La philanthropie désigne les actions et les dons des entreprises et des particuliers qui souhaitent contribuer à l’intérêt général. A partir de la définition générale du mot et ses racines sémantiques grecques sentiments d’humanité, amour pour les hommes, l’acception actuelle du terme désigne un champ spécifique d’actions volontaires du secteur privé, et notamment des entreprises, pour contribuer à la réalisation d’actions au service du bien-être humain et de la transition écologique.
Plus précisément, il s’agit aujourd’hui surtout de dons financiers, qui viennent en soutien des projets aux objectifs d’intérêt général, principalement d’innovation sociale. Mais ces dernières années, les acteurs de la philanthropie ont accentué la prise en compte des enjeux climatiques et environnementaux dans le portefeuille de leurs actions de financement. Parmi ces acteurs, les fondations, organisations au cœur des dynamiques de philanthropie aujourd’hui en France.
Accélérer la transition écologique doit mobiliser largement, la philanthropie est indispensable aux entreprises
La prise en compte de la transition écologique par le secteur de la philanthropie revêt plusieurs enjeux : d’abord dans le fonctionnement même de ces organisations, dont le statut juridique n’impose pas le même éventail de réglementation en matière de RSE que pour les entreprises classiques. Or, la prise en compte des enjeux socio-environnementaux dans les activités et dans le fonctionnement même de toutes les organisations est aujourd’hui indispensable. Qu’il s’agisse de la sensibilisation et la formation des collaborateurs, du bilan carbone des activités, de l’identification de leurs impacts, les fondations mobilisent les outils de la RSE pour intégrer la transition écologique dans leur fonctionnement. L’autre enjeu de taille pour les acteurs de la philanthropie concerne le cœur de leur mission, à savoir le financement de projets. Ils sont de plus en plus nombreux à intégrer des critères environnementaux et climatiques dans leur politique financière, voire à assumer une stratégie d’investissement à impact, pour favoriser l’émergence d’entreprises dont le modèle contribue directement au changement et à la transition. C’est le cas par exemple de la Fondation Daniel & Nina Carasso, qui a engagé en 2022 plus de 15 millions d’euros au sein de quatre fonds à impact. Pour les organisations dont l’investissement et le financement de projets sont au cœur de leur mission, il est évident que la philanthropie présente un intérêt particulièrement fort en matière de transition écologique et sociétale.
La philanthropie ne peut remplacer une stratégie RSE
Si les actions de philanthropie portées par les entreprises classiques peuvent également contribuer à une dynamique de transition socio-écologique, ces pratiques ne doivent pour autant pas faire perdre de vue que ces entreprises ont une responsabilité particulière en matière de transition écologique et sociétale, notamment portée par le corpus règlementaire de la RSE. Ces dernières années, les attentes sociétales vis-à-vis des entreprises se sont amplifiées et peuvent difficilement être uniquement contenues dans les actions de philanthropie. Les engagements RSE doivent se matérialiser par un business qui agit directement pour améliorer le bien-être collectif, en limitant les effets négatifs de ses activités. Or, la philanthropie telle qu’elle est pratiquée par les entreprises aujourd’hui peut conduire à mettre à distance l’identification des impacts négatifs, considérant que son action de don suffit à compenser ces impacts. La philanthropie doit être mobilisée comme un moyen, une action au sein d’une stratégie RSE ambitieuse, élaborée à partir des missions et de la stratégie business de l’entreprise, et ne peut constituer la seule réponse des entreprises aux urgences environnementales et climatiques.
Par Laurie Ayouaz, Chargée de mission développement durable et RSE du Pôle Léonard de Vinci