Etudiants engagés pour les populations en difficulté : l’avenir, c’est les autres

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crédits Unsplash

Profiter de ses études pour s’engager pour les autres, le projet semble magnifique sur le papier. Mais comment trouver LA cause qui vous ressemble ? Krikor, Clémence, Flore et Cyprien ont, tous les quatre, choisi de s’engager pour des populations en difficulté. Détenus, sans domicile fixe ou encore étrangers dans le besoin, ils se sont posé les bonnes questions avant de leur venir en aide. Témoignages.

Krikor Satchlian, élève ingénieur en cinquième année à l’ESTP et ex-président de l’association humanitaire HILAP

Trois grosses actions phares menées par HILAP ESTP ?

Nous menons différents projets en France et à l’étranger. Les maraudes sont l’une de nos actions phares. Nous sélectionnons un groupe d’élèves volontaires de l’ESTP encadré par des membres de l’association pour faire participer tout le monde. Nous allons dans Paris distribuer de la nourriture, des vêtements, des produits d’hygiène et de première nécessité aux personnes dans le besoin. Notre deuxième action : les dons du sang. Trois fois par an, nous organisons des collectes au sein de l’école. Enfin, à l’international, nous organisons des voyages humanitaires sous forme de stages ouvriers. Nos missions consistent à réhabiliter des écoles, des logements ou des sanitaires. Cela vient remplacer le stage ouvrier obligatoire de première année à l’ESTP. Il y a environ 110 personnes par an qui partent, soit environ 1/5ème des élèves de première année. Arménie, Cambodge, Vietnam, Pérou, Népal, Madagascar… Nous sommes présents un peu partout.

Qu’est-ce qui vous a donné envie de vous engager ?

D’un point de vue personnel, je voulais m’engager dans mon cursus pour être concrètement utile pour des personnes en dehors de l’ESTP. J’ai toujours donné de mon temps pour aider les personnes dans le besoin. Puis, l’école donne aussi l’opportunité de sensibiliser les élèves et d’avoir un champ d’action plus large. En tant que président de l’asso, j’avais la main mise pour essayer de développer au maximum le réseau de contacts et de sponsors pour les prochains mandants afin qu’ils puissent agir le plus possible.

Aider les autres : une question de volonté, d’éducation ou les deux ?

C’est une question d’éducation. Mes parents m’ont toujours poussé à voir les problèmes des autres afin d’y remédier. Pour l’Arménie et l’humanitaire en général, c’est aussi un intéressement culturel. J’aime découvrir de nouvelles populations et leurs différents problèmes. Actuellement, les actions que je mène à titre personnel et à titre associatif m’épanouissent et je pense que ce sentiment perdurera. En tant qu’ingénieur, j’aimerais travailler dans l’aéronautique et participer à la transition verte. Je suis arménien, donc je me satisferai professionnellement lorsque j’arriverai à implanter l’aéronautique dans mon pays. Je souhaite notamment participer à l’ouverture d’usines, de centres de R&D pour pouvoir venir en aide et développer ce pays qui est le mien. Je pense qu’aider en première nécessité n’est plus suffisant, il faut pouvoir proposer des emplois et, globalement, changer la vie de ces populations. Nous devons pousser les maraudes bien plus loin et aider les gens à trouver du travail et à se réinsérer socialement.

Flore Nanchino et Clémence Drevard, élèves-avocates en dernière année à l’HEDAC et professeures bénévoles de français à la Prison de la Santé

Pour Flore et Clémence, l’engagement rime avec une belle histoire d’amitié. Toutes deux en fin de cursus à l’HEDAC, elles ont choisi le métier d’avocate par vocation et se sont rencontrées sur les bancs de l’école. « Dès le collège, je sentais que j’avais envie de défendre » se souvient Flore. Quant à Clémence, c’est le droit pénal qui est apparu comme une évidence. « C’est une matière où l’humain est extrêmement important. C’est la relation avec le client qui m’anime et me passionne » introduit-elle.

S’engager en centre de détention

Flore faisait déjà du bénévolat avec des sortants de prison, pour aider à leur réinsertion, lorsqu’elle a vu passer l’appel à candidature pour donner des cours de français à la Prison de la Santé. Sans hésitation, elle a contacté Clémence pour envoyer une candidature commune qui a séduit le recruteur. « J’étais très investie sur les conditions de détention, faire du bénévolat en prison était quelque chose que j’avais toujours eu envie de faire » raconte Clémence. Ensemble, elles ont donc préparé des cours ludiques et pédagogiques, pour étudier l’orthographe et la grammaire tout en s’amusant. Mots mêlés, mots croisés, dictées et débats rythmaient leurs cours. « Nous avons été directement sur la même longueur d’ondes avec Clémence, on ne voulait pas que ce soit hyper strict, mais plutôt que ce soit un moment de liberté avec des personnes venant de l’extérieur. Nous avons mené beaucoup de discussions avec des opinions variées, sur la détention notamment. Nous connaissons le milieu judiciaire, donc nous comprenons ce que les détenus ont vécu » explique Flore.

L’après engagement

A deux doigts de prêter serment, les deux jeunes femmes ne pourront légalement plus continuer leur engagement bénévole en prison une fois avocates. L’heure est alors au bilan, après plusieurs mois de travail avec leurs élèves détenus. « C’est une expérience extrêmement enrichissante qui me manque déjà. Nous apportions quelque chose aux participants et étions utiles à l’amélioration de la détention. Dans mon avenir, je continuerai de m’investir sur la détention par le biais d’associations sur les droits des détenus avec les avocats » témoigne Clémence. De son côté, Flore encourage tous ceux qui le souhaitent à s’engager en détention. « J’incite à le faire uniquement si les personnes sont vraiment disponibles, car si on ne vient pas, les détenus ne sont pas prévenus. La disponibilité et l’engagement sur le long terme sont essentiels pour établir une relation de confiance. »

Cyprien Duchatelet, étudiant en deuxième année de Bachelor à l’EDHEC et Président de l’association Eduk’Azion

Comment est née l’association Eduk’Azion ?

En première année de Bachelor, nous devions mettre en place un projet qui répond à un objectif de développement durable de l’ONU. Nous avons choisi l’objectif numéro 4 – une éducation de qualité – en sensibilisant des collégiens au milieu carcéral. Avec trois autres étudiants, nous avons décidé d’intervenir directement dans les centres pénitentiaires pour mineurs. Nous créons un échange en récoltant les questions auprès des collégiens, puis en réalisant les interviews de jeunes incarcérés, avant d’ensuite rediffuser l’interview aux élèves qui avaient posé leurs questions. Cet échange permet de sensibiliser sur ce milieu fermé de la société.

Quelles ont été les réactions des collégiens ?

Nous acons sélectionné vingt questions assez pertinentes, axées sur l’éducation au sein du centre, l’école, les activités qu’ils pouvaient faire, mais aussi d’autres plus personnelles. Les collégiens faisaient vraiment le lien entre leur vie à eux et celle des jeunes détenus. Dans leurs questions, il y avait beaucoup de comparaisons. A la fin de la diffusion des réponses, beaucoup sont venus nous voir pour nous remercier. Même ceux qui parlaient peu ont été touchés et en ont parlé avec leurs parents. Nous avons eu des retours positifs et on sait que cela a vraiment eu de l’impact.

Pourquoi avoir choisi de s’engager pour cette cause plutôt qu’une autre ?

Tout est parti d’un travail de recherche. Nous voulions marquer le coup et vivre une belle expérience humaine : le milieu carcéral est donc venu assez naturellement. Les jeunes détenus ont participé pleinement avec nous. Nous travaillions avec un éducateur qui avait sélectionné trois jeunes volontaires pour collaborer. Au début de nos échanges, leurs réponses étaient assez fermées sans trop de détails, puis très vite ils se sont ouverts pour se livrer à nous. Quand je sortais du centre, j’avais oublié que c’était un projet d’école, je ne retenais que l’expérience humaine. Ce n’était qu’un projet de première année, mais l’objectif serait que les nouvelles premières années le reprennent. Nous souhaitons aussi les accompagner à se lancer dans de nouvelles actions. Je serais content de pouvoir étendre le projet pour continuer de sensibiliser et d’informer au maximum.

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