Digital, Santé, Energie, Urbanisme, Agro-alimentaire, Industriel… la liste des secteurs en transition dans leur mode de gouvernance, d’organisation opérationnel, de production, de diffusion, s’allonge et porte ses propres enjeux humains, économiques, culturels et sociétaux.
Apprendre à agir dans un monde en transition
Aujourd’hui, les étudiants qui sortent de nos écoles doivent être en capacité de manager dans un monde incertain et d’agir au sein de leur entreprise selon des principes de soutenabilité et d’équité, tout en étant confrontés actuellement de façon quotidienne au « savoir explicite du non savoir » dirait Jurgen Habermas, tant le monde est en transformation.
Les compétences de types soft skills classiques sont-elles suffisantes pour manager une transition durable et résiliente ? Car il s’agit bien, dans cette période de mouvement, pour les futurs managers d’être en capacité de participer aux transitions économiques, écologiques et sociétales en cours, voire d’impulser des initiatives favorisant des processus de transition soutenable tout en préservant l’humain, la qualité relationnelle et l’engagement des collaborateurs, des partenaires, des parties-prenantes des écosystèmes de leur entreprise.
La réponse ne va pas de soi. C’est bien un sillon qu’il faut creuser pour relever ce challenge de la formation des managers afin que nos étudiants soient en capacité lorsqu’ils seront en entreprise de :
- Identifier les enjeux humains, éthiques, économiques, politiques de la transition
- Se mettre en questionnement sur la façon de mesurer, réguler, gouverner la transition
- Tenir compte de la diversité et de la richesse des acteurs de la transition et savoir les mobiliser
- Imaginer et faire avancer au niveau de leur équipe, de leur organisation la réflexion sur la transition tout en mobilisant un regard critique sur les impacts sociétaux, économiques, culturels, stratégiques.
Comprendre pour agir, former pour transformer : la co-construction comme socle de formation dans le parcours innovant Odyssée
Cette année à GEM, les 26 étudiants du parcours Odyssée PGE 1ère année (anciennement Ulysse) ont pu tester de nouveaux formats d’apprentissage favorables à la mobilisation d’une compétence la co-construction. Adossé à un Lab d’innovation pédagogique, ce parcours a poursuivi sa vocation de laboratoire agitateurs d’idées et de méthodes pédagogiques en permettant aux enseignants de GEM de tester des approches pédagogiques et d’en identifier la transférabilité.
La co-construction : la compétence de demain pour une transition durable dans un monde en mouvement ?
Peu encore documentée, la co-construction doit être à présent considérée comme une compétence à part entière, indispensable penser et manager la transition et ses impacts au sein des organisations. La démarche de co-construction permet d’acquérir des connaissances à travers la création d’un produit (idées, actions ou livrables répondant à un besoin identifié) et grâce aux dynamiques complexes d’interdépendance (je sollicite des idées, j’accueille des suggestions, je travaille ensemble/avec…, je m’appuie sur les compétences des autres, je sais mobiliser les forces et la diversité de chacun..).
Les 5 leviers de la co-construction pour GEM : -Prendre conscience des forces de chacun -Utiliser l’effet levier de la diversité -Cultiver la confiance -Considérer et donner tout son sens à la relation à l’autre -Favoriser l’effet multiplicateur en s’appuyant sur les apports des uns et des autres. |
Des dispositifs expérientiels et ouverts au service de la co-construction
En tant que compétence, la co-construction se construit, se développe au travers de situations formatives expérientielles et ouvertes, enrichies des apports de partenaires externes à l’école. Pour les aider à mobiliser cette compétence quatre dispositifs pédagogiques ont été déployés cette année auprès des étudiants du Parcours PGE1er année de GEM, contribuant à instaurer des situations favorables à son développement, combinant d’une part, actions, théorie et réflexivité, et d’autre part, enseignants, professionnels et étudiants.
- Projet Y-Spot en partenariat avec le CEA. Les étudiants se sont mis en projet pour repenser ensemble les espaces d’innovation technologique du CEA en lien avec les chercheurs et professionnels.
- Projet Hackathon organisé par Disrupt Campus. Les étudiants de GEM avec les étudiants des autres universités grenobloises avaient 5 défis à relever en trois jours, sur des problématiques de territoires portées par des entreprises ou collectivités territoriales (ex : Imaginer une économie locale résiliente d’un territoire au travers de ses circuits courts, ses monnaies locales, ses systèmes d’échanges, etc.)
- Projet Mouvement et Management. Les étudiants ont été amenés à vivre de façon décalée, sur un terrain de volley, au sein d’une équipe sportive, une situation de management et à éprouver par l’organisation même du jeu, l’expérience client, les imprévus, la force du collectif, les interdépendances entre les parties-prenantes, la prise en compte de l’autre.
- Projet Live Business case : en lien avec une commande d’entreprise, les étudiants ont travaillé autour de thématiques très opérationnelles et axées sur des enjeux de transition comme le montage d’une aciérie responsable, comment se différencier dans un secteur hyper traditionnel,…et ils ont pu faire l’expérience des cinq leviers de la co-construction.
Et la suite ?
Les projets pour 2020-2021 s’annoncent riches et porteurs d’expériences pour renforcer et accélérer l’accompagnement de nos étudiants dans le développement de cette nouvelle compétence de co-construction dans les années à venir…
L’auteur est Emmanuelle Villiot-Leclercq, Enseignant-Chercheure, Responsable du Learning Design Unit dédié à la transformation pédagogique et digitale, Responsable du Parcours et du Lab d’Innovation pédagogique Odyssée PGE.