Comment nourrir 10 milliards de personnes en 2050 tout en préservant la planète, sa santé, son porte-monnaie et son plaisir gustatif ? Notre équipe « 10 Milliards à table ! » va essayer de répondre à cette question en partant travailler, de janvier à juillet 2021, auprès d’acteurs européens dans un parcours en 4 étapes suivant le cycle du produit, depuis la fourche jusqu’à la fourchette !
La genèse du projet
Toutes les trois amies de l’ESCP, nous nous sommes rapidement retrouvées sur notre envie de prendre une année de césure avant de nous lancer dans notre dernière année de master. Chacune de nous a apporté sa pierre à l’édifice : Lucie par son envie de donner du sens à ce voyage, Juliette par son envie de découvertes et de rencontres et enfin Julie, par l’idée de structurer notre périple autour du cycle du produit. Assez rapidement, le sujet de l’alimentation est apparu comme une évidence.
Originaire de Normandie, Julie aimait passer du temps dans la ferme voisine quand elle était enfant. A 20 ans, on la retrouvait coorganisatrice de la fête nationale de la gastronomie, avec de nombreux chefs engagés pour une alimentation durable, et passionnée d’œnologie. Elevée sous le soleil de Marseille, Juliette grandit dans une famille préoccupée par les enjeux environnementaux de l’alimentation avec un père directeur d’une franchise de magasins bio. Aujourd’hui, cette cuisinière hors pair prépare son CAP Cuisine.. Enfin, issue d’une famille de bons vivants, Lucie considère l’alimentation comme un moyen essentiel de partage, d’insertion et d’intégration. Son stage chez Candia a développé sa sensibilité aux questions environnementales dans l’agroalimentaire.
Cet intérêt conjoint pour l’alimentation et tous les enjeux qu’il regroupe nous a conforté dans l’idée de prendre une année de césure. Autour de nous, beaucoup d’étudiants sont convaincus de l’importance de consommer de bons produits pour se maintenir en bonne santé, soutenir les producteurs et préserver l’environnement mais, à notre âge, le bien-être du porte-monnaie est un argument d’autorité. On entend souvent : “acheter des produits issus du circuit court et en vrac d’accord, mais quand j’aurai de l’argent. Pour le moment, je suis étudiant et je ne peux pas tout faire”. On tenait donc à prendre le temps nécessaire pour réfléchir à cette question avant d’entrer sur le marché du travail.
Notre réflexion depuis la terre jusqu’à l’assiette
Repenser l’alimentation de demain est un sujet très vaste qui demande une réflexion sur tous les maillons de la chaîne. Il faut s’interroger sur la façon dont on produit, dont on distribue, dont on sélectionne ses aliments, et enfin dont on revalorise ce qui est jeté. C’est pour cette raison que nous avons décidé d’articuler notre projet en 4 étapes dans 4 pays différents, en suivant le cycle des produits alimentaires. A chacune de ces étapes, nous travaillerons bénévolement auprès d’acteurs de l’industrie agroalimentaire proposant des solutions innovantes mais surtout concrètes et applicables en France.
Un avant-goût de notre aventure
– La fourche, ou apprendre à cultiver la terre durablement. Pour comprendre les enjeux de l’alimentation, quoi de mieux que de revenir à la source ? Pendant un mois, nous partirons à la découverte des secrets de la terre nourricière, en travaillant dans des fermes du Royaume-Uni dont la culture respecte l’environnement.
– Le panier, ou repenser nos apports en protéines. Prendre le temps de s’informer pour bien choisir les produits à mettre dans son caddie, c’est la clé pour faire prendre la mayonnaise. On va donc partir à Copenhague pour accompagner l’entreprise Nordic Snails, qui cherche à développer une alternative durable à la viande rouge par l’élevage d’escargots distribués en circuit court à des restaurants.
– La fourchette, ou faire de l’alimentation un facteur d’inclusion. Et si on passait à table ? Pendant 6 semaines, nous allons travailler dans la chaîne de restaurants Tunco, un restaurant dont l’objectif est de proposer de la nourriture saine et durable à tous. L’occasion pour nous d’aider cette chaîne de 3 restaurants à développer sa stratégie. Leur mantra ? Pour chaque repas vendu un repas offert à un enfant dans le besoin. Meal for meal.
– La poubelle, ou limiter le gaspillage alimentaire en recyclant. Qui dit alimentation dit forcément déchets et parfois gâchis. Alors comment faire pour limiter au maximum la quantité de nourriture jetée à l’issue d’un repas ? Real Junk Food Projects propose de récupérer les invendus comestibles de supermarché afin de les distribuer à des écoles et associations. Pendant 6 semaines, nous y mènerons une mission de fundraising et de communication.
Avec le Covid, il a fallu mettre les bouchées doubles
On a commencé à réfléchir à « 10 milliards à table ! » pendant l’été 2019 et à l’origine, le projet devait se faire en Asie du Sud-Est. En janvier 2020, lorsqu’on a pris nos billets d’avion pour notre première étape, on se disait encore que rien ne pourrait se mettre en travers de notre chemin… jusqu’à ce que le Covid-19 arrive. Plutôt que d’annuler ou de reporter à un horizon temporel incertain, on a donc fait le choix de réaliser le projet en Europe. On a d’abord perçu cela comme un compromis douloureux mais aujourd’hui, on est très fières de notre choix car mener le projet en Europe nous permettra de limiter notre empreinte carbone (tous nos déplacements se feront en voiture) et de découvrir des modèles plus facilement applicables en France.
En plus, notre projet tombe à pic car la Commission Européenne a voté en mai 2020 une politique ambitieuse qui couvrira toute la chaîne de production, de transformation et de commercialisation pour garantir la sécurité sanitaire et la qualité des aliments. Avec un peu de recul, ce revirement de situation est donc une aubaine pour nous car il nous permet de donner beaucoup plus de sens à notre projet !
Pour suivre le projet, rdv sur Facebook, Instagram et sur le site Internet.