Malgré la relance économique, le taux de chômage reste plus élevé que la moyenne pour les jeunes et les personnes en situation de handicap en France. Dans ce contexte, comment les jeunes en situation de handicap perçoivent-ils leur orientation scolaire et leur insertion professionnelle ? C’est la question à laquelle répond l’étude réalisée par l’IFOP, dont les résultats ont été dévoilés le 8 avril dernier. Etudes, emploi, handicap : on fait le point.
L’association Tremplin Handicap (spécialiste de l’accompagnement à l’orientation et à l’insertion professionnelle des jeunes en situation de handicap) a missionné l’IFOP pour réaliser une grande étude destinée à objectiver le vécu des jeunes handicapés en matière d’orientation scolaire et d’accès à l’emploi. Une étude réalisée par l’institut de sondage dans une logique « d’enquête miroir », afin de comparer le vécu de ces jeunes avec celui de l’ensemble de la population française âgée de 15 à 30 ans.
Etudes, emploi, handicap : quel regard sur l’avenir ?
L’étude s’intéresse en premier lieu à leur état d’esprit à l’égard de l’avenir. Elle distingue ainsi trois domaines dans lesquels les jeunes en situation de handicap se trouvent majoritairement en difficultés. Les études d’abord : seuls 34 % d’entre eux voient les choses « faciles » en la matière (vs 58 % pour les autres). Les démarches administratives ensuite, que 36 % seulement jugent « faciles » et les relations amoureuses enfin.
Parmi leurs principaux sujets d’inquiétude, l’étude relève d’abord un constat partagé par tous les jeunes, qu’ils soient ou non handicapés : ils craignent tous de ne pas réussir à s’insérer professionnellement. Un sentiment exprimé très tôt par les jeunes en situation de handicap qui sont 36 % à le ressentir avant même d’entrer dans la vie active (vs 25 % pour les autres). « Cela met en lumière le gros problème de projection positive de ces jeunes dans les études et dans l’entreprise » insiste Christian Grapin, directeur de Tremplin Handicap. D’autant plus « qu’on observe des biais de perception chez toutes les parties prenantes. Le jeune pense qu’il n’y a pas de place pour lui et les organisations mobilisées sur ce sujet ont du mal à trouver des candidats correspondant à leurs critères » ajoute Caroline Chalindar Giné Directrice Pôle Influence et Relations Publiques de l’agence Epoka.
L’orientation scolaire, une étape clé
L’étude s’intéresse ensuite au vécu des jeunes face à l’orientation scolaire. Là encore, constat partagé : seuls la moitié des jeunes, qu’ils soient ou non en situation de handicap, estiment avoir eu les informations suffisantes en la matière. Mais ce sujet inquiète une part bien plus grande de jeunes handicapés : 50 % se disent très inquiets, vs 33 % pour le reste de la population. Trois raisons principales exprimées à cela : la question de la localisation géographique des établissements (plus déterminante pour les personnes en situation de handicap parfois plus dépendantes de leurs familles ou dont les familles ont plus de mal à se séparer de leurs enfants), la question de l’adaptabilité des études (un critère déterminant pour 54 % des jeunes en situation de handicap et même première cause de réorientation), et le manque de confiance dans ses chances de réussir. Or, comme le précise Christian Grapin, « la confiance met longtemps à se construire. Il est donc essentiel de travailler ces questions le plus tôt possible, dès le collège, sans négliger l’impact réel du stage de 3e. Il faut mobiliser toutes les parties prenantes pour démontrer à ces jeunes que c’est possible ! ». Une mobilisation rendue parfois difficile par le manque de rôles modèles dans lesquels ces jeunes peuvent se projeter, par l’invisibilité d’une grande majorité des situations de handicap (80 %), ou par le souhait de certains collaborateurs de ne pas être considérés comme handicapés. « Le sujet de fond réside dans la notion de sensibilisation et d’acculturation aux handicaps » martèle Caroline Chalindar Giné.
Etudes, emploi, handicap : un parcours pas toujours facile
Concernant l’insertion professionnelle enfin, l’étude révèle là encore de véritables inquiétudes de la part des jeunes en situation de handicap. Notamment en matière d’alternance, pourtant considérée aujourd’hui comme un levier de taille de lutte contre le chômage des jeunes. A la question « Diriez-vous que les choses sont ou ont difficiles pour vous concernant la recherche d’une alternance », 77 % des jeunes handicapés répondent oui, vs 66 % pour les autres. Concernant la recherche d’emploi, 74 % répondent oui (vs 49 % pour les autres) et concernant la recherche de stage, le chiffre baisse à 62 % restant toutefois supérieur de 16 points par rapport aux autres jeunes de 15 à 30 ans.
Le handicap est-il toujours « un gros maux » ?
« Quand on regarde cette étude, on voit bien que le handicap est encore un « gros maux ». Une situation de handicap fait que les jeunes ont moins le moral, ont plus d’inquiétudes sur leur avenir et plus de difficultés dans leur orientation. Aujourd’hui, 87 % d’entre eux pensent que le handicap est l’obstacle majeur qu’ils vont rencontrer dans leur insertion professionnelle, ce qui, par rapport aux jeunes non handicapés, fait peser un poids considérable sur leurs épaules. Le handicap crée des fractures entre les jeunes, c’est une réalité. Et tant qu’on ne trouvera pas de solutions en la matière, on ne sera pas dans une société inclusive. Il ne faut pas oublier qu’alors que la loi d’obligation de 6 % d’emploi de personnes en situation de handicap a 35 ans, le taux moyen ne s’élève aujourd’hui qu’à 3.5 %. Un chiffre certes en augmentation, mais essentiellement en raison d’une augmentation des RQTH de ceux qui sont déjà en emploi » constate le directeur de Tremplin Handicap.
Etudes, emploi, handicap : non cette question ne se limite pas à la mission handicap de votre entreprise !
Alors même que les sujets de RSE et d’inclusion deviennent des critères concurrentiels pour les entreprises avides de jeunes talents. « Ces questions étaient auparavant un critère de choix complémentaire et deviennent aujourd’hui un critère de choix déterminant. Avant de candidater dans une entreprise, les jeunes étudient son engagement RSE, ses valeurs, sa vision de la qualité de vie au travail et, plus globalement, tout ce qui concerne son engagement social et sociétal » indique Caroline Chalindar Giné. « Même si le handicap n’est pas souvent inclus dans le champ de la RSE et reste souvent cantonné au périmètre de la mission handicap. Et pourtant, la mission handicap a pour objectif l’augmentation du taux d’emploi de personnes handicapées (soit un objectif court terme), alors même que la question de l’inclusion du handicap s’inscrit dans le temps long et a donc toute sa place dans le champ de la RSE et du développement « durable ». L’idée étant, pour l’entreprise, de s’engager maintenant pour des jeunes qu’elle pourrait recruter demain ou après-demain » analyse Christian Grapin. D’autant plus lorsqu’on sait qu’à la question « pour quelle cause êtes-vous prêts à vous mobiliser », posée par l’IFOP dans une de ces études récentes, les Français citent le handicap en seconde position. Une cause fortement mobilisatrice et donc un gain réputationnel et d’image réel pour les entreprises qui veulent s’engager.
Etudes, emploi, handicap : pour changer votre regard, binge watchez les vidéos réalisées pour Tous HanScène !
Tremplin Handicap fête cette année les 10 ans de Tous Hanscène. Un concours vidéo qui invite les étudiants de l’enseignement supérieur, en situation de handicap ou non, à réaliser des films de trois minutes sur la thématique du handicap classés en plusieurs catégories allant de l’humour, au sport, en passant par la vie quotidienne ou la technologie. « Les jeunes savent s’emparer du sujet sous différents angles mais toujours avec intelligence et même poésie parfois », note le directeur de l’association. Tous mobilisés, étudiants et établissements se retrouveront le 23 juin 2022 dans la plus grande salle de l’UGC Ciné Cité Paris 19 pour départager les 170 films en lice, lors de la remise de prix de cette 10e édition qui s’annonce d’ores et déjà pleine de surprises. D’ici là, les votes sont ouverts à tous : rendez-vous sur le site du concours pour mettre votre vidéo préférée sur la première marche du podium !!
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