De crises économiques en conflits, d’interdépendances en pandémies, l’incertain est entré dans notre quotidien, ouvrant des opportunités et obligeant à des adaptations drastiques. Ces mutations altèrent la satisfaction de nos besoins primaires et de sécurité et notre ouverture aux autres. Les soft skills aident à la résilience et permettent de renforcer le sentiment d’appartenance à un groupe.
Enseigner les soft skills aux étudiants : un atout pour la vie professionnelle
Les soft skills, récemment listées par Forbes sont un accélérateur de carrière. Corrélées au leadership et au charisme, leur enseignement en entreprise était réservé aux élites et experts. Elles sont maintenant exigées dès l’entrée dans le supérieur ou le premier stage. Les responsables RH, constatant des corrélations entre le milieu social d’origine et la maîtrise de ces codes, et faisant face au risque de « talent crush » lié à la démographie actuelle et au départ massif des boomers, ont encouragé et renforcé les exigences de maîtrise précoce des soft skills. Ainsi, les compétences relationnelles ont fait leur apparition dans les référentiels d’évaluation des formations d’ingénieurs. La formation à l’innovation et à l’entrepreneuriat est exigée (CTI critère D.3.1d). En complément, l’engagement étudiant est intégré aux directives ministérielles pour l’enseignement supérieur, évalué et apporte des crédits ECTS.
Une sélection basée sur l’expression précoce des soft skills est discriminante
L’enseignement supérieur doit ouvrir les yeux sur la perte de chance qui touche les étudiants issus d’un milieu modeste, face aux exigences actuelles des entreprises en matière de soft skills. L’exploration et le développement des soft skills suppose d’avoir une base solide, car elles prennent leur source dans les trois derniers étages de la pyramide de Maslow. Certains talents recherchés (créativité, audace, empathie) s’exprimeront plus aisément lorsqu’on mène une vie sereine, loin de préoccupations matérielles immédiates, et qu’on a déjà développé une forte confiance en soi (David O. « Le temps libre des enfants et des jeunes à l’épreuve des contextes territoriaux. Les pratiques sociales, l’offre de services, les politiques locales », HDR géographie, Volume 2, université Rennes 2. – p.148) . L’Unicef indique ainsi que « 41 % des enfants vivant dans des quartiers prioritaires apparaissent privés d’activités (contre 25 % pour les enfants vivant en centre-ville) ».
La formation pour l’inclusion : un chemin créatif passionnant
L’ingénieur peut contribuer activement à l’inclusion dans le cadre de ses activités professionnelles. C’est pourquoi l’EBI s’est fondée dès 1992 à travers 7 valeurs en proposant à chacun un chemin pour développer son intelligence émotionnelle, sa compréhension des autres et son aptitude à coopérer en confiance.
Règles : confiance, coopération et engagement ! 3 mots qui ont du sens dès l’entrée à l’EBI. Ils stimulent les initiatives étudiantes, font le lien avec les principes académiques, notre vision de l’excellence et le comportement des étudiants.
Enseignements : les enseignants, les professionnels, les coachs et les associations étudiantes outillent nos étudiants pour le travail en groupe autonome et forment à la scénarisation artistique, contribuant aussi à une pédagogie renversée sur certains cours.
Moyens : Le campus de l’école est une maison ouverte où l’expression artistique est encouragée. La pratique régulière de la scène permet à chacun de prendre confiance en lui-même et dans le groupe, de développer sa créativité, son charisme, son intelligence émotionnelle et in fine son optimisme.
Ces actions ouvertes développent l’honnêteté et la responsabilité de chaque acteur : voir, respecter, s’intéresser, échanger et verbaliser.
Grâce à la pratique artistique et scénique, nous développons les soft skills de nos étudiants pour qu’ils sachent toute leur vie inclure et promouvoir, outiller et donner leur chance à leurs futurs collaborateurs.
L’auteur est
Dr Florence Dufour, Directrice générale et fondatrice de l’EBI, Ecole de Biologie Industrielle, Présidente du concours Puissance Alpha, Chevalière de la Légion d’Honneur