avec une blockchain et des étudiants et vous en verrez le potentiel autrement !

Discipline et ambition

En définitive, l’apprentissage expérientiel adresse les enjeux de pertinence, d’utilité et d’impact de la formation. Au vu des pratiques, il en est à ses balbutiements, toutefois, des invariants émergent et gagnent à être partagés (voir encadré). Dans ce contexte, il est évident qu’il relève de la responsabilité des décideurs d’engager cette transformation, en faveur de l’humanité avant tout ! C’est une dynamique qui nécessite une force d’influence puissante, détenue par un écosystème de partenaires partageant la même ambition et aptes à mobiliser en interne et en externe, des ressources et des investissements significatifs.

Quelques invariants d’une expérience apprenant effective

  • un enjeu partagé d’ordre supérieur, le progrès sociétal
  • une pédagogie incluant approches cognitives et expérientielles
  • un mélange entre projet réel et expérimentation active en labs
  • une logique de plateformes et de parcours
  • une non programmation ex ante des contenus et séquences d’apprentissage
  • une posture d’enseignant collaboratif
  • une attention particulière au retour d’expérience (REX), au partage et au transfert de connaissances vers des domaines variés, en utilisant le levier du digital

 

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