« Développer et renforcer la singularité de Sciences Po, ce qui lui confère son caractère unique dans l’Enseignement supérieur en France et à l’international. » Telle est l’ambition qui marque la rentrée 2023 de Sciences Po. Lors d’une conférence de presse le 30 août dernier, son directeur Mathias Vicherat a détaillé les axes stratégiques sur lesquels l’établissement compte s’appuyer pour y parvenir.
« Historiquement, Sciences Po est une école (ou une université !) à nulle autre pareil. Un positionnement que nous allons assoir sur le marché national, européen et international grâce à notre singularité » introduit Mathias Vicherat.
L’excellence au cœur de la rentrée 2023 de Sciences Po
Une singularité que le directeur de Sciences Po attribue d’abord à l’excellence prônée par l’établissement. « Sciences Po est la troisième meilleure université au monde en Sciences politiques et Relations internationales selon le QS 2023. Parallèlement, l’attractivité de nos diplômés ne cesse de croitre sur le marché du travail. En effet, notre taux d’employabilité s’élève cette année à 87 %, en augmentation de sept points par rapport à l’an passé. En termes de rémunération, le salaire moyen à la sortie s’élève à 42 000 euros (avec des disparités entre les écoles), un chiffre là aussi en augmentation. Une preuve que Sciences Po ce n’est pas Sciences Pipeau comme certains aimeraient le faire entendre ! » Une augmentation de l’employabilité et des niveaux de salaires que le directeur lie également à l’apprentissage, désormais pratiqué dans toutes les écoles de Sciences Po. Le renforcement de l’académisation voulu par Sciences Po devrait également œuvrer en ce sens, l’établissement se fixant l’objectif de + 30 % de membres de la faculté permanente d’ici cinq ans.
Le public reste attractif pour les diplômés de Sciences Po
« Les concours de la fonction publique restent très attractifs » affirme Mathias Vicherat. Quelques chiffres d’illustration : 80 % des admis à l’INSP (ex-ENA), 34 admis sur 40 au concours des commissaires de police et un tiers des étudiants admis à l’Ecole nationale de la magistrature l’an dernier, étaient issus de Sciences Po.
Mathias Vicherat insiste également sur l’importance des doubles diplômes. « Science Po est la première université européenne en la matière, avec une offre de plus de 50 doubles diplômes avec des institutions nationales et internationales et dans des disciplines complémentaires aux nôtres. Nous avons ainsi par exemple doublé le nombre d’élèves de notre double diplôme avec HEC Paris cette année et nous allons lancer quatre nouveaux doubles diplômes dans les prochains mois avec la Luiss à Rome, I.E University à Madrid, TISS (Tata Institute of Social Sciences) à Bombay et notre partenaire sud-africain University of Cape Town. »
Autre axe de nature à renforcer l’excellence de Sciences Po : l’environnement. En plus des 40 enseignants-chercheurs travaillant déjà dans ce domaine, « une trentaine d’universitaires spécialistes devraient rejoindre Sciences Po dans les prochaines années, faisait de l’établissement une des institutions les mieux dotées en Europe » précise son directeur. L’Europe qui compte d’ailleurs elle aussi parmi les priorités de Sciences Po. Car « en tant qu’objet de recherche et d’enseignement, l’Europe a été délaissée ces dernières années. Nous avons donc notamment décidé que l’Ecole d’affaires publiques allait renforcer la préparation aux concours européens et avons signé une convention de partenariat avec l’Institut Jacques Delors pour renforcer notre recherche et nos enseignements sur l’Europe » annonce Mathias Vicherat.
Le report des épreuves de spécialité du Bac en juin, ça change quoi ?
« Le passage des épreuves de spécialité en mars nous permettait de compléter le dossier du candidat avec des notes offrant une indication objective sur son niveau. Cela nous permettait en quelque sorte d’avoir une épreuve écrite. Le report en juin milite donc pour la réintroduction d’une épreuve écrite dans le processus d’admissibilité. Mais il ne faut pas occulter les biais sociaux engendrés par le passage d’un écrit (frais de déplacement, épreuves qui se déroulent dans un grand centre d’examen etc.) qui reste des freins importants pour certains jeunes. Nous venons d’apprendre ce report calendaire, rien n’est donc fixé à ce jour mais il y aura sans doute des changements pour la rentrée 2024 » prévoit Mathias Vicherat.
A la rentrée 2023, Sciences Po s’affirme comme « the place to speak »
A la rentrée 2023, Sciences Po souhaite également s’affirmer plus que jamais comme un acteur du débat public et donc, renforcer sa place dans la Cité. « En tant qu’université de recherche en sciences humaines et sociales, Sciences Po participe depuis sa fondation, il y a plus de 150 ans, à la diffusion du savoir et des connaissances au plus grand nombre, à faire vivre le pluralisme et le débat d’idées » précise-t-elle.
Dans cette dynamique et en complément de l’offre développée en partenariat avec France Culture, Sciences Po a lancé au début de l’été 2023 ses premiers podcasts natifs consacrés, notamment, aux enjeux de la transformation environnementale. « Pour mettre à la disposition du grand public l’ensemble de nos contenus (grandes conférences, travaux de recherche, etc.) – à l’image de ce qu’il se fait dans les grandes universités américaines – nous allons également lancer dans les prochaines semaines le portail numérique Sciences Po Sources » annonce le directeur. Et d’ajouter, « nous avons la pretention d’être the place to speak. Lorsqu’une personnalité internationale vient en France, nous voulons qu’il puisse venir à Sciences Po, à la rencontre d’une jeunesse internationale (la moitié de nos étudiants ne sont pas français), formée, engagée et représentative. » Après l’ancienne chancelière Angela Merkel et le secrétaire général de l’ONU António Guterres en juin dernier, le chef de l’opposition indienne Rahul Gandhi échangera d’ailleurs avec les étudiants de Sciences Po vendredi 8 septembre prochain.
D’autres personnalités rejoignent quant à elles le corps professoral de Sciences Po. Parmi elles, François Mollins qui donnera des cours à l’Ecole de droit sur l’approche judiciaire du terrorisme et du contre-terrorisme, Roberto Saviano qui rejoint l’Ecole d’affaires internationales avec des cours sur la mafia et la criminalité organisée au niveau international, Kamel Daoud qui rejoint l’Ecole de journalisme et qui donnera des cours d’histoire comparée sur l’histoire franco-algérienne, ou le politologue Yascha Mounk.
Rentrée 2023 : Sciences Po renforce la place des Arts
En plus de sa Maison des arts et de la création lancée en mars 2023, Sciences Po crée le statut Artiste confirmé, comparable au statut Sportif de haut niveau.
Egalité des chances et excellence, ça marche !
Enfin, à la rentrée 2023, Sciences Po entend renforcer sa politique de promotion de l’égalité des chances. Une politique qui ne contrarie pas son engagement pour l’excellence, insiste son directeur. « Nous constatons que le niveau général de nos élèves admis augmente en même temps qu’augmente notre ouverture sociale. Nous comptons 95 % de mentions Très Bien dans nos admis, la note minimale d’admissibilité augmente d’année en année – la note minimale pour entrer à Sciences Po était de 69 en 2022 et de 70 en 2023 – et, parallèlement, notre taux de boursiers augmente également (30 % aujourd’hui vs 23 % il y a trois ans). La preuve qu’il est possible d’améliorer le niveau général tout en améliorant l’ouverture sociale » martèle Mathias Vicherat.
Une augmentation rendue en partie possible par le renforcement du dispositif des Conventions Education Prioritaire, désormais élargi à 200 lycées partenaires en Métropole et en Outre-mer, avec un objectif d’augmenter de 50 % le nombre de candidats admis par cette voie. « Le différentiel de notation entre un élève venant d’une CEP et un élève venant de la voie générale est de 2.5 en première année. En cinquième année, il ne se situe plus qu’entre 0.5 et 0.7. Ces chiffres sont un élément objectif pour montrer que l’institution et son écosystème réussissent à réparer un différentiel scolaire initial et que, dans ce cas-là, la discrimination positive, ça marche ! » ajoute-t-il.
Sciences Po ouvre sa procédure de recrutement aux lycéens professionnels
Dans cette dynamique et pour permettre à tous d’accéder aux meilleures études et rectifier certaines trajectoires de mauvaise orientation, Sciences Po inaugure cette année l’ouverture de sa procédure de recrutement aux lycéens professionnels, pour leur permettre de déposer leur candidature (ce qui n’était auparavant pas possible). « Dans le cadre du programme Une voie pour tous, lancé par Sciences Po, les élèves de trois lycées professionnels, parmi lesquels le lycée Maryse Condé à Sarcelles, seront intégrés au dispositif des Conventions Education Prioritaire, pour leur permettre de se préparer au mieux à l’accès à un cursus d’études dans l’Enseignement supérieur et plus spécifiquement les aider à s’inscrire dans une démarche de candidature à Sciences Po » indique l’établissement.
Enfin, « engagée pour la paix, les libertés académiques et la solidarité », Sciences Po continue d’accueillir de nombreux étudiants réfugiés, en exil ou persécutés. « Depuis le déclenchement de la guerre en Ukraine, plus de soixante étudiantes ukrainiennes réfugiées ont pu poursuivre leurs études interrompues par le conflit, à Sciences Po, avec un accompagnement financier permis par la mobilisation des mécènes de Sciences Po » indique-t-elle. L’école annonce également ouvrir dans les prochaines semaines un lieu unique permettant d’accueillir des centres de recherche et plusieurs dizaines d’étudiants et de chercheurs exilés ou persécutés.
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