Si certains cadres ont fait de l’entreprise une pionnière de la lutte contre le sexisme de la société, il semblerait que la nouvelle génération suit les réclamations en matière d’égalité femmes-hommes demandées par la société, adoptant les changements impulsés par l’extérieur tout en générant, inconsciemment, une autre forme de sexisme. L’entreprise étant, avant tout, un collectif où la prise d’initiative est plébiscitée, il appartient donc à chacun d’agir en sa conscience contre le sexisme !
L’entreprise, lieu et source de sexisme
Action, qui consiste à discriminer une personne du fait de son sexe. C’est la définition du sexisme. La discrimination peut être consciente ou pas, volontaire ou non. Les faits sont là : les femmes ont plus de difficultés que les hommes à entrer dans l’entreprise : Elles sont plus à temps partiels subis et en CDD. Lorsqu’elles intègrent l’entreprise, à travail égal, elles gagnent 26 % de salaire en moins que leur homologue masculin et parviennent encore difficilement à briser le plafond de verre en témoigne le 21 % de femmes présentes dans les Comex et codir des entreprises du SBF 120 en 2021. Toujours en 2021, plus de 8 femmes sur 10 déclarent avoir déjà subi des actes sexistes.
L’entreprise est donc un lieu de sexisme mais peut rester aussi source de sexisme, essentiellement par les images qu’elle diffuse, à commencer par ses communications externes : Certes, le concept de « ménagère de moins de 50 ans » a été enterré en 2014 mais l’image véhiculée par certaines entreprises pour promouvoir leurs produits / services font débat. Les spots publicitaires véhiculent une image plus égalitaire de la place de la femme et de l’homme dans la société : Les papas cuisinent aussi, madame conduit aussi une auto rapide, mais les clichés ont la vie dure : la glace sera mieux vendue si elle est voluptueusement sucée par une « jolie » femme et si le corps de madame tout le monde est mis en valeur pour vendre sous-vêtements et (certains) produits de beauté, il n’en est pas de même du corps de l’homme qui reste souvent idéalisé.
L’entreprise, pourtant pionnière d’une forme de lutte contre le sexisme…
Et pourtant, à l’heure où bon nombre de collectifs de femmes se crée ou se consolide pour faire valoir la voix de personnes trop peu reconnues, dans le monde de la musique, du spectacle, du sport, il est opportun de rappeler que les premiers collectifs anti-sexistes des années 2000 sont nés… dans l’entreprise ! Women@HP aurait vu le jour en 2006 aux Etats-Unis et s’est propagé dans bon nombre de divisions, y compris les divisions françaises, Sage, Société Générale, … Autant d’entreprises, parmi d’autres, qui ont accepté et soutenu la création d’un groupe de femmes pour leur permettre d’échanger – souvent entre midi et deux, une fois par mois – sur les manières de mieux gérer leur carrière et de surmonter le fameux plafond de verre. Certes, les résultats n’ont pas toujours été à hauteur des attentes mais nous pouvons saluer ces femmes cadres pionnières et leurs soutiens masculins, qui sont parvenus à initier le débat bien avant les #meTOO ou la loi du 4 août 2014 dites d’égalité réelle entre les femmes et les hommes !
>>>>> Pour en savoir plus sur le statut des femmes en entreprise, retrouvez le parcours de la combattante ou parcours de la win ! « Biais culturels, plafond de verre, autocensure, inégalités salariales, VSS… : si les obstacles à la carrière des femmes en entreprises en 2021 restent encore une réalité, ils ne sont pas pour autant une fatalité. Bien au contraire ! La preuve avec le parcours d’Emma. Cette jeune femme de talent, ça pourrait être vous ! De l’école au top management, suivez son chemin vers l’empowerment. Un chemin pavé de rencontres, de mentors, d’accrocs, de stéréotypes de genre, de batailles, de sororité, de pugnacité, de réflexions, d’actions, de négociations, d’équilibres, de luttes, de bienveillance, d’aisance, d’excellence… Un parcours initiatique riche en conseils et en inspirations. OK Emma, comment devenir PDG du CAC 40 ? Suivez le guide ! »
L’entreprise, plutôt suiveur dans la lutte contre le sexisme ?
Si on en croit les propos tenus dans les tables rondes sur le sexisme en entreprise et sur la place de la femme dans l’économie, la conclusion est plausible : Sans quotas, les femmes seraient sans doute moins nombreuses dans les conseils d’administration, l’index de l’égalité professionnelle en entreprises invite ces dernières à réellement prendre le temps pour analyser leurs données internes et à publier leurs résultats… donc, autrement dit, à améliorer les choses. Les médias invitent à changer la société, certaines entreprises répondent par la valorisation de métiers masculins ouverts aux femmes en oubliant par ailleurs de valoriser les métiers de femmes auprès des hommes…
Il appartient à tous les femmes cadres d’entreprises d’agir contre le sexisme !
C’est oublier que, au-delà d’une structure juridique, l’entreprise est avant tout composée d’hommes et (peut-être un peu moins) de femmes qui y réalisent, avec plus ou moins de pouvoir, leur ambition. Il appartient donc à eux d’être intrapreneurs et certains ne s’en privent pas : De la création d’un réseau de clientes entrepreneurs pour mieux développer leur activité au collectif #StOpE qui regroupe 110 entreprises signataires, ces initiatives sont le fruit de personnes, femmes comme hommes. L’entreprise est désormais considérée comme un lieu de prise d’initiative en toute autonomie. A chacun d’eux de l’utiliser à bon escient !
Auteure :
Séverine LE LOARNE – LEMAIRE, professeur à Grenoble Ecole de Management et Titulaire de la Chaire Femmes et Renouveau Economique qui œuvre pour une meilleure compréhension de l’inclusion des femmes, en particulier les femmes issues de minorités sociales, au sein de l’économie. A cette fin, elle anime un très grand nombre de conférences et mène des recherches actions sur la lutte contre le sexisme et l’entrepreneuriat féminin dans 8 pays, y compris la France.
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