Faut-il être libre pour réussir ?

Isaac Getz
Isaac Getz

Isaac Getz, docteur en psychologie et professeur de leadership et innovation à ESCP Europe a conceptualisé l’Entreprise Libérée dans Freedom Inc. et dans Liberté & Cie (Fayard 2009 et 2012). Il y décrypte le style de leadership extraordinaire qui permet une liberté d’initiative et la responsabilité complète aux collaborateurs de l’entreprise. Défenseur de la pertinence et de la performance de ce leadership libérateur, il publie en septembre 2016 La liberté, ça marche ! (Flammarion). – Par Ariane Despierres-Féry

 

Libre et responsable

Le professeur entend la liberté comme indissociable de la responsabilité. « Chacun doit être libre de choisir l’action à entreprendre pour réaliser la vision de l’entreprise, ce qui suppose que cette dernière soit partagée auparavant. » A l’inverse, si le salarié agit sous la contrainte d’un supérieur sans avoir la liberté d’adhérer à pourquoi et de choisir comment il veut agir, il est un exécutant.

Un potentiel illimité

Difficile d’exiger d’une personne d’être performante, responsable du résultat, sans qu’elle puisse choisir les moyens pour obtenir ce résultat. « Parce qu’un collaborateur est libre du comment, il cherchera la meilleure façon d’atteindre le résultat, prendra des initiatives, innovera. Il va aussi progresser, réaliser davantage son potentiel » explique le professeur. Libérée, l’entreprise permet aux collaborateurs de découvrir en eux-mêmes des talents insoupçonnés.

Révolution en marche

Isaac Getz a identifié une centaine d’entreprises libérées en France, « en majorité des PME-TPE mais des groupes se sont aussi lancés dans la libération comme Michelin, Décathlon, Norauto ou certaines entités d’Airbus. » D’autres entreprises attendent d’avoir des résultats tangibles pour faire leur coming out. Il faut en effet du temps pour devenir une entreprise libérée, « cette transformation commence à donner des résultats après 3 ans selon mes recherches. Quelques PME l’ont réalisé en moins d’un an et les résultats humains sont visibles quasi-immédiatement ».

Le chef est mort, vive le leader libérateur

Une entreprise est libérée lorsque « la majorité des salariés au sein des équipes est libre et responsable d’entreprendre toutes les actions qu’eux-mêmes décident comme la meilleure pour la vision de l’entreprise. » La liberté se gagne individuellement et la transformation dépend surtout de la posture du patron. « Il est la clé de la libération et sans l’abandon de l’égo et du lâcher prise, elle ne réussira pas. En d’autres mots, il doit « tuer » en lui un chef et faire naître un leader. »

De l’entreprise du père à l’entreprise des pairs

Quant aux managers, ils se transforment en leaders serviteurs qui demandent à leurs collaborateurs ce dont ils ont besoin pour donner le meilleur d’eux-mêmes et réaliser leur mission. « Ils cessent de donner des ordres et de contrôler l’exécution. Ils traitent leurs collaborateurs avec confiance, c’est-à-dire comme des adultes. »

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