[Expert IMT-BS] DG et management d’équipe : les fondamentaux ont-ils vraiment disparu ?

« Finalement, le management d’équipe, c’est beaucoup de bon sens. On a beau le savoir, encore faut-il savoir le mettre en œuvre » affirme le Directeur commercial d’une Business Unit de 300 collaborateurs au sein d’une entreprise du secteur agroalimentaire. Pourquoi ces fondamentaux du management d’équipe sont incontournables ? Quels sont-ils ? En pratique, représentent-ils une utopie ?

 

« Back to basics ». Pourquoi ?

La littérature en théorie des organisations, en comportement organisationnel, en psychologie, de nombreuses études terrain réalisées auprès de salariés et surtout, de nombreux exemples d’entreprises nous enseignent qu’une organisation aura plus de chance de sécuriser sa stratégie sur le long terme à condition de mettre en place un management d’équipe qui soit en cohérence avec ses objectifs et en pratiquant ce que l’on appelle désormais « l’alignement des attentions ». Il s’agit d’accorder autant d’importance aux besoins de ses collaborateurs qu’aux besoins de ses clients. Pour y parvenir, on cherche parfois trop vite des solutions dites novatrices reposant sur des artifices faits de baby-foots, d’initiatives festives orchestrées par des Chiefs Happiness Officers et en oubliant les bases du management d’équipe et le fameux “bon sens” cités plus haut. Le premier sponsor de ce bon sens, c’est le Top management. 

Les fondamentaux du management d’équipe. C’est quoi ?

De manière non exhaustive, quatre figures d’un.e. Directrice/Directeur Général(e) peuvent illustrer ces fondamentaux. Les voici :

DG Manager – Leader : il donne la vision, la direction, fixe les objectifs. Il sait construire et mettre en oeuvre le plan d’action et insuffler la culture du résultat.
DG Manager – Chef d’orchestre :  il fixe, seul et/ou avec ses équipes, le cadre managérial, qui doit vivre, évoluer et rappeler à tous, les valeurs de l’entreprise ainsi que les modes de fonctionnement, règles de communication et interdits qui en découlent.
DG Manager – Figure du courage managérial : s’il veut que son cadre vive et serve de socle à la vie d’équipe, la/le DG doit l’incarner de par son exemplarité, sa capacité à trancher et prendre des décisions difficiles, à recadrer et à conserver le juste positionnement. Cela implique de bien distinguer convivialité et familiarité et d’être capable de garder sa posture, quand bien-même les circonstances et les années permettent de tisser des liens privilégiés avec les équipes. Enfin, le courage consiste à savoir admettre ses erreurs, à donner le droit à l’erreur, à assumer les défaites et partager les victoires,
DG Manager – Manager Coach : partager l’information à tous les acteurs concernés, donner du feedback, non pas pour jouer du bâton ou de la carotte, mais pour permettre aux équipes de progresser et de faire évoluer leurs compétences. Favoriser l’empowerment du collaborateur en veillant au juste niveau de délégation selon les niveaux hiérarchiques, savoir donner et ainsi susciter la confiance, facteur clé de succès au sein des organisations.

 

Les fondamentaux du management d’équipe. Une utopie ?

Il est très rare, mais possible, de retrouver l’ensemble de ces qualités chez un.e Directeur.e/Manager. Savoir gérer des équipes, à tous niveaux, y compris celui de directions générales requiert plusieurs éléments : de l’expérience, des prédispositions qui peuvent faciliter la mise en oeuvre de techniques managériales, une solide formation et un cadre business et organisationnel qui convienne au manager pour exprimer ses pleines capacités.

Néanmoins, ces profils de top managers maîtrisants et capables de mobiliser ces fondamentaux existent. Analysons juste le cas de la crise sanitaire, et économique, que nous traversons. On sait que les crises économiques, et financières, ont un effet destructeur même sur les meilleures initiatives en termes de gestion des femmes et des hommes. Celle qui débute ne fera pas exception. Pour autant, des entreprises de tous secteurs et de toutes tailles, si elles prennent des décisions difficiles, choisissent de les mettre en oeuvre en continuant de placer le capital humain au coeur de leurs préoccupations.

On a vu pendant la crise sanitaire, de grands noms, et beaucoup d’autres non connus, choisir de maintenir la rémunération des collaborateurs à 100%, parfois même en refusant de recourir aux aides de l’Etat. L’entreprise du secteur de l’agroalimentaire, que nous citions plus haut, a choisi de pallier à sa perte de CA en économisant sur tous les fronts afin de préserver ses effectifs et leur rémunération.

Ce sont autant d’initiatives qui restent en cohérence avec un management d’équipe porté, au quotidien par l’ensemble de la chaîne hiérarchique et qui, plutôt que de jeter des paillettes dans les yeux de leurs collaborateurs, s’assurent que ce qui relève de l’élémentaire et du bon sens reste concret et de mise en toutes circonstances.

 

L’auteur est Andjélika Kichian, responsable adjointe du Bachelor à IMT-BS, anciennement manager d’équipes commerciales