Jules Plisson, c’est tout l’avenir du rugby pour la France… avec le talent, l’intelligence, le courage, la force, la volonté, l’envie… il suffit de l’écouter pour s’en convaincre !
Que représente le rugby pour vous ?
Il faut avoir l’esprit collectif, savoir travailler pour l’autre, savoir se faire mal, même dans des conditions difficiles pour le bien de son équipe.
Et la douleur physique ?
Je n’aime pas la douleur mais je sais que c’est un sport de contact où l’on est potentiellement capable de se faire mal.
Comment pallier cela ?
Nous faisons de la musculation trois fois par semaine car le rugby est devenu un sport où la carrure est importante afin de ne pas toujours subir l’adversaire lors des contacts. La musculation doit tenir compte de la morphologie du joueur pour trouver les meilleures combinaisons entre la puissance et la vitesse.
Sculpter son corps ?
Nous essayons d’être mieux préparer physiquement
dans le but de se protéger et d’accomplir des performances et non pas pour se faire remarquer sur la plage… mais ce n’est pas désagréable de se faire admirer… d’ailleurs le stade de France accueille un public féminin qui se passionne le rugby devenant un spectacle glamour.
Au fond, c’est plus qu’un sport, une véritable passion ?
J’aime le rugby pour ce qu’il m’apporte en termes de performance physique et de stratégie, pour les valeurs qu’il véhicule, parce que je joue avec des amis avec une énorme ambiance… L’argent vient après suivant les performances… Il existe un esprit du rugby. La notoriété est toujours agréable mais peut ne pas durer, les journalistes étant versatiles à ce niveau… Il faut relativiser.
L’équipe de France… ?
Elle connaît des hauts et des bas… Aujourd’hui, le rugby européen est égal, voire supérieur au rugby de l’hémisphère sud… Il faut jouer tous les matchs à fond. Enfant, j’ai toujours rêvé de jouer à ce niveau. Elle représente un objectif parmi d’autres, mais ce serait une chance de pouvoir représenter mon pays… Il faut en profiter un maximum… C’est un honneur… Je ne comprends pas qu’au foot certains joueurs refusent la sélection où ne donne pas tout ce qu’ils ont lors des matches. Ça n’arrive pas au rugby.
Comment mener de front sport de haut niveau et études en grande école ?
Je suis en troisième année à l’INSEEC dans le MBA Institute comme sportif de haut niveau, ce qui correspond à une année de L3. Je suis les cours en e-learning sur Crossknowledge, site américain. Tous les mercredi, je travaille mes cours présentés de façon très synthétiques. Ils vont à l’essentiel, contrairement aux cours en présentiel. Il est quelquefois difficile de se mobiliser après des entraînements où l’on est fatigué mais il faut respecter ce double projet. Nous pouvons contacter les professeurs qui corrigent nos devoirs. Ils sont très disponibles pour trouver des plages horaires pour les rencontrer. Je vais ensuite passer le concours d’entrée à la grande école qui se déroule à partir d’un oral et de deux tests (anglais et culture générale). Les études peuvent durer plus longtemps et je suivrais mon cursus en prenant le temps qu’il faut. L’emploi du temps sera aménagé en fonction de mes plages contraintes sportives.
Au fond, vous êtes satisfait ?
Cette filière sportive de haut niveau, créée cette année par l’INSEEC, est très pratique mais je pense que les autres grandes écoles et les universités devraient s’interroger sur l’intérêt à ouvrir ce genre de classe. Dans les universités américaines, les sportifs sont très reconnaissants des facilités qui leurs sont données de suivre les deux parcours – sportif et scolaire – avec des bourses alors qu’en France, c’est beaucoup plus difficile car cet état d’esprit n’existe pas. Il faudrait développer beaucoup plus les filières de sportifs de haut niveau dans l’enseignement supérieur. Les écoles ne doivent pas avoir peur d’accueillir des sportifs de haut niveau car ils ont autant de qualités intellectuelles et humaines que les étudiants qui suivent un cursus classiques sinon plus, parce qu’ils connaissent vite face aux médias, ce qui nous enrichit beaucoup.
L’après rugby ?
Le rugby est un sport fondé sur des valeurs très appréciées dans le travail en entreprise comme l’esprit d’équipe, le dépassement de soi-même ou le respect des autres. C’est un sport complexe où nous travaillons beaucoup sur la vidéo pour connaître nos adversaires et se pencher sur nos faiblesses, nos défauts et nos erreurs afin de s’améliorer. J’aime enchaîner les matchs pour garder le rythme… Jules Plisson, c’est tout l’avenir du rugby pour la France… avec le talent, l’intelligence, le courage, la force, la volonté, l’envie… il suffit de l’écouter pour s’en convaincre !
Patrick Simon