Au début d’internet, dès 1998, le site des Echos figurait dans le top 10 des sites internet visités en France. Très tôt, internet a représenté pour l’ensemble des acteurs de la finance une source d’informations rapides, plutôt fiables et d’une quantité inépuisable. Comment faire le tri parmi toutes ces sources où le profit voire les conflits d’intérêt nous guettent à chaque clic ? Envisageons quelques pistes.
Cette quête insatiable d’informations privilégiées, de préférence avant qu’elles ne soient publiques, a donné lieu à quelques anecdotes mémorables. En 1830, à Bordeaux, les frères Blanc détournent l’usage du télégraphe de W. Shappe (sémaphore visuel constitué de tours relais). Ils obtiennent des cotations de la bourse de Paris en quelques heures, bien avant qu’elles n’arrivent publiées dans les journaux, livrées par la diligence. Ce système durera plusieurs années.
La cotation dans les journaux ne suffit plus à informer les financiers. Les principaux providers que sont Reuters, Bloomberg, ont pris le relais dans la transmission des cotations relevées sur les places financières. Des chiffres, bien évidemment, mais aussi des comptes et des ratios, et bien entendu des informations qualitatives sur la vie des sociétés, des bourses, et le « consensus » des brokers.
Outre les terminaux très onéreux dont sont équipés les traders, Bloomberg fournit chaque jour des « brèves de parquet ». Chacun peut s’inscrire pour recevoir gratuitement des informations synthétiques, dont la fameuse chronique 5 things to start your day, mais encore Evening Briefing . Ces dépêches font référence. Une actualité brute qui colle aux marchés, même s’il ne faut pas oublier que Mickael Bloomberg a été candidat malheureux à la candidature démocrate pour la présidence US. Son opposition à Donald Trump est totale. On a pu s’en rendre compte à l’approche des élections de novembre 2020, mais aussi dans les semaines qui ont suivi. Lors de l’inscription sur le site, il est possible de paramétrer les zones géographiques et les compartiments de marchés que l’on souhaite suivre en particulier.
Mais ces informations brutes doivent aussi être mises en perspectives, surtout pour les novices que sont les étudiants. Dans le cas de la France, les études de Natixis figurent parmi les plus réputées. Même si les autres institutions bancaires ne déméritent pas. Natixis dispose de son armée de chercheurs dirigée par Patrick Artus, dont une bonne partie avait ses classes auprès de la Caisse des Dépôts et Consignations. On y relève un certain goût pour la macroéconomie, les analyses économétriques et un talent confirmé pour mettre en perspective les implications de l’actualité. Attention toutefois à ne pas se laisser noyer sous l’information. Parmi l’ensemble des publications, « Eco Hebdo » représente déjà une source d’informations très complètes regroupées au sein d’un document d’environ une vingtaine de pages.
Enfin, pour compléter la lecture et la compréhension de ces textes et documents, on se reportera utilement à investopedia, la version US dédiée à la finance de wikipedia. L’aversion pour le risque des financiers explique leur appétence pour l’information. Mais attention, les conseilleurs ne sont pas les payeurs, et les influenceurs des marchés ne fournissent pas de « code promo » …
L’auteur est Pierre Gruson, Professeur de Finance, Responsable du MSc Banking & Finance, Kedge Business School-Bordeaux