Henry Chesbrough a popularisé le terme d’open innovation au début des années 2000 pour mettre en avant l’importance des process d’innovation basés sur le partage et la collaboration. On serait tenté de dire : « rien de nouveau à l’Ouest pour l’enseignement supérieur ! » dont la raison d’être s’inscrit complètement dans cet esprit. Mais tout comme pour les entreprises, une approche résolument inspirée de l’open innovation s’est largement répandue et les partenariats se sont multipliés dans l’enseignement supérieur quelle que soit la discipline.
Ce sont des dizaines de nouveaux partenariats qui sont conclus chaque année qu’il s’agisse de recherche, d’enseignement, d’international, d’innovation… La tentation pourrait exister de ‘collectionner’ les partenariats pour afficher des chiffres mais l’impact de l’approche d’open innovation est bien réelle sur la performance des grandes écoles et universités et se retrouve dans de nombreuses activités. Les bénéfices en sont nombreux notamment concernant la transversalité des disciplines, l’engagement des institutions d’enseignement supérieur avec leur tissu économique territorial; le transfert de connaissances entre les mondes universitaires et industriels, ou encore l’ouverture avec les entreprises et l’écosystème des startups…
Les étudiants grands gagnants de l’innovation ouverte
La formation est probablement l’activité qui a le plus profité de cette approche d’open innovation au cours des dernières années pour le grand bénéfice des étudiants. Par exemple, les projets avec les entreprises se sont multipliés avec une forte orientation vers la résolution de problèmes. Les hackathons (ou leurs formes dérivées) permettent aux étudiants de faire des propositions inspirantes qui pourront être mises en œuvre par les grandes entreprises, ETI, startups… Citons aussi les incubateurs, accélérateurs, fablabs, concours d’innovation, dispositifs de co-développement… L’innovation ouverte et la mise en réseau des établissements de formation élargissent les possibilités offertes de se former grâce à l’hybridation des compétences. Audencia est un exemple du déploiement de cette stratégie d’innovation ouverte au travers de son alliance stratégique avec Centrale Nantes et l’ensa, l’école d’architecture de Nantes mais aussi d’un réseau de partenaires autour d’autres champs de formation aussi variés que le droit, le design, la pharmacie, les sciences politiques, l’image ou la communication. Le récent livre blanc de la Conférence des Grandes Ecoles « Les écoles de management : vers un écosystème apprenant » met particulièrement l’accent sur ce changement de paradigme dans les business schools. François Taddei, directeur du Centre de Recherches Interdisciplinaires (CRI), y souligne l’importance de former les publics à savoir dialoguer avec d’autres formes d’intelligence en s’appuyant sur des innovations ouvertes.
Les chaires s’ouvrent
Si l’ouverture en réseau n’est pas nouvelle pour la recherche, ses modalités évoluent. Les chaires, par exemple, se sont ouvertes à des programmes de formation et à la création d’innovation par l’organisation d’évènements spécifiques. L’innovation ouverte s’attache alors à maximiser les interactions entre les parties prenantes pour un impact renforcé. Toujours dans cette volonté d’innovation ouverte, les étudiants sont de plus en plus associés à leurs travaux pour leur plus grand bonheur et celui des autres participants.
L’innovation toujours aussi ‘ouverte’ demain ?
Un mouvement arrière serait fort surprenant et l’innovation ouverte devrait s’inscrire durablement dans la stratégie des établissements. Mais une forme de rationalisation est légitime. Tout comme un certain nombre d’entreprises l’ont fait au cours des dernières années et parce que l’innovation ne peut faire l’impasse de son propre management, les grandes écoles/universités pourraient « stratégiser » leur innovation ouverte en répondant à quelques questions clés : Quels objectifs pour l’innovation ouverte ? Quelle prise de risque ? Quels processus d’innovation ? Quelles améliorations attendre des partenaires externes (et internes) ? Comment impliquer encore plus les parties prenantes, par exemple les diplômés ? Comment intéresser de nouvelles parties prenantes ?
L’innovation ouverte est là pour rester : longue vie à l’innovation ouverte !
L’auteur est Valérie Claude-Gaudillat, Directrice Audencia Innovation et Professeur de stratégie