Etudiants « Dys » : Que font les établissements d’enseignement supérieur pour faciliter l’intégration ?

étudiants dys
Sylviane Chabli (crédits PIERRE JAYET) et Nathalie Louisgrand (Crédit Mark Thomas)

Depuis quelques années, les institutions d’enseignement supérieur accueillent un nombre croissant d’étudiants identifiés comme ayant des troubles des apprentissages, aussi appelés étudiants « Dys ». Parmi eux il y a des étudiants dyslexiques, dyspraxiques, dyscalculiques, etc.). Ces troubles sont d’origine neurologique. La mise en place d’un certain nombre de dispositifs adaptés permet à ces étudiants de poursuivre leur scolarité dans de bonnes conditions. Face à cela, une fois que les obligations réglementaires comme l’aménagement pour les concours ou les examens sont mis en place, que peuvent faire les écoles d’enseignement supérieur pour faciliter l’inclusion de ces étudiants en situation de handicap ?

Des accompagnements de plus en plus individualisés

De nombreuses institutions d’enseignement supérieur fournissent désormais des accompagnements de plus en plus individualisées grâce tout d’abord à des logiciels d’assistance à l’écriture, de reconnaissance vocale ou de lecture, et ce afin de faciliter les apprentissages des étudiants Dys. Ensuite, en ce qui concerne les départs à l’étranger, les étudiants peuvent être aidés dans l’ensemble de leurs démarches, de la préparation du dossier à la mise en relation avec l’université étrangère d’accueil qui saura quels ajustements mettre en place à l’arrivée de l’étudiant.

La présence active des entreprises et des associations de Dys

Les entreprises jouent, elles aussi, un rôle actif à différents niveaux. Certaines offrent, par exemple, des bourses pour financer du matériel qui permet de faciliter les apprentissages. D’autres prennent en stage ou en alternance ces jeunes « Dys » tout en adaptant leur poste de travail. Ceci permet une meilleure inclusion des étudiants et facilite aussi la transition entre la vie étudiante et la vie professionnelle. Les associations, elles, sont là pour conseiller les équipes administratives et pédagogiques mais aussi pour soutenir les étudiants qui en éprouvent le besoin.

à lire aussi l’interview de Sophie Cluzel, Secrétaire d’Etat chargée des personnes handicapées

Des actions pour dépasser les préjugés

Chaque trouble dys est différent et peut engendrer des limitations propres à chaque étudiant dans ses activités, sa vie étudiante. Au-delà des aménagements et des équipements, il est aussi nécessaire de faire réfléchir au regard que l’on porte sur une personne pouvant avoir des besoins spécifiques dans certaines situations, aux stéréotypes qui génèrent un raccourci entre troubles Dys et « handicapé », nourrissant une représentation sociale négative. C’est ce qui est proposé à Grenoble Ecole de Management aux étudiants souhaitant suivre le Certificat Management et Handicap.

L’enjeu est important puisque, selon le baromètre perception de l’emploi des personnes en situation de handicap de l’AGEFIPH – IFOP de novembre 2020, 62 % des employeurs jugent encore difficile l’embauche de personnes handicapées. Pour 63 % des employeurs, recruter une personne en situation de handicap reste perçue comme une charge supplémentaire dans l’organisation de l’entreprise.

Des solutions adaptées pouvant bénéficier au plus grand nombre

Les recommandations pour répondre aux besoins spécifiques des personnes ayant un trouble Dys ne peuvent-elles pas bénéficier au plus grand nombre ? Les préconisations pour adapter le travail aux personnes ayant des troubles Dys peuvent aussi bénéficier à l’ensemble de la population. Citons par exemple l’importance d’utiliser certaines polices de caractère, d’expliquer les raisons d’un changement, de répondre aux interrogations, de proposer un environnement de travail adapté pour ne pas perturber la concentration…

D’une approche fondée sur la norme à une approche fondée sur la diversité ?

Derrière le fait que certains étudiants s’adaptent plus difficilement que d’autres ou bien abordent différemment certaines situations d’apprentissage, se pose aussi la question de la norme. Ne devrait-on pas parler, comme certaines associations le revendiquent, de diversité cognitive ou bien encore de neurodiversité. Interroger nos représentations et leurs influences sur nos pratiques et nos décisions peut nous amener à avoir de grandes écoles plus inclusives.

Sur le Certificat Management et Handicap de Grenoble Ecole de Management

« Chaque situation est différente donc on ne pas prétendre connaître tous les handicaps et leurs conséquences. Par contre on peut apprendre à comprendre les différences. » C’est le commentaire d’un étudiant ayant obtenu le Certificat Management et Handicap de Grenoble Ecole de Management.

Prendre conscience de sa représentation du handicap pour devenir un ou une manager inclusif, tel est l’ambition de cette formation. Elle permet aux étudiants de conjuguer l’apprentissage de connaissances sur la législation du travail et le handicap avec des expériences, des rencontres, une réflexion sur sa propre représentation du handicap. Elle s’appuie sur le partenariat avec Unirh-Thransition, association spécialisée dans l’accompagnement des employeurs de diffé­rents secteurs et les référents handicap de l’enseigne­ment supérieur dans la définition et la mise en œuvre de leur politique inclusive pour les personnes en situation de handicap. Près d’une trentaine de grandes entreprises participent aussi à cette formation (Casino, CGI, Atos, Sanofi, Michelin, Air Liquide…).

Les auteurs sont Nathalie Louisgrand et Sylviane Chabli, Grenoble Ecole de Management

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