Femmes en entreprise en 2023 : toujours « premières » ?

« Je voudrais dédier cette nomination à toutes les petites filles en leur disant : allez au bout de vos rêves. Rien ne doit jamais freiner le combat pour la place des femmes dans notre société ». C’est par ce message qu’Elisabeth Borne, deuxième Première ministre de l’Histoire de la Ve République, a marqué son discours d’entrée à Matignon. Première Ministre, un titre qui sonne comme un symbole. Car, première, les femmes de pouvoir et d’influence ont souvent le sentiment de l’être. « Première de la classe », « première de cordée », « première d’une longue lignée », « en première ligne » : la présence d’une femme à un poste à responsabilités n’est encore aujourd’hui jamais vraiment anodine. Et pourtant, elles sont toujours plus nombreuses à exceller dans leurs domaines, du business à la culture, en passant par la politique, l’entrepreneuriat ou l’engagement citoyen. Nous allons en faire la preuve dans ce dossier. Premières souvent donc, mais jamais dernières. Une femme qui réussit, c’est une, deux, dix, cent ou plus qui s’en inspirent pour réussir à leur tour. Elles ont réussi, leur carrière, leur parcours professionnel sont autant d’exemples pour des jeunes femmes qui ne veulent plus avoir peur de leurs ambitions. On fait le point sur la place des femmes en entreprise en 2023… et bien plus encore !

SOMMAIRE

L’interview d’Isabelle Lonvis-Rome, Ministre déléguée auprès de la Première ministre, chargée de l’Egalité entre les femmes et les hommes, de la Diversité et de l’Egalité des chances
Des actions de première nécessité
Premières de cordée
Pourquoi se priver de prendre la parole en public ?
Matières Premières
A premières vues
En avant-première – L’interview de la comédienne et autrice Noémie de Lattre
Première étoile – L’interview de Julia Sedefdjian, plus jeune cheffe étoilée de France
Ces femmes sans qui notre vie ne serait pas la même

L’égalité femmes-hommes comme Grande cause nationale : une première… suivie d’effets ?

Cinq ans après avoir placé l’égalité femmes-hommes comme Grande cause du premier quinquennat d’Emmanuel Macron, quelles améliorations concrètes impactent aujourd’hui la vie et la carrière des femmes ? Les réponses d’Isabelle Lonvis-Rome, Ministre déléguée auprès de la Première ministre, chargée de l’Egalité entre les femmes et les hommes, de la Diversité et de l’Egalité des chances.

, Ministre déléguée auprès de la Première ministre, chargée de l’Egalité entre les femmes et les hommes, de la Diversité et de l’Egalité des chances
© Benoit GRANIER / Matignon

Comment dresser un bilan des cinq dernières années matière d’égalité femmes-hommes en trois mesures phares ?

Question difficile car beaucoup a été fait depuis 2017 en matière d’égalité femmes-hommes, Grande cause des deux quinquennats du Président de la République. Si je devais choisir trois mesures, je dirais : L’extension des horaires du 3919

La plateforme d’écoute et d’orientation des victimes de violences, 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7

La création de l’index de l’égalité professionnelle pour résorber les inégalités salariales qui subsistent entre femmes et hommes et la gratuité de la contraception pour les femmes jusqu’à 25 ans.

Personnellement, professionnellement et politiquement engagée depuis de nombreuses années pour l’égalité entre les femmes et les hommes, quels dossiers prioritaires souhaitez-vous aujourd’hui porter ?

Mes chantiers sont nombreux : mon action s’inscrira dans la continuité du bilan des actions mises en œuvre ces cinq dernières années – notamment s’agissant de la lutte contre les violences faites aux femmes et en faveur de l’égalité professionnelle entre les femmes et hommes – et renforcera certaines actions, notamment en matière de santé des femmes et de soutien aux familles monoparentales. A la suite des annonces de la Première ministre le 2 septembre dernier, nous allons mettre en place dans les prochains mois un comité interministériel sur l’égalité entre les femmes et les hommes présidée par Élisabeth Borne et que je piloterai. Nous allons également lancer l’expérimentation d’un « pack nouveau départ » d’ici 2023 afin de permettre aux victimes de quitter définitivement leur agresseur. En termes de lutte contre le racisme et l’antisémitisme, avec la délégation interministérielle à la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la haine anti-LGBT, nous travaillons actuellement en étroite synergie avec les associations à l’élaboration du futur plan gouvernemental, qui devrait être lancé d’ici la fin de l’année. Enfin, dès le début 2023, je m’attèlerai à la préparation du futur plan triennal LGBT+ que je souhaite co-construire avec les associations.

Être ministre en charge de l’égalité femme-homme dans le second gouvernement de la Vè République dirigé par une femme, qu’est-ce que ça change ?

L’égalité entre les femmes et les hommes était déjà la Grande cause du précédent quinquennat et les gouvernements successifs, tous paritaires, ont engagé des politiques extrêmement volontaristes en la matière sur tous les fronts : lutte contre les violences, égalité professionnelle, santé des femmes etc. Le fait que le Président de la République ait nommé une Première ministre, au-delà du symbole que revêt cette désignation, est important en termes d’identification pour les jeunes filles et les femmes. Un atout précieux pour moi. Car si être une femme ne signifie pas mécaniquement être féministe – nous le voyons en France avec Marine Le Pen ou en Italie avec Giorgia Meloni –, Élisabeth Borne est extrêmement engagée sur ce sujet. Elle l’a signifié déjà à plusieurs reprises et, à la place qui est la mienne, je m’en réjouis.

À 23 ans, vous êtes devenue la plus jeune juge de France. Donnez tort à ceux qui pensent encore qu’être jeune et femme est un frein !

Le talent n’a ni genre, ni âge. La seule variable qui, pour moi, compte c’est la compétence couplée à la volonté. Au cours de ma carrière dans la magistrature, j’ai rencontré pléthore de jeunes femmes brillantes, engagées et menant de front vies professionnelle et personnelle. Des héroïnes du quotidien comme il en existe énormément.

Votre message aux jeunes filles (et aux jeunes hommes) qui nous lisent ?

Osez ! Osez rêver grand, osez briser les plafonds de verre et n’abandonnez jamais vos idéaux !

>>>> Pour aller plus loin sur le sujet des femmes en entreprise en 2023 : Maison Moët : le talent en pleine effervescence – Pour des carrières éclatantes et pétillantes, le groupe LVMH ne manque pas d’opportunités. Entretien avec Maryse Malicet (NEOMA Business School 89), Chief Financial Officer de la Maison Moët et de l’activité Champagne de Moët Hennessy.

Femmes en entreprise en 2023 : les actions de première nécessité à mettre en place

Augmentation de la parité à tous les niveaux des entreprises, diminution des écarts salariaux, féminisation des postes et des secteurs traditionnellement très masculins : le mouvement est en route ! Les choses bougent oui, mais encore trop de freins subsistent, souvent nourris par la perpétuation de biais culturels et sociaux. Focus sur trois actions de première nécessité à mettre en œuvre.

Femmes en entreprise en 2023 : quelles actions mettre en place ?
© Unsplash

Selon la dernière étude Robert Walters publiée en mars 2022 à propos de l’impact de la pandémie sur la parité en entreprise vu par les cadres, 79 % d’entre eux estiment que leur entreprise encourage l’inclusion et la diversité (+ 4 points par rapport à 2021). Ils sont également plus nombreux à penser que chacun peut réussir au sein de leur entreprise et que celle-ci met en place des initiatives pour intégrer la différence (66 % vs 61 % en 2021). Mais 31 % des cadres femmes estiment que leur opinion ne compte pas autant que celle des autres collaborateurs (vs 20 % des hommes). D’ailleurs, 45 % des femmes disent manquer de confiance pour se présenter à des postes de direction et 37 % d’entre elles pensent que celles qui y accèdent y arrivent uniquement pour des raisons de quotas.

>>>> Pour aller plus loin sur le sujet des femmes en entreprise en 2023 : IT, rejoignez SCC, le leader engagé ! – Premier groupe informatique privé d’Europe, SCC fait partie de ces leaders agiles pour lesquels chaque nouveau défi représente une opportunité. Engagé pour la planète et conscient de ses responsabilités sociétales, SCC a également fait progresser son index d’égalité F/H de 20 points d’un coup ! Et porte aujourd’hui la bonne parole numérique jusque dans les écoles primaires pour en chasser « la peur des IT ». Le témoignage de Carole Noyer (Assas 85, Paris XIII 1986, ESCP 02) sa Directrice du Mécénat et des Partenariats Entreprises.

Prendre conscience du syndrome de l’imposteur qui touche encore les femmes en entreprise en 2023

Preuve s’il en est d’une certaine subsistance du « syndrome de l’imposteur », terme popularisé par les psychologues cliniques Pauline Rose Clance et Suzanne A. Imes en 1978. Autrice de l’ouvrage The Secret Thoughts of Successful Women : Why Capable People Suffer from the Impostor Syndrome and How to Thrive in Spite of It, le Docteur Valerie Young, distingue d’ailleurs des modèles chez les personnes qui éprouvent ce syndrome. Les « perfectionnistes » aux attentes extrêmement élevées, les « experts » qui ont besoin de connaître chaque information avant de démarrer un projet, les « génies naturels » prédisposés aux facilités et qui voient l’effort comme un échec, les « solitaires » qui pensent devoir tout accomplir seuls pour réussir et enfin, les « surhommes » ou « super-femmes » qui travaillent plus dur que les autres pour prouver qu’ils ou elles ne sont pas des imposteurs. Si les experts estiment à 70 % le nombre de personnes ayant déjà souffert de ce syndrome, celui-ci reste encore particulièrement présent chez les femmes dans le monde de l’entreprise. Parmi les raisons à cela, le manque encore trop important de rôles modèles dans les plus hautes sphères professionnelles.

>>>> Pour aller plus loin sur le sujet des femmes en entreprise en 2023 – Auchan Retail France : des jobs en tête de gondole ! Chez Auchan, ce n’est pas un défaut d’être jeune ! Le groupe accueille même les jeunes talents à bras ouverts pour l’accompagner dans sa transformation digitale, comme l’explique Marie Cappelaere (Telecom Lille 07), Directrice de la donnée Supply Chain d’Auchan Retail France.

Poursuivre les efforts de féminisation des instances dirigeantes

En effet, selon l’édition 2022 de l’étude réalisée sur le CAC40 par l’Observatoire de la féminisation des entreprises, « l’exclusion de l’olympe de la gouvernance du conseil d’administration » reste réelle. Les femmes occupent ainsi 2.5 % des 80 postes de président et/ou directeur général des entreprises du CAC40 avec zéro femmes PDG, une femme présidente de CA et une femme directrice générale. Parallèlement, les femmes ne représentent que 19.53 % des comités exécutifs des entreprises du CAC40, alors qu’elles représentent 33.47 % de la population cadres, vivier traditionnel de recrutement des dirigeants. Si le plafond de verre reste épais, le quota de 30 % de femmes au Comex prévu par la loi Rixain pour 2027 est déjà atteint par huit entreprises du CAC40 : Air Liquide, Danone, Dassault Systèmes, ENGIE, Legrand, Michelin et Schneider Electric.

Remédier à la bipolarisation des entreprises

L’étude 2022 pointe également la bipolarisation sexuelle des grandes entreprises. Elle observe en effet « une rupture de plus en plus marquée entre les entreprises très féminisées (ayant un pourcentage élevé de femmes dans les effectifs et l’encadrement) qui ont des difficultés à recruter des hommes et les entreprises peu féminisées (ayant un pourcentage faible de femmes dans les effectifs et dans l’encadrement) qui ont des difficultés à recruter des femmes. Une bipolarisation qui s’accentue du fait des préférences opposées des filles et des garçons diplômé.e.s de l’enseignement supérieur. A savoir que les filles préfèrent les entreprises très féminisées et les garçons les entreprises peu féminisées. » Et ce, alors même que l’étude indique que la féminisation des comités exécutifs et de l’encadrement a des effets positifs sur la rentabilité opérationnelle et la responsabilité sociétale de l’entreprise mesurée par l’indice de Sustainalytics. A bon entendeur !

>>>> Pour aller plus loin sur le sujet des femmes en entreprise en 2023 – MGEN, développez votre supplément d’âme au sein d’une mutuelle responsable – Cette boss bienveillante à la carrière digitale épanouie est fière de porter les valeurs de progrès social, de solidarité et d’intérêt général au sein du groupe MGEN. « Rejoignez nos équipes et mettez votre créativité au bénéfice de la santé de nos adhérents » assure Françoise Ly (CentraleSupélec 2006) Directrice du Digital.

Femmes en entreprise en 2023 : qui sont les premières de cordées ?

Faire c’est bien, faire savoir, c’est mieux ! Entre manque de temp et subsistance des malheureusement fameux syndromes « de l’imposteur » et « de la bonne élève », certaines femmes hésitent encore à faire valoir leurs compétences dans un réseau professionnel. Et pourtant, qu’on soit homme ou femme, c’est bien là le meilleur service à rendre à sa carrière. Mais comment choisir le bon réseau ? Mode d’emploi.

Femmes en entreprise en 2023 : les premières de cordées
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Si les réseaux sociaux professionnels n’ont jamais été aussi puissants qu’aujourd’hui, rien ne remplace les vertus d’un réseau de pairs. Alors que les hommes ont fait ce constat les premiers, les réseaux professionnels féminins n’ont vu le jour que des dizaines d’années plus tard. Mais aujourd’hui, on en compte plusieurs centaines en France. Des réseaux d’alumni, souvent créés au sein même des associations de diplômés, des réseaux par secteur (finance, numérique, automobile etc.) ou par métiers (comme Femmes Ingénieures par exemple), des réseaux internes aux entreprises, des réseaux transverses (à l’image du réseau international PWN, Professional Women’s Network) ou encore, des réseaux d’entrepreneuriat féminin. Malgré la pluralité de ces réseaux, de nombreuses femmes hésitent encore à franchir le pas, parfois freinées par les stéréotypes liés aux termes de « réseaux féminins » ou de « réseaux féministes ». « Alors même que ces réseaux sont là pour faire état de l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes et faire bouger les choses à tous les niveaux. Mettre en avant ces réseaux féminins c’est expliquer leur raison d’être, leur redonner leur place et leur rôle : soutenir les femmes et les aider à accéder aux postes qu’elles ambitionnent et auxquels elles ont droit » insiste Amel Kefif, directrice générale d’Elles Bougent.

>>>> Pour aller plus loin sur le sujet des femmes en entreprise en 2023 – Créez la télé de demain chez Mediawan Prod. Le point commun entre le documentaire sur Orelsan Montre jamais ça à personne, le format d’interview Face cachée d’Hugo Décrypte ou l’émission C dans l’air ? Ils sont tous les trois produits par le groupe Mediawan ! Lumière sur Justine Planchon (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne 01), Présidente passionnée de Mediawan Prod.

Les vertus de la sororité pour les femmes en entreprise en 2023

Des réseaux féminins qui offrent aux femmes la possibilité d’échanger dans une réelle sororité, propice à la prise de confiance. Une prise de confiance qui leur permet d’intégrer, en parallèle, d’autres réseaux et ainsi de multiplier les rencontres et les opportunités de changements de carrière qu’elles ont envie d’insuffler dans leur vie. Parallèlement, ces réseaux sont autant d’occasions, pour des filières ou des secteurs en plein recrutement, d’attirer plus de talents. L’association Elles Bougent est ainsi née du besoin des industriels d’embaucher plus de femmes sur des carrière et filières d’ingénieurs et scientifiques. Depuis, ses 8 000 marraines, elles-mêmes ingénieures ou scientifiques, vont à la rencontre de jeunes filles, dès le collège, pour leur raconter leur parcours et leur permettre de se projeter dans ces métiers et ces secteurs d’activité. « Il est impératif de lutter contre l’invisibilité des femmes : nos marraines sont des rôles modèles accessibles pour les jeunes filles. Nous avons également plus de 2 000 relais, dont de nombreux hommes, qui témoignent auprès de toutes et tous des vertus de la mixité des équipes » ajoute Amel Kefif.

>>>> Pour aller plus loin sur le sujet des femmes en entreprise en 2023 – Colas Rail : mettez votre carrière sur les rails du succès. « Oui les femmes ont toute leur place dans le ferroviaire ! », c’est le message de Anahi Sandoval, (Université de Grenade, Université Toulouse 1 Capitole), DRH de Colas Rail.

Il n’est jamais trop tôt pour intégrer un réseau !

La présidente d’Elles Bougent insiste également sur l’intérêt, pour les femmes, d’appréhender le plus tôt possible la puissance des réseaux. « Faire partie des délégués de classe à l’école primaire ou au collège, rejoindre le BDE de son école d’ingénieurs ou de commerce sont déjà des occasions de faire des rencontres, de prendre la parole, de s’émanciper, de se voir et de se mouvoir dans un collectif. » De quoi susciter le « réflexe réseau » une fois en situation professionnelle.

Le conseil d’Amel Kefif aux femmes en entreprise en 2023

« Inscrivez-vous dans le réseau qui vous intéresse sans surestimer ou sur fantasmer le temps que ça pourrait vous prendre. Lorsqu’on intègre un réseau, on lui donne le temps qu’on peut et qu’on veut : que vous soyez membre ou que vous souhaitiez rejoindre le board, on ne forcera jamais votre emploi du temps. Et surtout, déculpabilisez -vous : s’investir une heure dans l’année c’est déjà avoir de l’impact sur une ou plusieurs filles. » – Amel Kefif, directrice générale d’Elles Bougent.

>>>> Pour aller plus loin sur le sujet des femmes en entreprise en 2023 – GSK : la santé de millions de personnes dépend aussi de vous ! « Rejoignez un groupe pharmaceutique international qui poursuit ses investissements en France ! » lance aux jeunes diplômées Sophie Muller (Sorbonne Université 93), Vice-Présidente et Directeur Médical France de GSK. Suivez les conseils de ce médecin de formation qui a fait de la santé des patients le fil rouge de sa carrière.

Femmes en entreprises en 2023 : pourquoi se priver de prendre la parole en public ?

Selon un sondage Whistcom-OpinionWay publié en septembre 2021, 56 % des femmes déclarent appréhender occuper un poste de direction parce qu’elles craignent de s’exprimer face à un public. Est-ce à dire que la façon dont les femmes prennent la parole en public est différente de celle des hommes ? Quels sont les freins à déverrouiller pour pitcher comme personne ? Tuto d’expertes.

Les femmes en entreprise en 2023 doivent prendre la parole en public !
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Que ce soit pour décrocher le Grand Oral du bac, briller en entretien, faire une présentation devant ses collègues ou encore pitcher sa startup à des investisseurs, savoir s’exprimer à l’oral est une compétence de plus en plus recherchée. Et pourtant, selon une étude Digischool/Yapuka datant de 2018, 47 % des jeunes interrogés disent ne pas être du tout préparés aux entretiens de recrutement et 35 % d’entre eux redoutent même l’exercice. « La prise de parole en public fait partie des exercices les plus difficiles, confirme Anne-Claire Figuié Veysset, fondatrice de Lysaïs, organisme de formation par l’improvisation théâtrale. C’est un exercice qui peut être très inhibant, intimidant et dans lequel on peut se sentir mal à l’aise. »

>>>> Pour aller plus loin sur le sujet des femmes en entreprise en 2023 – Chez Celio, un seul mot d’ordre : « Be normal » ! Mission accomplie. Depuis son arrivée en mai 2021 en tant que DRH Groupe de Celio, Estelle Bleichner (Sciences Po Paris 95) a contribué à la sortie de crise de la marque d’habillement française. Un challenge qu’elle a pris à bras le corps après 25 ans de carrière dans de grandes entreprises, période durant laquelle elle a également vu les sujets d’égalité femmes-hommes progresser. Rencontre.

« Certaines femmes souffrent du syndrome de l’imposteur »

Et à cet exercice, les femmes ont encore plus de réticences. Selon une enquête des Nouvelles Oratrices, 60 % des femmes de moins de 30 ans attendent qu’on leur donne la parole. Un phénomène qui ne touche pas que les jeunes femmes, puisque 64 % des dirigeantes se censurent de peur de dire une bêtise. « Les femmes ont tendance à se mettre plus de freins. C’est lié à des biais culturels inconscients. Certaines femmes ressentent un manque de légitimité et souffrent du syndrome de l’imposteur, explique Anne-Claire Figuié Veysset. En effet, prendre la parole c’est aussi se mettre dans une posture de leadership : quand on s’adresse aux autres pour convaincre, on n’est pas dans le consensus, on prend le lead et dans les biais inconscients, ce n’est pas forcément ce qu’on attend des femmes. Ce qui peut aussi inhiber un homme, qui, au contraire, se sent obligé d’endosser la posture de leader. »

Juliette Ray, étudiante en Master 2 Master Marketing, Vente parcours Stratégie Commerciale et Politiques de Négociation de l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne et lauréate de plusieurs concours d’éloquence forme des lycéens à la prise de parole en public avec l’association Trouve ta voix, constate elle aussi la différence de perception qui peut exister entre les jeunes femmes et hommes. « Au lycée, les jeunes femmes sont souvent plus matures et pourtant ce sont elles qui se demandent si elles ont le droit de s’exprimer et se posent beaucoup de questions sur la façon dont ce qu’elles disent va être perçue ». Une barrière qui pénalise aussi les femmes dans les concours d’éloquence. « Je n’ai jamais affronté directement une autre femme lors d’un concours d’éloquence et en finale j’ai toujours été la seule femme, ce qui illustre bien la situation, confirme Juliette. En éloquence, il y a une grosse part de confiance en soi et les femmes dégagent justement quelque chose de beaucoup moins confiant que les hommes, ce qui les pénalise car il faut au contraire réussir à s’imposer. »

>>>> Pour aller plus loin sur le sujet des femmes en entreprise en 2023 – Aménagez-vous une carrière à votre image chez Lindera – Faire partie du top management dans l’industrie et dans la finance lorsqu’on est une femme, c’est bien évidemment possible ! Et c’est la voie qu’a choisie il y a plus de 20 ans Isabelle Semence (Université Paris Dauphine-PSL 95, Université d’Evry 96). Aujourd’hui Directrice Administrative et Financière du Groupe Lindera, elle a toujours réussi à s’imposer au sein du top management, souvent comme seule représentante féminine. Elle nous raconte.

Femmes en entreprise en 2023 : lâchez prise !

Mais bonne nouvelle ! La prise de parole en public se travaille. Anne-Claire Figuié Veysset intervient en entreprise pour former les salariés, notamment les managers, à la prise de parole via les techniques de l’improvisation théâtrale. « On travaille beaucoup sur le lâcher prise : comment arriver à être serein et aborder sa prise de parole en étant détendu, explique-t-elle. Cela va bien au-delà d’une technique pour poser sa voix ou son regard au bon endroit. Il faut comprendre ses freins pour ensuite pouvoir les dépasser. »

Trois outils pour vous entraîner à la prise de parole en public

Vocacoach : un outil numérique de coaching à l’expression orale fonctionnant grâce à l’intelligence artificielle et à l’analyse vocale.
Yapuka : une plateforme de mise en relation de coachs oral qualifiés et les étudiants, lycées et jeunes actifs ayant besoin d’une préparation efficace pour leurs entretiens à l’oral.
Speechr : une appli mobile de formation à la prise de parole pour apprendre et s’entraîner en toute liberté. Son secret ? Le parfait mix entre méthodologie certifiée, coachs experts et exercices pédagogiques.

>>>> Pour aller plus loin sur le sujet des femmes en entreprise en 2023 : Avec Colliers, donnez un coup de jeune à l‘immobilier d’entreprise – Céline Codet (Ecole Boulle 11 / Ecole du Louvre 10 / Master en Droit public des affaires à l’Université Paris Nanterre 97), directrice Change Management chez Colliers, a fait de la transformation une expertise. Retour d’expérience.

Matières Premières

Ecoles d’ingénieurs, institutions culinaires ou encore programmes en sport management : si leurs formations se féminisent peu à peu, les matières qu’ils enseignent restent peu prisées des jeunes femmes. Comment enrayer ce phénomène ? Des étudiantes qui ont fait des choix de carrière assumés et assurés témoignent et peuvent inspirer les femmes en entreprise en 2023.

Marie Gire, étudiante à l’école Ducasse et future chef cuisinier

Marie Gire, étudiante à l’école Ducasse et future chef cuisinier

La restauration, Marie Gire l’a dans le sang. Fille et petite-fille de restaurateurs, la cuisine a toujours été sa passion. C’est donc assez naturellement qu’une fois son Bac STMG (Sciences et Technologies du management et de la gestion) en poche, elle a intégré en post-bac l’Ecole Ducasse. Dans la brasserie de ses parents, transmise de génération en génération, Marie a d’abord commencé par travailler en salle à côté des cours puis a voulu se rapprocher des cuisines.

« Être une femme en cuisine est un plus pour se dépasser »

A l’école, à l’image du monde de la restauration, Marie, 18 ans et ses collègues féminines sont en minorité. « Dans ma classe nous sommes 3 femmes sur 14 et une petite vingtaine sur 60 pour l’ensemble de la promo, confirme Marie. Au début, j’appréhendais car on m’a toujours dit que les femmes en cuisine ce n’était pas commun. Je n’ai jamais compris pourquoi d’ailleurs. Pour moi il faut l’égalité. » Mais pour Marie, être entourée d’hommes n’est pas un handicap. « Cela ne me dérange pas, c’est même un plus pour se dépasser. On a envie de montrer aux hommes qu’on peut faire comme eux, assure la jeune femme de 18 ans. Après six mois de stage je vois bien de moi-même que c’est un métier difficile, avec des horaires importants, une charge de travail conséquente et la difficulté parfois de concilier ce métier avec une vie personnelle. » Pour autant, celle qui cite le chef Ducasse bien sûr mais aussi Hélène Darroze ou Anne-Sophie Pic comme ses modèles, souhaite toujours autant devenir chef cuisinier et prendre un jour les rênes de la brasserie familiale. « C’est une fierté pour moi d’être une femme. Je rêve de voir un jour l’égalité dans les cuisines. »

>>>> Pour aller plus loin sur le sujet des femmes en entreprise en 2023 : Bureau Veritas vous embarque dans des challenges à la hauteur de vos ambitions – Si Nathalie Brunel (Groupe ISC Paris 95), SVP Sales & Marcom France Afrique chez Bureau Veritas a pu mener sa carrière de top manager dans de nombreuses entreprises et grands groupes, c’est grâce à sa persévérance et à sa volonté d’embarquer avec elle ses collaborateurs… et ses collaboratrices ! Forte de son expérience, elle vous prodigue ses conseils pour faire valoir vos talents à leur juste valeur en entreprise.

Séverine Bénier, étudiante en Cybersécurité à l’Efrei

Trois questions à Séverine Bénier, étudiante en Cybersécurité à l’Efrei

Racontez-nous votre parcours scolaire

Après un bac S et une prépa Maths Sup/Maths Spé, j’ai intégré l’Efrei car je souhaitais me spécialiser dans le secteur d’avenir qu’est le numérique, avec des bons niveaux de rémunération et une certaine stabilité de l’emploi.

Vous êtes cette année en M1 Cybersécurité & Cloud à l’Efrei : comment les femmes sont-elles représentées ?

En cybersécurité, nous sommes 8 filles sur 40, soit environ 20 %. Cela ne me dérange pas, je trouve même que c’est un atout, on sort du lot. Les filles ont tendance à se mettre des barrières car on leur a laissé entendre qu’elles ne sont pas scientifiques. Ce sont des stéréotypes idiots qui ne m’ont jamais freinée. Au contrario, je n’aimerais pas être embauchée parce que je suis une femme, je ne veux pas être un quota.

Quel conseil donneriez-vous aux jeunes femmes qui aimeraient suivre les mêmes études que vous ?

D’abord de bien se renseigner. J’ai visité une dizaine d’écoles d’ingénieurs. Cela permet de faire un choix constructif, réfléchi et de ne pas se faire influencer par certains discours. Les anciennes générations ont encore une façon de voir les choses de manière stéréotypée avec les maths pour les garçons et la littérature pour les filles. Mais les pros de l’informatique ne sont pas des garçons à capuche qui codent toute la journée !

>>>> Pour aller plus loin sur le sujet des femmes en entreprise en 2023 : Eiffage Énergie Systèmes : un vent de fraîcheur souffle sur le bâtiment – Envie de relever le défi de la transition énergétique ? Valérie Bion (BTS Assistance technique d’ingénieur, Massy 91), directrice d’Exploitation, et Julie Cordebar (EPF 21), Chargée d’étude de prix chez Eiffage Énergie Systèmes, vous expliquent comment.

Eva Cagnion, l'étudiante sportive qui en veut

Eva Cagnion, la sportive qui en veut

Eva Cagnion, 19 ans, s’est engagée dans ses études supérieures avec une certitude : la volonté de travailler dans le management du sport et l’organisation d’événements. Après son bac en Guadeloupe, elle a rejoint la métropole et la Sports Management School début 2021. Là encore, les femmes sont loin d’être en majorité. « L’année dernière pour ma première année nous étions une douzaine de filles pour 80 étudiants. »

Les femmes prennent le lead à la SMS

Pour Eva, la question des femmes dans des domaines à tendance masculine est un non-sujet. « Je n’ai jamais ressenti que j’avais moins de valeur que les hommes. On a toutes nos places ». D’ailleurs, à la SMS, les filles ont même tendance à prendre le lead ! « Souvent comme on travaille bien, les garçons se battent pour nous avoir dans leur groupe de travail, sourit Eva. Il n’y a pas de discrimination, il y a même de sacrés caractères dans ma classe parmi les filles et elles sont souvent chefs de groupe. »

Son conseil aux jeunes femmes : « N’abandonnez pas vos rêves ! Il faut avoir confiance en l’avenir. Nos décisions ont un impact sur les autres : se lancer peut motiver d’autres femmes. Pour mon avenir, mes futurs enfants, les autres femmes, je suis heureuse de m’être lancée. »

>>>> Pour aller plus loin sur le sujet des femmes en entreprise en 2023 – L’esprit Mousquetaire résolument ancré au cœur des territoires – « Venez agiter un secteur en pleine mutation et dans un groupement qui prône l’audace, l’esprit d’entreprendre, la proximité et l’interdépendance ! » lance aux jeunes talents Clara Bailly (IAE Lyon 3, 98), Directrice du développement et des ventes Intermarché et Netto pour le Groupe Les Mousquetaires.

A premières vues

Cinéma, mode, foot, gastronomie, musique, danse : les influenceuses et influenceurs français les plus cotés multiplient les vues par millions. Mais quel impact leur genre peut-il avoir sur leur impact sur les réseaux sociaux ? Décryptage.

Les influenceuses en 2023
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Fini le monopole de la publicité classique entre deux programmes télévisés. Aujourd’hui c’est sur les réseaux sociaux que se tournent de nombreuses entreprises et marques pour toucher les consommateurs et notamment les jeunes, très représentés sur ces plateformes. Que ce soient des influenceurs à proprement parler, dont le métier est de vendre des produits via les réseaux sociaux, ou des personnalités connues qui sont également suivies par des milliers de personnes, les consommateurs se tournent aujourd’hui davantage vers ces personnalités influentes en ligne pour consommer.

Dans cette course à l’influence, la visibilité est primordiale. Or une étude de Meltwater publiée en 2021 montre que le genre joue un rôle dans la popularité sur les réseaux sociaux. Parmi les femmes sélectionnées (la cheffe Hélène Darroze, la YouTubeuse Enjoy Phoenix ou la danseuse Aurélie Dupont par exemple) toutes sont moins suivies que leurs homologues masculins (le chef Philippe Etchebest, l’influenceur SqueeZie ou le chorégraphe Benjamin Millepied). Toutes sauf une ! La chanteuse Aya Nakamura qui compte deux fois plus de followers que son homologue masculin, le rappeur SCH (9 millions vs 4.1 millions). De manière plus générale, une enquête de Reech, expert de l’influence marketing, nous apprend que les influenceurs ont en moyenne 1 070 000 followers quand les influenceuses affichent une audience moyenne de 82 000 followers.

Moins d’influenceuses que d’influenceurs

Alors comment analyser ce phénomène ? Pour Frédéric Abecassis, directeur de l’école de marketing d’influence ffollozz, cela s’explique par l’exposition médiatique. « Philippe Etchebest, par exemple, a son prime time sur M6 depuis 10 ans, ce qui n’est pas le cas d’Hélène Darroze. On peut bien sûr se demander pourquoi elle n’est pas autant médiatisée mais il est certain que cela joue sur la visibilité sur les réseaux sociaux » explique-t-il.

>>>> Pour aller plus loin sur le sujet des femmes en entreprise en 2023 – Avec BNP Paribas, prenez le « Risk » ! – Avec 40 % de femmes au sein de la population des senior managers à horizon 2025, BNP Paribas affiche des objectifs de mixité très forts. La preuve avec Monique Benaily (CNAM 93 – Master 2 Sciences Humaines, Université Paris Nanterre 83), Head of Human Resources for Risk chez BNP Paribas.

Des inégalités de rémunération… comme pour les femmes en entreprise en 2023 !

Cette inégalité en engendre d’autres, comme celle de la rémunération. Si les femmes sont plus nombreuses à exercer ce métier, leurs revenus sont inférieurs à ceux des hommes. Dans son étude annuelle, Reech révèle en effet que les influenceuses gagneraient 31 % de moins que les influenceurs (424 euros en moyenne pour un partenariat contre 614 euros) alors même que 75 % des influenceurs sont des influenceuses. Des écarts homme/femme haut dessus de la moyenne nationale (18,5 % selon l’INSEE). Là encore, l’étude met en avant la différence de visibilité pour expliquer le phénomène : le nombre de followers est en effet l’un des critères, avec le taux d’engagement des abonnés et la qualité des posts, pour définir les revenus d’un influenceur. Or si les hommes sont plus exposés médiatiquement, ils vont être plus connus et donc plus suivis. Autre explication : les budgets communication sont plus conséquents pour des sujets à tendance plus « masculine » comme l’automobile ou la high tech, pour lesquels les marques vont donc privilégier des influenceurs hommes.

L’émergence des influenceurs responsables

Aujourd’hui et de plus en plus, des influenceuses se positionnent sur ces sujets d’inégalités femme-homme ou de lutte contre le sexisme. « Depuis deux ou trois ans, on voit émerger la notion d’influence responsable qui touche plusieurs sujets, de la diversité à l’inclusion en passant par l’écologie avec les éco-influenceurs, expose Frédéric Abecassis. On peut par exemple citer Bilal Hassani qui utilise notamment ses réseaux pour passer des messages sur le respect de l’orientation sexuelle. » Parmi les comptes féministes ou engagées on peut citer Louise Aubery (@MyBetterSelf), Juliette Katz (@coucoulesgirls) ou encore le phénomène #BalanceTonBar lancé en octobre 2021 à Bruxelles. « Aujourd’hui les influenceurs sont beaucoup plus vigilants sur les partenariats qu’ils nouent et certains refusent des collaborations avec des marques pour des problèmes d’homophobie, de sexisme, de racisme etc. ». Le début d’une nouvelle ère au royaume des influenceurs ?

>>>> Pour aller plus loin sur le sujet des femmes en entreprise en 2023 : Chez Generali, finance et data n’ont pas mauvais genre ! – « Faites le choix d’une carrière scientifique et technique ! » lancent aux jeunes diplômées Laetitia Léonard-Reuter (HEC Paris 00) Directrice Financière de Generali France et Noémie Haouzi (ENSAE Paris 17), Data Scientist. Interview croisée.

En avant-première !

L’humour, c’est réservé aux hommes ? Certainement pas ! Scènes ouvertes ou one woman show : les femmes sont de plus en plus nombreuses à fouler les planches et à faire rire les foules. Humour féminin, humour féministe ou humour tout court : dans tous les cas, leur présence sur le devant de la scène est tout sauf une blague.

Noémie de Lattre, comédienne et autrice
Crédit Lou Sarda

Pour Noémie De Lattre, son métier est même devenu une mission. L’humoriste, autrice, metteuse en scène mais aussi essayiste, fait du féminisme et des relations femme/homme son cheval de bataille et le sujet de toutes ses prises de parole. Rencontre.

Vous avez débuté dans le milieu du spectacle très jeune.

Oui, j’ai toujours voulu faire ça. A 12 ans, j’ai tourné dans mon premier téléfilm. A l’époque je suivais déjà des cours de théâtre. Mes parents étaient très réticents, j’ai dû me battre pour passer cette audition donc j’étais très heureuse. J’ai ensuite fait mes premières scènes ouvertes à 15 ans puis intégré l’Ecole du théâtre national de Chaillot à 17 ans.

Vous abordez des sujets autour du féminisme, des femmes, de l’égalité… dans vos spectacles, livres mais aussi sur Instagram. Depuis quand êtes-vous engagée sur ces sujets ?

Il y a moins de 10 ans. J’ai vécu presque 35 ans en étant une femme sans me rendre compte de ce que ça voulait dire au niveau politique ou social. Puis comme le disent beaucoup de militants, ça m’est tombée dessus. Ensuite, je n’ai plus pu voir les choses autrement. Lorsqu’on a commencé à me qualifier de féministe, j’ai d’abord refusé ce qualificatif. Puis j’ai admis que ce n’était pas une honte, bien au contraire. Et j’ai commencé à voir tout ce qu’il y avait à faire.

>>>> Pour aller plus loin sur le sujet des femmes en entreprise en 2023 – Chez KPMG, le métier de l’audit vous propose un autre contrat pour construire une expérience qui vous ressemble – Quatre femmes, toutes mères de familles, associées et membres du Comité de direction Audit chez KPMG France. Mais aussi quatre carrières différentes qui illustrent parfaitement la richesse des parcours, métiers et missions réalisables dans l’audit chez KPMG. Interviews croisées.

Comment avez-vous commencé à vous exprimer sur ce sujet ?

J’ai commencé à en parler à la radio puis dans mes livres et mes spectacles. En 2017, j’ai écrit et joué mon spectacle Féministe pour Homme et j’ai commencé en même temps à m’exprimer sur les réseaux sociaux. A partir de là, tout s’est aligné, mon spectacle a été adapté en Allemagne, au Canada, en Italie… Depuis je suis très fortement identifiée comme une femme engagée.

Arrivez-vous à jauger l’impact que vous avez ?

Oui et c’est pour ça que je veux continuer ! J’ai des messages quotidiennement sur les réseaux sociaux de gens qui ont vu mon spectacle, ont lu mon livre, voient mes vidéos. Ils ne me disent pas « bravo » mais « merci ». Je suis la messagère de quelque chose qui me dépasse, d’un message qui fait du bien et qui est entendu. Je vois réellement cela comme une mission à part entière. Je n’aurais jamais cru cela, ce n’était pas mon ambition au départ.

Aujourd’hui, il persiste des inégalités de visibilité dans le monde du spectacle entre les hommes et les femmes. Est-ce quelque chose que vous ressentez ?

Oui, tout à fait, dans la représentation, la visibilité et le temps de parole donné. Les hommes représentent 95 % des plateaux d’humour. La société n’a pas évolué sur ces sujets mais les femmes commencent à se rebeller. Moi je dois me battre tous les jours pour dire que je suis aussi autrice, que l’on peut m’interviewer aussi sur des sujets de philosophie, que les femmes peuvent parler d’autres sujets que du maquillage.

Comment faire évoluer les choses ?

D’abord, on ne pourra pas arriver à une égalité sans une participation pleine et entière des hommes… mais nous en sommes encore très loin. Ensuite, il faut bien sûr que l’Etat ait la volonté de faire changer les choses. Ça avait été le cas avec la lutte contre le tabagisme. Il y a eu un virage à 360 degrés très rapidement avec l’interdiction de fumer dans les lieux publics. Si les gouvernements avaient la réelle volonté de changer les choses sur l’égalité, se serait fait en moins d’un quinquennat. Il faut enfin prendre le problème à la base, c’est-à-dire éduquer. Il faut former urgemment aux questions de genre les gens qui éduquent. Pas seulement les enseignants mais tous les encadrants.

Vous êtes d’ailleurs déjà intervenue dans des établissements scolaires.

Je fais des conférences en entreprises depuis quelques années mais aussi récemment dans des lycées et collèges et une fois à la fac. J’ai adoré ça et à chaque fois, c’est un bénéfice extraordinaire pour leur microcosme, leur vie individuelle. J’ai d’ailleurs plusieurs fois proposé à l’Education Nationale d’intervenir, je suis même prête à le faire bénévolement.

Votre conseil à une jeune femme en entreprise en 2023 qui voudrait se lancer dans un métier à « dominante masculine » ?

Ne lâchez rien. Vous êtes au bon endroit et ça vaut le coup de se battre. Pour que ce soit plus facile à l’avenir, il faut que certaines se lancent.

>>>> Pour aller plus loin sur le sujet des femmes en entreprise en 2023 : La Macif et les jeunes talents : un contrat souscrit dans la durée – À la Macif depuis près de 20 ans, Mira le Lay (IGS Paris 98), directrice Stratégie et Performance, connaît tous les rouages du métier d’assureur. Elle vous présente les défis qui vous attendent.

Première étoile

Talentueuses et prometteuses, les cheffes sont de plus en plus nombreuses (et jeunes !) à prendre la tête d’une brigade et à driver les cuisines des plus grandes maisons étoilées. Nous avons eu l’occasion de rencontrer l’une d’entre elles, et non des moindres : Julia Sedefdjian, plus jeune cheffe étoilée de France.

Julia Sedefdjian fait partie de ces cheffes charismatiques et résolument modernes de la nouvelle génération. Devenue à seulement 21 ans la plus jeune cheffe étoilée de France, son parcours montre à quel point la détermination et la passion sont les seuls maîtres-mots de la réussite, et ce, quel que soit le genre. Résultat : à seulement 28 ans, cela fait 14 ans qu’elle travaille en cuisine à peaufiner ses créations, mais aussi à affûter ses compétences de management d’une brigade.

Julia Sedefdjian, plus jeune cheffe étoilée de France à 21 ans
© Social Kitchen

L’appel des fourneaux

Dès la Troisième, Julia a le déclic de son orientation pour la filière hôtelière. Au-delà de justifier son choix pour la cuisine, cette dernière doit surtout faire face aux clichés associés aux filières professionnelles. « Ce n’est jamais évident de s’orienter en parcours professionnel, d’autant plus qu’il y a 14 ans, c’était un peu plus courant d’aller en filière générale. Faire un CAP ou autre était considéré comme une voie de garage. J’ai insisté et mes parents m’ont quand même globalement soutenue. » Ses parents s’inquiétaient alors surtout de son jeune âge pour intégrer un milieu aussi exigeant et prenant que celui de la cuisine. « Mais j’ai su faire mes sacrifices, et j’ai mon caractère ! » sourit la cheffe désormais étoilée. Malgré la difficulté du métier et des horaires de travail, Julia Sedefdjian déclare ne jamais avoir subi de sexisme en cuisine. « J’étais plutôt la petite sœur. Il y avait beaucoup de transmission et de bienveillance avec mes chefs. » Après avoir effectué son apprentissage au restaurant l’Aphrodite tenu par le chef étoilé David Faure, elle s’envole pour Paris. Elle devient ainsi commise au sein du prestigieux établissement étoilé Les Fables de la Fontaine d’Anthony David. Trois ans après son arrivée, et après avoir gravi les échelons de la brigade, les rênes du restaurant lui sont confiées suite au départ du chef. Et c’est à seulement 21 ans qu’elle obtient sa première étoile à la tête de l’établissement parisien.

>>>> Pour aller plus loin sur le sujet des femmes en entreprise en 2023 – L’Oréal : une Recherche et Innovation de toute beauté – Le secret de L’Oréal pour rester Numéro 1 de la beauté ? Sa croissance basée sur une Recherche et Innovation (R&I) développée aux quatre coins du monde. Michèle Verschoore (Université de Médecine Nice, INSEAD), Médecin et Directeur médical de L’Oréal Recherche & Innovation, vous en dit plus. Portrait.

La cuisine de demain est déjà en marche

Sept ans se sont écoulés depuis sa prestigieuse distinction et la cheffe prend du recul sur sa carrière. « Il y a eu beaucoup d‘évolution. Quand j’avais 21 ans et que j’ai reçu ma première étoile, sur le coup, je n’ai rien compris ! J’étais hyper timide, alors qu’aujourd’hui j’ai un rôle à jouer. Je suis très fière d’être un modèle pour certains jeunes et particulièrement les jeunes femmes. Beaucoup d’entre elles viennent me voir pour me demander des conseils ou un stage. » Depuis 2018, Julia Sedefdjian est à la tête de son propre restaurant Baieta, lui aussi décoré d’une étoile l’année suivant l’ouverture. Aujourd’hui, elle s’engage notamment auprès d’associations pour l’insertion des jeunes de milieux défavorisés afin de leur donner le goût de la cuisine. « On peut attiser une passion très rapidement. Plus on commence jeune, plus c’est facile de faire des sacrifices et donc de réussir dans ce milieu. Ce n’est pas un travail facile, il faut s’accrocher mais ne pas s’empêcher de suivre ses envies » conseille-t-elle.

« On m’a fait confiance très jeune. On m’a offert des postes à responsabilité très tôt, ce qui a été très formateur pour apprendre à manager une équipe. Le management, c’est 60 % du temps de notre travail car dans ce métier, on ne fait rien tout seul mais tout en équipe, et il faut savoir gérer. »

En outre, c’est avec beaucoup de positif qu’elle voit le monde de la cuisine se féminiser. « C’est en train de venir, il faut juste laisser le temps aux cheffes d’ouvrir leurs établissements ! Ces dernières années, il y en a beaucoup plus de femmes en cuisine, pâtisserie, sommellerie… C’est dans l’ancienne génération qu’il y avait beaucoup d’hommes. Nous sommes dans un métier où sous l’uniforme, nous sommes tous pareil. Après, c’est le travail qui fait la différence. »

>>>> Pour aller plus loin sur le sujet des femmes en entreprise en 2023 : Biogen, rejoignez la plus grande biotech dédiée aux neurosciences ! – Laissez-vous inspirer par le parcours de deux femmes puissantes : Béatrice Baciotti (Université de Bordeaux 2, 92) Directrice Médicale et Marina Vasiliou, (EHESS 2007), Présidente Directrice Générale de la filiale française de Biogen.

Ces premières sans qui la vie des femmes ne serait pas la même en 2023

Marie Curie, Olympe de Gouges, Simone Veil : elles ont marqué la science, les arts, l’Histoire… mais elles ne sont pas les seules ! Coup de projecteur sur des pionnières méconnues qui ont pourtant changé le quotidien des femmes et des hommes d’aujourd’hui.

Celles sui ont inspirées les femmes en entreprise en 2023
© Unsplash

Les rois de France, le premier homme à avoir marché sur la Lune, les prix Nobel français de littérature… Autant de domaines dans lesquels le masculin est au premier plan et le féminin… très loin derrière ! Pour palier cette inégalité de traitement des genres, de plus en plus d’ouvrages et films mettent en avant le destin de grandes femmes. Titiou Lecoq, journaliste et autrice féministe, a ainsi publié Les Grandes Oubliées, un essai mettant en valeur le rôle historique des femmes de la préhistoire à nos jours. Pénélope Bagieu, célèbre dessinatrice, a quant à elle sorti deux tomes de la série Culottées. Ces bandes dessinées mettent en avant des femmes qui se sont affranchies des normes sociales ou ont bousculé les genres pour réussir dans leur domaine. Dans la veine de leur travail, nous avons recensé quelques femmes qui ont changé notre quotidien grâce à leur travail. Les connaitrez-vous toutes ?

>>>> Pour aller plus loin sur le sujet des femmes en entreprise en 2023 : Artelia, contribuez à bâtir un monde plus inclusif – « Les infrastructures, le bâtiment, l’énergie… à l’heure de la mixité, c’est chez nous que ça se passe ! » lancent aux jeunes diplômées Catherine Baldassarre, (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne 14), DRH France d’Artelia et Carole Guilhem (ESDES Business School 90), Responsable Diversité, Inclusion & Santé au travail. Rejoignez une entreprise qui porte haut l’égalité femme-homme.

Ces oubliées de l’Histoire

L’Histoire est souvent racontée au masculin dans les livres. Et pour cause : diriger un pays a longtemps été considéré comme une affaire d’hommes et les femmes étaient cantonnées au statut d’épouse. Pourtant, en cherchant bien, certaines femmes ont eu le pouvoir il y a fort longtemps, à l’image de Wu Zetian. Première et unique impératrice chinoise de 690 à 705, elle était pourtant destinée à un simple destin de concubine. Autre destin de reine : celui de Roxelane. Simple esclave du harem du sultan ottoman Soliman le Magnifique, elle s’est hissée au rang de sultane ! L’histoire raconte que la jeune femme a largement influencé la politique de son mari, ce qui fait d’elle l’une des figures du pouvoir du 16è siècle. Bon nombre de femmes ont également accompli de grandes choses en cachant leur genre. C’est notamment le cas de la Française Jeanne Barret. Célèbre pour être la première femme à avoir fait le tour du monde, elle a transgressé la loi alors que seuls les hommes étaient autorisés à naviguer. Travestie, elle embarque sur l’expédition de Bougainville de 1766 à 1769 sous le nom de Jean Barret. La botaniste participe ainsi à la découverte de nombreux spécimens de plantes durant le voyage. Suite à la découverte de son véritable sexe, l’histoire se termine plutôt bien, puisque le roi Louis XVI reconnaîtra son courage en la nommant « femme extraordinaire ».

>>>> Pour aller plus loin sur le sujet des femmes en entreprise en 2023 : Et si vous apportiez votre personal touch chez Philip Morris International ? – Pour un « monde sans fumée » mais pas sans le talent de ses collaboratrices ! Philip MorrisInternational (PMI) fait en effet la part belle aux femmes managers. La preuve avec Jeanne Pollès, présidente de Philip Morris France (PMF).

Les femmes scientifiques passées au microscope 

La 30 avril dernier a été marqué par le décès d’une grande scientifique : Marthe Gautier. Connue notamment pour sa découverte du chromosome supplémentaire à l’origine de la trisomie 21 en 1959, l’histoire n’avait pas été racontée ainsi à l’époque. En effet, la découverte avait été attribuée à un homme, en reléguant la scientifique à l’origine de la découverte au second plan. Même histoire pour Rosalind Franklin, chimiste britannique à l’origine de l’identification de la structure en double hélice de l’ADN. Ses travaux ont été spoliés par ses collègues James Watson, Francis Crick et Maurice Wilkins qui, eux, reçoivent le prix Nobel de la médecine pour « leurs » découvertes. Depuis, la vérité a été rétablie et la chercheuse a obtenu le prix Nobel à titre posthume.

Le saviez-vous ?

Voir des travaux intellectuels et scientifiques de femmes spoliés par des hommes qui s’en attribuent la découverte n’est pas une chose rare. Ainsi, Margaret W. Rossiter, historienne des sciences, a nommé ce phénomène « l’effet Matilda » en mémoire de la militante féministe Matilda Joslyn Gage qui avait déjà remarqué cette manière qu’avaient certains hommes de s’accaparer les mérites de travaux féminins. Fin encadré

Une dernière devinette : le nom de Hedy Lamarr vous est-il familier ? Pourtant, la technologie qu’elle a découverte vous est indispensable. Cette actrice autrichienne est en effet à l’origine du wifi. Passionnée d’informatique, elle a cherché avec le compositeur George Antheil un moyen de codage de transmission qui est encore aujourd’hui à la base de plusieurs technologies, dont le wifi ou le Bluetooth. Une invention révolutionnaire mais incomprise dans les années 1940, et qui n’a été reconnue qu’une cinquantaine d’années plus tard.

>>>> Pour aller plus loin sur le sujet des femmes en entreprise en 2023 : SNCF Gares & Connexions, s’inscrire dans les enjeux de la mobilité – Améliorer le quotidien des 10 millions de Français qui arpentent chaque jour les 3 000 gares du réseau pour leur donner envie de prendre davantage encore le train. Telle est la mission pleine de sens à laquelle se consacre avec passion Emmanuelle Chailley (ESCP 96), Directrice de la stratégie et de la RSE et Morgane Castanier (GEM 97), Directrice Clients, marketing et Technologies de SNCF Gares & Connexions.